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Biographie

Hangman's Chair

Bien que ses membres jouent dans Arkangel ou encore L'Esprit du Clan, Hangman's Chair est à des années lumière du metalcore. Formé en 2005 en île de France, le groupe est la continuation logique d'Es la Guerilla, avec une approche plus doom.
Un premier disque voit le jour en 2007, effort partagé avec les compatriotes d'Eibon puisqu'il s'agit d'un split. Il sera rapidement suivi par un premier album, (A Lament For...) The Addicts, qu'on présentera simplement en se contentant de dire que beaucoup le classent parmi les meilleurs albums de stoner doom des années 2000.
Entre deux changements de line-up, un second album voit le jour en 2010, intitulé Leaving Paris. Il survient notamment après le décès de Sid-Hamed, guitariste du groupe. En 2012, le groupe sort Hope/Dope/Rope chez Bones Brigade et s'embarque pour une tournée européenne, jouant notamment en Islande, en Allemagne ou en Belgique. En 2015, la sortie de This Is Not Supposed To Be Positive est annoncée chez Music Fear Satan. En 2017, le groupe enregistre un split avec Greenmachine, les vétérans de la scène Sludge/Doom japonaise. Les deux compositions des Parisiens tendent de plus en plus vers un son Cold Wave et laissent présager Banlieue Triste.
Ce dernier, cinquième album du groupe et deuxième chez Music Fear Satan sorti en mars 2018 est l'occasion pour le groupe d'aller encore plus loin. Avec une session de plus d'un mois en studio, les musiciens ne s'interdisent rien et quittent encore plus les terres du Doom pour s'orienter encore plus du côté de Tears For Fears, Type O Negative et de ces sonorités sombres et froides, noyées dans le chorus. 

15.5 / 20
6 commentaires (18.33/20).
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A Loner ( 2022 )

Avec Banlieue Triste, Hangman’s Chair proposait une évolution dans son parcours en injectant des influences Goth et Coldwave dans sa musique. Un gap assez étonnant, que l’on peut voir à la fois comme un sommet dans leur discographie, mais aussi comme un point de rupture avec leurs précédents albums. Quant à A Loner, on va le voir, il s’inscrit dans l’enchainement logique de ce parcours (déjà initié avec l’ep Bus De Nuit en 2019) cette fois-ci portée par l’énorme force de frappe du label Nuclear Blast Records.

Disque après disque, Hangman’s Chair n’a jamais sorti tout à fait le même album. L’évolution s’est faite doucement, sans heurt, de manière cohérente et assumée pour arriver sur un impressionnant et flamboyant This Is Not Supposed To Be Positive, quitte à ne pas faire des albums de Doom comme les autres, ce qui était d’autant plus vrai avec Banlieue Triste. A vrai dire, A Loner n’a plus grand-chose de Doom si ce n’est cette sorte de brouillard lointain ou de cordon ombilical pour ne pas totalement oublier d’où vient Hangman’s Chair. Les racines Stoner / Sludge d’une quelconque musique Rock chaude et suffocante sont donc totalement effacée. Est-ce grave ? Non, car les parisiens se renouvellent d’une excellente façon quitte à embrasser de nouvelles influences et de nouveaux courants musicaux.

A Loner pourra pourtant un peu décevoir à son premier contact car il ne propose pas une évolution dans leur musique aussi importante que pouvait l’être This Is Not Supposed To Be Positive ou Banlieue Triste, mais une fois ce constat passé, ce nouvel album dévoile ses nombreuses qualités. Hangman’s Chair épouse désormais pleinement la froideur. Plus que jamais, on entend du Type O Negative (et plus du tout Eyehategod, forcément), mais à leur manière, nourri d’influences Post Punk, Cold et New Wave façon The Cure / The Sisters Of MercyA Loner est également un disque plus homogène que Banlieue Triste dans son déroulé. D’une part parce qu’on n’y trouve pas d’invités (quoiqu’il aurait été sympa de réentendre Perturbator sur un morceau, surtout vu l’orientation Cold et Post Punk entreprise avec Lustful Sacraments) et d’autre part parce que l’ensemble vise un peu moins « le tube » que des morceaux comme Naïve. Encore que, Cold&Distant, dévoilé en single et clip est assez imparable avec sa mélodie et son refrain ultra accrocheur.

