Great Falls
Noise-Hardcore /Sludge

Objects Without Pain
01. Dragged Home Alive
02. Trap Feeding
03. Born As An Argument
04. Old Words Worn Thin
05. Spill Into The Aisle
06. Ceilings Inch Closer
07. The Starveling
08. Thrown Against The Waves
Chronique
Des bruits de rue, la circulation, une portière qui claque et le silence se fait. Le temps de l'album, nous accompagnons notre protagoniste dans ce milieu confiné, où l'angoisse et la colère contribueront au sentiment étouffant qui ne nous lâchera pas durant tout notre voyage.
Si vous ne connaissez pas ce groupe et que vous êtes d'un naturel curieux, arrêtez tout de suite cette lecture et lancez le premier titre. Petit bijou de composition, cette piste envoie au tapis tous les wannabe Neurosis et constitue en quelque sorte un éventail de ce qui vous attend dans ce pavé de 54 minutes. "There is no escape, this is no mistake" C'est après quelques vociférations de Demian Johnston sur une guitare solennelle que ces mots sont répétés en boucle, chuchotés par une voix féminine le temps d'une intro qui fait doucement mais sûrement monter la pression. La première patate dans la tronche arrive sans crier gare, la basse galopante de Shane Mehling et la virtuosité de Nickolis Parks à la batterie qui ne ferait pas rougir un Casey Hansen de Cult Leader nous fait rapidement comprendre qu'ici, on est pas là pour déconner.
Le déferlement de violence s'effectue alors et fonctionne admirablement bien pour peu que l'on aime être enterré dans le sable à coup de poing et de talon. Les riffs s'enchainent avec perfection et s'ils ne sont pas tout le temps les riffs les plus originaux que l'on ai entendu, leur arrangement et l'intention qui les poussent nous en donnent pourtant l'impression (et grâce à cette batterie !). Vous l'aurez compris, Great Falls n'a pas fait un album avec lequel vous allez faire découvrir le Metal à quelqu'un. C'est un album dense et violent pour auditeur averti, à qui il faudra quand même quelques écoutes pour en cerner la finesse.
Mais au delà de la violence "bête et méchante", il ne faut surtout pas sous estimer la grande sensibilité du groupe. Déjà le chant, hurlé, vacillant, à la fois agressif et fragile, mais surtout ce qu'il évoque. "It can hurt, being happy. Why did we let it happen ?" Titre après titre, les paroles nous narrent les tourments d'une personne incapable de contempler le bonheur lorsqu'il est devant lui sans se rendre malade à l'idée de pouvoir tout perdre. Ou d'être torturé entre le choix d'arrêter et de retrouver une liberté qui n'est peut-être qu'illusoire, plutôt que de devenir un réceptacle de tristesse chacun l'un pour l'autre ("sad shelters"). Une tristesse profonde donc, même suintante, qui donne une impression d'une musique malade, qui se blesse elle-même.
Et ce dernier morceau, Thrown Against The Waves, ce riff répété, cette froide conscience du désastre, en anticipation fébrile et perpétuelle, à peine soutenue par un rythme instable et détraqué par l'angoisse : quelle admirable façon de clore un album avec autant d'intensité.