Un premier album avec son lot de morceaux à se rouler à poil sur du verre pilé loin d'être passé inaperçu nous avait fait prendre agréablement pied dans le biotope musical de Haram, quelque part entre Drive Like Jehu, Quicksand, Jawbox et Fugazi pour se la jouer "rapprochements faciles". Les américains (ex Pg. 99, ex Majority Rule, ex Hardcore Heroes quoi ! Faut il le rappeler ?) se sont adjoint les services d'un guitariste supplémentaire histoire de corser les mélodies et par la même occasion de griller la priorité à Christina Aguilera et à ses copines en pondant les futurs tubes de l'été avant l'heure.
Le désormais quintet, et il faut saluer l'initiative, est loin de s'être cantonné à ce qu'il avait déjà démontré sur son premier essai (transformé les doigts dans le nez). Drescher s'annonce comme un disque bien plus varié, moins punk dans l'os (malgré quelques morceaux vindicatifs à te défriser un Mars Volta en 2 mesures), plus rock dans le fond mais sans jamais tomber dans une quelconque facilité et en restant immédiat sur l'impact.
Haram oscille ainsi avec talent entre morceaux emo indie rock aux mélodies sorties d'une autre dimension mais pourtant évidentes ("Fever Sleep", "Mannequin" - clin d'oeil à leurs potes de Mannequin ?) et invectives post punk davantage dans la lignée de leur premier album ("Drescher Clock", le très Fugazi "Centrum", "St. Feliu"). Avec "Death Blues", Haram case même une ballade printanière à faire taper des mains les gros de Madball en rythme une larme au coin de l'oeil. Et ouais !
Parlé / fredonné, chuchoté au tympan, renforcé de back vocals, hurlé les yeux écarquillés comme à l'ancienne école, le chant revêt à l'image des guitares, tantôt claires tantôt distordues, des formes diverses et variés participant pleinement à l'aspect bigarré de Drescher, un album mature témoin d'un sens inné du mélange harmonie / énergie et d'une personnalité versatile bien assise.
"HARAM" signifie en arabe ce qui est interdit ou sacré (donc également interdit dans un certain sens). Pour le coup, ça ne nous empêchera pas une seule seconde de mordre goulûment dans Drescher sans en laisser la moindre miette. Haram confirme et surtout Haram joue désormais du Haram. Que ce soit dit !
A écouter : Toute l'ann�e