C’est par son ambiance envoutante qu'A Loner captive avec ses plutôt courtes cinquante minutes et ce dès son ouverture, An Ode To Breakdown. Tout semble couler de source, de l’enchainement des morceaux bien sûr, mais même le groupe n’a jamais sembler autant « former qu’un ». De la frappe clinquante et tonitruante de Medhi, des lignes de basse glaciales (Who Wants To Die Old) des riffs ou mélodies distillées avec soin et justesse, jusque dans le chant toujours aussi vecteur d’émotion de Cédric, A Loner résonne d’une alchimie rare et touchante. Hangman’s Chair témoigne encore une fois d’un savoir-faire dans la manière de composer et d’écrire de (très) bons morceaux. Les arpèges sont de sorties et les riffs se feront plus discrets, mais les mélodies de morceaux comme Loner (petit tube en puissance également) ou Storm Resounds sauront se faire une place dans votre cerveau. La lourdeur n’est jamais loin comme sur Who Wants To Die (la fin) ou le milieu de Supreme. Notons également le très bel instrumental Pariah And The Plague, mais surtout l’incroyable titre de fin, A Thousand Miles Away qui est un peu l’équivalent du magnifique Full Ashtray sur Banlieue Triste de par sa manière de conjuguer la mélancolie des arpèges, la lourdeur déprimante des riffs et la batterie et les envolées lyriques de Cédric. Sans nul doute le meilleur morceau de l’album. 

Les comparaisons avec leur précédent album auront été nombreuses, mais nécessaires. Effectivement A Loner est peut-être un peu moins immédiat et surprenant, mais sa principale force réside dans son ambiance et sa beauté froide et implacable. Dans sa tristesse latente aussi, dans cette forme de retenue et de pudeur que peu de groupes savent mettre en œuvre. La preuve, encore une fois, que le parcours d'Hangman’s Chair est formidable et plus que respectable.

15 / 20
4 commentaires (15.63/20).
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Bus De Nuit ( 2019 )

Le succès d'Hangman's Chair a quelque chose de tout aussi logique que de rassurant. Un groupe qui se permet de voyager entre plusieurs genres (Sludge, Grunge, Goth) avec aisance en y intégrant une personnalité bien affirmée, n'aurait pas pu passer inaperçu trop longtemps. Le secret le mieux gardé de l'Île-de-France s'est donc échappé depuis quelques années pour notre plus grand bonheur. Une success story relative tout de même puisque, à peine un an après Banlieue TristeBus De Nuit vient nous rappeler que la déprime et le pessimisme ne sont pas prêts de les lâcher. 

Entre Banlieue Triste et Bus De Nuit, la relation est logique. La première nous attend, impassible et imposante au loin, tandis que le deuxième nous y ramène, dans un état plus ou moins second. Prenez le remix de Negative Male Child par exemple, ce trip sous valium de la version originale pourtant déjà bien plombée qui nage quelque part entre lumière et ombre, comme l'album en fin de compte. Et puis il y a ces trois morceaux originaux qui confirment, encore et encore, inlassablement, le talent de ces musiciens. L'immédiateté de Sleeping On The Ground et de son riff entêtant qui fait penser à un autre morceau paru sur le split avec Greenmachine, Can't Talk, nous rappelle à tous que les recettes les plus simples sont souvent les meilleures. Le chant de Cédric, dont la qualité n'a fait que s'étoffer avec le temps, mène la barque sur ce Minuit, penchant déviant d'un tube à qui l'on aurait refusé son destin de Naive ou de 04/09/16 sous les coups de bistouris d'une machine folle. Enfin, il y a Lost Brothel, peut être le morceau ressemblant le plus à ce que nous sommes habitués à entendre chez les Franciliens, un mélange de Rock 90's qui aurait bien trop écouté Acid Bath, Type O Negative et Failure

