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Biographie

Lancé en 2012, Hellébore est un one man band plutôt obscur se tournant vers un Black Metal Atmosphérique lo-fi. Venu du Québec, Hellébore publie une première démo en 2012 puis un album, Anouof Thwo, l'année suivante. Celui-ci est globalement salué par la critique lors de sa sortie. Un split avec Organisation Calvaire parait en 2016 suivit du second album, Rencontre Rapprochée Du Cinquième Type fin 2017.

Table Rase (split avec Organisation Calvaire) ( 2016 )

Canada et France, deux nations bien connues pour leurs prédispositions respectives en matière de Black Metal. A l'occasion de ce split, Hellébore et Organisation Calvaire ont saisi l'opportunité de rassembler ces deux scènes différentes mais riches, autour d'un duo de projets déjà farouchement singuliers et intéressants pris seul à seul. 

On connaissait Hellébore pour son bedroom Black Metal spatial et ses mélodies aériennes prêtes à transporter au delà de la stratosphère. Sur Table Rase, pas de changement majeur pour le Québécois qui officie à nouveau dans des ambiances qui lui sont familières. Viendront De Douces Pluies aura même tendance à se focaliser cette fois sur des ambiances plus teintées Post-Rock et Ambient que véritablement Black Metal. Entièrement instrumentale, cette première piste du split a le mérite d'immerger doucement son auditeur dans des sonorités électroniques entrecoupées par la batterie, avant de laisser place à la six-cordes. On retiendra de ces douze minutes une atmosphère cotonneuse, toujours tournée vers le ciel et agréable même, mais malheureusement il est difficile d'en retenir un passage marquant. Peut-être est-ce dû à cette production qui mise beaucoup sur une reverb noyant les instruments, au détriment de leur jeu. Il faudra tendre l'oreille sur les dernières minutes pour entendre un lead de guitare un peu trop en retrait qui semble être le climax de cette composition. 

De son côté, le one man band nantais s'envole dans une toute autre direction. Le Dernier Hiver ne laissera pas indifférent (que l'on aime ou non), et pour cause sa construction dynamique enchaînant plusieurs plans et rythmiques de manière assez fréquente chasse d'office toute forme d'ennui ou de monotonie. Tout en conservant son identité, Organisation Calvaire pourra faire penser à Peste Noire pour certains riffs, ou bien à Glaciation et Alcest quand surgit le chant clair. Car oui, le Français trempe de la voix claire (et francophone) plutôt bien menée et haut perchée dans un Black Metal malgré tout speed et énervé avant de laisser place à un mid-tempo mélodique sur la deuxième moitié du morceau. On se prendra facilement à chanter le refrain assez entêtant et à savourer les montagnes russes des premières minutes oscillant entre agressivité et harmonie. Un pari osé, mais plutôt réussi dans son ensemble. Organisation Calvaire n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai question expérimentations (en témoigne son premier ep), mais ce titre élargit encore un peu plus le champ d'action de son géniteur.

Table Rase porte bien son nom puisque nos deux musiciens saisissent cette chance de sortir de leurs discographies respectives pour tenter de nouvelles choses chacun de leur côté. On ne peut pas réellement parler de split homogène tant les deux formations sont éloignées mais il est certain qu'il mérite au moins un passage sur le grill pour tous les amateurs de Black Metal, Post Black Metal et autres.

16 / 20
1 commentaire (10/20).
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Anouof Thwo ( 2013 )

Hellébore fait partie de ces curiosités réjouissantes qui auraient sans doute eu peu de chances de parvenir jusqu'à nos oreilles sans l'aide de nos télécrans du XXIe siècle. C'est un projet pour le moins confidentiel et il est difficile d'en apprendre beaucoup sur ce one man band et son tirage limité à cent copies physiques. Anouof Thwo a pourtant fait couler pas mal d'encre chez nos confrères étrangers et a réussi à nous filer entre les doigts pendant quelques temps. Mea culpa.

Il faut dire que les thématiques abordées par le one man band Québécois ont de quoi mettre la puce à l'oreille aux fidèles du Black Metal Atmosphérique / Ambient. Bien sûr, c'est à Darkspace que l'on songe en premier en matière de Black Metal cosmique et il serait dommage de se priver d'une nouvelle sortie un peu plus près des étoiles. Mais alors que les Suisses ont misé sur un climat anxiogène, étouffant, Hellébore établit une atmosphère plus clémente et respirable. Les cinq pistes d'Anouof Thwo bénéficient d'un climat onirique, agrémenté de grandes poussées mélodiques, suggérant de fulgurantes ascencions (Aootw amorce ainsi une sorte de décollage par son vif tempo et ses riffs harmonieux). Jamais trop complexes ni obscurcis par une production trop raw, les titres transportent  malgré un certain minimalisme, et justifient complètement leur longueur. Les riffs se construisent, se calment, se retrouvent surenchéris pour n'en ressortir que plus grands sans laisser de place à l'ennui.

Très instrumental, l'ouvrage mène à une certaine introspection par son contenu riche en séquences musicales prenantes. Le recours à des claviers légèrement old school crée notamment un cadre où l'étrange se joint à un sentiment de solitude et de tristesse sous-jacente sa manifestant tout au long du disque. Faisant office d'intermède, Udrea témoigne particulièrement de cette tendance amère et quelque part vertigineuse, comme un temps de réflexion lors de cette expédition interstellaire. Sommes nous seuls ? Quand entreverra-t-on la lumière du jour ? Pourquoi explorer le néant ?

Contrairement à Darkspace, Hellébore n'est pas simplement effrayant, il est cathartique, ce qui est peut-être pire. Par ses tremolo pickings aigus, aussi beaux et puissants que destructeurs et déprimants, le projet canadien injecte une part d'humanité qui fait toute la différence. Il exprime la détresse et la fascination de l'homme face à un infini qu'il ne peut appréhender.

Anouof Thwo vous enferme dans une palette de notes enivrantes et mélancoliques. C'est un album à recommander aux férus de voyages sonores, fans de Black Metal ou non d'ailleurs, tant le trip est puissant. L'émotion délivrée au cours de ces quarante minutes transcende les genres, mène à franchir un cap où l'étiquette disparaît au profit du plaisir des sens, pour le plus grand bonheur des imaginations fertiles et de nos rêves les plus fous.