Pourquoi causer de Nightmares alors même que Guilty Faces sort la même année Domestic Bliss, son premier et pour l'heure unique véritable album? Pour la simple raison que ces quelques compos contiennent en germe tout ce qui fait la substance de son successeur. En plus imprécis peut être mais aussi plus frais, même si la recette ne date pas d'hier.
Trois titres, même pas huit minutes de son mais tout est là. Pour son premier jet Guilty Faces fait dans le classique, dans le solide, avec à son service la fougue et la passion. Le quatuor a grandi dans la décennie suivante mais sa musique est restée bloquée à un autre temps. A l'époque d'un Punk Rock urgent au son cru, débordant d'énergie et de mélodies punchy, qui n'avait pas encore piqué les riffs de Slayer. Fraicheur intacte, insouciance juvénile, mutinerie prennent ici le pas sur l'évidence de références dont la liste longue comme le bras voit son épicentre se caser quelque part entre Adolescents, The Germs et Husker Dü. Guilty Faces n'en atteint pas forcément le génie mais fait clairement partie des formations qui font plus que rendre un hommage vampirique aussi poussif qu'exagérément respectueux. En fin de compte cette affaire qui sent l'arrache, faite mélodies miraculeuses de simplicité, d'ambiances de planches fracassées et de grips fusillés est l'évidence même.
On ne va pas épiloguer trente ans pour une sortie aussi courte mais si vous en avez ras le bol des wagons de groupes plus appliqués qu'impliqués et cherchez un peu sueur, de sincérité et de simplicité, celui-ci est fait pour vous. Déjà à moitié rangé au placard au bénéfice (temporaire) de Stiff Flesh, formation 200% garage punk fast & lo-fi qui devrait donner à réfléchir à un Lyxzén aujourd'hui un peu perdu dans son revival (AC4 mis à part), Guilty Faces fait tout simplement du bien. Le 7" est toujours dispo, Deranged Records propose le LP, fait du même bois, à un prix attractif... je vous laisse donc seuls face à votre conscience et votre portefeuille.
A écouter : Oui.