Depuis 2012 et la sortie de Hope/Dope/Rope, Hangman's Chair n'a fait aucune erreur et Bus De Nuit est, une fois encore, un nouveau pas en avant. Plus timide peut être, vu le bond que représente encore Banlieue Triste, mais tout de même. Il faut d'ailleurs saluer le fait que le groupe n'hésite pas à sortir certains de ces meilleurs morceaux sur des eps ou des faces b, à la manière d'un Oasis au final. La grande classe pour ce « biggest french rock band of all time », à lire avec l'accent français qui va bien, évidemment. 

PS : le groupe a également sorti un autre morceau en cette période de confinement, Void, que vous pouvez écouter ici

17 / 20
28 commentaires (17.48/20).
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Banlieue Triste ( 2018 )

"L'homme a échappé à sa tête comme le condamné à la prison. Il a trouvé au-delà de lui-même non Dieu qui est la prohibition du crime, mais un être qui ignore la prohibition.  (…) Je me retrouve étant lui, c'est-à-dire monstre." C'est sur ces mots de la conjuration sacrée de George Bataille que se termine le nouvel album d'Hangman's ChairBanlieue Triste

Hangman's Chair, dont la musique n'a jamais été aussi monstrueuse justement, nous offre aujourd'hui ce qui ressemble bien à leur chef-d'œuvre. Même en étant connaisseur du groupe depuis le premier album, j'ai le sentiment de véritablement le découvrir en écoutant celui-ci. Comme un peu pour tout, les œuvres, les personnes, les moments qui comptent et qui restent se comptent toujours sur les doigts d'une main. Cet album est incontestablement de ceux-là. Mais qu'est-ce qui le rend différent et à part, quand tout semblait avoir été dit sur les derniers albums ?

Ce qui le rend différent justement, c'est qu'il ne cherche pas spécialement à offrir quelque chose de nouveau. Il le fait pourtant au demeurant, avec l'incorporation notamment de nappes Electro du plus bel effet via une collaboration avec Perturbator. Mais de façon assez douce, sans dénaturer en rien l'identité du groupe. Les parisiens font du Hangman's Chair avec toujours Francis Caste aux manettes pour le son, ce qui fonctionne toujours parfaitement (bordel de merde, ce batteur... au son et au jeu identifiable entre mille. Il suffit d'écouter). La longueur des morceaux, les ambiances, le son des guitares, aucun grand changement à signaler. Hangman's Chair fait du Hangman's Chair donc.  

Quoi de neuf alors ? Pourquoi cet emballement ?  

Précisément parce que la musique du groupe n'a jamais été aussi épurée, aussi proche de son essence. Le groupe fait ce qu'il sait faire, à sa manière, mais en dix fois mieux. Il se contente d'être. Et c'est là qu'il n'a jamais été aussi bon.  Un exemple : sur le quatrième morceau, Touch The Razor, le groupe se paye le luxe de faire monter la sauce avec un arpège de trois notes pendant... allez quoi, quatre bonnes minutes.Trois notes, quatre minutes. Quatre putain de minutes avec la gorge qui se resserre jusqu'au plus beau final de l'album. Ils l'avaient déjà fait sur Leaving Paris me direz-vous. Oui, mais avec un arpège de guitare seul, pas avec cette batterie reconnaissable entre mille pour ponctuer et transcender les accords, d'une façon qui me fait dire qu'on tient là un des meilleurs tandem guitare / batterie de toute la scène Rock actuelle. Les pistes instrumentales sont également magnifiques : Tara restera bloqué dans votre tête pour la journée à coup sûr, de même que la mélodie de Negative Born Child. L'album est monstrueux et beau à la fois. Il s'en dégage une ambiance vraiment dérangeante, et pourtant très lumineuse. Une œuvre insaisissable et fascinante. Un chef-d'œuvre. Leur chef-d'œuvre. 

