Depuis l'étincellant Some Kind Of Cadwallader (2008) des biens nommés Algernon Cadwallader jusqu'à l'incandescent More Songs (2010) de Grown Ups, l'emo post-Cap'N'Jazz (post-Kinsella ?), n'a jamais été aussi bien assimilé et réapproprié. Je dis bien "réapproprié" car chez les Snowing, les Street Smart Cyclist ou les Native, il y a définitivement quelque chose de singulier, qui s'apparente à cet instinct juvénile consistant à nouer autour de la musique d'inaltérables liens d'amitié tissés d'une fibre grisante et fédératrice. Parmi ces albums remarquables, car finalement habités d'une âme propre, il ne fallait pas oublier celui de Hightide Hotel, qui peu de temps avant la sortie de cet excellent Nothing Was Missing, Except Me, faisait déjà forte impression sur un format plus court (Porch Luck EP) et un split avec By Surprise.
Sur ce premier album, Hightide Hotel apparait comme le groupe le plus direct et immédiat de toute cette frange américaine abonnée aux arpèges et aux tubes directement reliés au coefficient UV du jour. Leur côté punky et quasi-arraché, semble littéralement nous exploser entre les doigts, comme une improbable nuée de feux d'artifices. A la fois très courts et denses dans la façon d'agencer et de construitre, les morceaux fusent comme portés à bout de bras par un sillon mélodique continu et écorché d'un dynamisme exaltant. La production de Joe Reinhart (Algernon Cadwallader) y est sans aucun doute pour quelque chose tant on retrouve chez Hightide Hotel cet aspect joué live-dans-ton-salon, qui communique - en particuliers aux chants - cette sincérité et cette proximité qui n'en démordent à aucun instant.
Il n'y a pas de coups de moins bien sur Nothing Was Missing, Except Me. Hightide Hotel refond son moule à chacune de ses avancées avec une concision folle et ce désir palpable de prendre du plaisir avant toute chose. En utilisant les guitares folk de leur très beau Secret Something EP ("She Dreams Of Melting Rock"), les virages punk rock sauvages ("I'm Just Sippin' On Monster, Thinkin' About Life") et mêmes les longues virées semi-instrumentales habilement composées ("Sometimes What Ends Doesn't"), Hightide Hotel a forgé un premier disque de grande classe à la charge émotionnelle florissante, dont la photo choisie pour la pochette me remémore inévitablement celle du Bleed American de Jimmy Eat World, un album qui est sorti il y a - aujourd'hui et déjà - 10 ans. "Ten years and you're back again" (Benton Falls - "Always Behind A Smile").
Album en écoute et en commande sur Bandcamp.