Hail Spirit Noir
Rock Psyché & Black Metal

Pneuma
1.Mountain of Horror
2.Let Your Devil Come Inside
3.Against the Curse, We Dream
4.When All Is Black
5.Into the Gates of Time
6.Haire Pneuma Skoteino
Chronique
Pour résumer Hail Spirit Noir en peu de mots, il faudrait imaginer ce que donnerait Iron Butterfly s’ils avaient eu pour voisins de studio Satyricon, ou si le Opeth d’Heritage s’était échoué sur des terres blackisantes.
Hail Spirit Noir demeure avant tout un groupe de Rock, pas de trémolos écorcheurs à outrance donc, mais plutôt une ambiance occulte née de la fusion de la musique de sorcière 70’s et d’accords bien connus en dessous des 0° Celsius. Pour continuer d’équilibrer la balance, le chant de Theoharis évoque le mysticisme du grand Nord tandis que fusent ici et là les synthés Psyché/Prog. Un jeu de funambule constant qui n’aboutit pas à un collage hasardeux fort heureusement, mais livre plutôt des titres surprenants aux premières écoutes, pour devenir petit à petit des airs fermement ancrés dans les esprits. Mountain Of Horror dans le genre sort un riff introductif à première vue qui n’a l’air de rien, mais quelques écoutes suffiront à faire revenir vers cette marche dans un désert infernal.
Cette première œuvre des Grecs est biscornue, protéiforme, en ce sens que les étiquettes semblent avoir bien peu d’importance aux yeux du trio. Tout est prétexte à filer vers des sonorités exotiques, ici une embardée acoustique (When All Is Black, Let Your Devil Come Inside), là un solo entre Hard et Desert Rock avant un chant proche du mantra sur l’incroyable Into The Gates Of Time. Et malgré des allers-retours ambitieux entre les styles, Hail Spirit Noir se paye le luxe d’être accessible, et même plutôt immédiat sur Haire Pneuma Skoteino, qui sonne comme un hymne de fosse aux poings tendus lors du refrain. Complexe et surtout générateur d’images mentales inédites, Pneuma est à écouter au moins pour son ambiance résolument unique.
Et si le voyage est assez court (37 minutes, dont 4 pour une chorale de grillons…) Hail Spirit Noir donne le sentiment de nous trimbaler dans un Eden revisité par Lewis Caroll, ou un Enfer conté par Jefferson Airplane.
Avec son Rock/Black Metal perché aux schémas bizarroïdes, le groupe donne vie à des couleurs hallucinées, à la manière d’un Oranssi Pazuzu ou d’un Solefald qui superposent les filtres de teintes chaudes sur un fond noir. Si l’on pouvait craindre un coup de génie éphémère, le temps aura eu raison de ces peurs, proposant peu de temps après un Oi Magoi et un Mayhem In Blue tous deux aussi déroutants et personnels que leur aîné.