Pour conclure, on pourrait citer un nouvel extrait de la conjuration sacrée, dont est extrait le sample qui conclut l'album : "La vie a toujours lieu dans un tumulte sans cohésion apparente, mais elle ne trouve sa grandeur et sa réalité que dans l'extase et l'amour extatique. Celui qui tient à ignorer ou à méconnaître l'extase, est un être incomplet dont la pensée est réduite à l'analyse." En le relisant, j'ai réalisé qu'avec cet album, Hangman's Chair nous offrait une expérience d'extase pure. En bref : un émerveillement, j'espère qu'il en sera de même pour vous.

17 / 20
18 commentaires (16.75/20).
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This Is Not Supposed To Be Positive ( 2015 )

S'imposer comme des patrons. Voilà le dernier album d'Hangman's Chair résumé en quatre mots. Cela fait déjà de nombreuses années que le groupe traîne ses guêtres au sein de la scène Stoner/Doom hexagonale et les habitants de notre pays avaient dû apprendre à compter sur les Parisiens lorsqu’il s'agissait de fournir une musique sombre, lourde et mélodique. Oui mais voilà, avec This Is Not Supposed To Be Positive, le groupe passe de l'entreprise locale à la multinationale en livrant un des meilleurs disques de l'année, tout style confondu. 

La métamorphose était pourtant annoncée sur Hope//Dope//Rope qui montrait déjà des signes de cette volonté d'élever la science du riff plus haut, plus loin. Dès les premières secondes de « Dripping Low », on est transporté par Charon, désertant le Styx, direction le nouveau royaume des enfers où mélancolie, beauté, lourdeur et puissance se conjuguent. Loin des formations, comme Electric Wizard par exemple, qui jouent sur le second degré de leurs atmosphères, Hangman's Chair racontent leurs vies, leurs épreuves et se rapprochent de l'auditeur. Rarement il nous aura été possible d'entendre une production si lourde et pourtant si claire, riche et dynamique, offrant un sentiment de vitalité bienvenu aux compositions.

Autant l'avouer de suite, Hangman's Chair livre un disque varié, logique et inspiré. On passe par tous les états à l'écoute de This Is Not Supposed To Be Positive et le groupe a semble-t-il pioché à droite et à gauche afin de trouver son propre style, mélange de Stoner, Doom et Hardcore proche de Corrosion Of Conformity le tout surmonté d'une dose de Grunge (pensez Alice In Chains) afin de parfaire une recette magique. Tour à tour mélancolique (« Dripping Low »), plus heavy que jamais «(« Cut Up Kids), ou mélodique (« Flashback »), on est confronté à une avalanche de riffs, d'arrangements et de structures musicales que peu de musiciens ont su proposer auparavant à un tel niveau de perfection et de maîtrise. Le plus surprenant étant que nous pourrions remplacer chaque piste citées précédemment, cela ne changerait rien. Le groupe réussit à être logique au sein de son disque mais surtout au sein des compositions, ne proposant jamais un seul titre reposant sur le même riff de bout en bout. La carte de la répétition bête et méchante, sans aucune inspiration, très peu pour nos intéressés. Plein de détresse, de puissance et de désespoir, Cédric réussit à magnifier le tableau en livrant une performance que l'on s'accordera à définir comme excellente, au bas mot. Proche  de Pallbearer à ce niveau, sa voix claire permet d'illuminer l'ensemble de l'album sans perdre la hargne qui le caractérise pour autant.

Des patrons. Hangman's Chair c'est avant tout cela, des mecs qui ont toujours su aller de l'avant, continuer, s'acharner et difficile aujourd'hui de ne pas leur donner raison quand on écoute ce This Is Not Supposed To Be Positive, déjà considéré comme le disque le plus important de leur carrière par beaucoup. Un engouement mérité à la vue des nombreuses qualités qui le composent : varié, maîtrisé, sombre et beau, c'est un tour de force qui nous accompagnera pour longtemps. On espère simplement que la critique française ne sera pas la seule à l'admettre. 

A écouter : Plusieurs fois, tout le temps.