« Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire » disait Paul Claudel. De cette maxime, Hammock s'en empare pleinement, et comme la lumière au bout du tunnel, la suit à travers la masse nébuleuse, jusqu'au firmament menant au repos éternel.
Oblivion Hymns débute sur une fin... qui n'est que le commencement d'une autre étape. Une ascension vers des cieux plus cléments (My Mind Was A Fog) suivie d'une montée grandiose, incandescente (...My Heart Became A Bomb) jusqu'à se brûler les ailes et où les cordes nous ont déjà déchiré l'âme. Saint Pierre nous ouvre ses portes. Les anges nous accueillent dans leur sanctuaire par un langage que l'on ne perçoit pas. On y découvre une vaste étendue malgré tout rassurante, purgée de toute notion malfaisante. Sa lumière nous éclaire, nous rend meilleur pour l'éternité. Ainsi se créent les instants suspendus, les moments de contemplation béate pour qu'on ne fasse qu'un avec l'univers (Like A Valley With No Echo), irradiés d'une chaleur réconfortante telle une sensation de pureté et de bien-être à la fois. On y découvre alors un horizon blanc à perte de vue, de rares mélopées d'un au-delà évanescent et cet environnement éblouissant en devient de plus en plus saisissant.
Avec Oblivion Hymns, Hammock tapisse les cieux d'un Ambient organique, sublime. comme hors du temps. Les minutes s'égrainent sans qu'on en prenne conscience. L'ailleurs comme leitmotiv (Holding Your Abscence), la volupté comme son essence (In The Middle Of This Nowhere) , le duo capture les instants de climax (I Could Hear The Water At The Edge Of All Things avec des chants célestes) car les notes demeurent malgré tout aussi importantes que les silences. Les tissages de soie se mêlent aux ambiances hantées où les progressions se font sous la protection de gracieux mouvements d'ailes des séraphins dont on reconnaît les visages familiers d'Eluvium, Olafur Arnalds ou Nils Frahm. De sa beauté majestueuse, Oblivion Hymns sait faire venir les larmes comme il apprend à réconforter. Il personnifie cette dualité selon l'état d'esprit de son auditeur avant un final d'apaisement extraordinaire (Tres Dominé).
Hammock, en parfait alchimiste divin, engendre le firmament en musique et lui donne un nom : Oblivion Hymns. Un disque d'un éclat rare et sans pareil, qu'il faut impérativement écouter. Pour garder espoir. Pour se sentir vivant.