Depuis les trois interprétations psychédéliques de 2005, Grails n'a cessé de développer un son aux confins de l'imaginaire, toujours auréolé d'une aura mystérieuse, souvent mystique, qui rappelle aux bons souvenirs des atmosphères enfumées des années 60 et 70.
2008 est, en ce sens, une année faste pour le groupe avec la sortie, coup sur coup, de deux albums qui plongent et s'élèvent dans des ambiances tour à tour troubles ou lumineuses, avec pour seul repère la volonté de se fondre dans les dédales d'un esprit insaisissable et embrumé.
Doomsdayer's Holiday débute sur un cri horrifié, les guitares crissent, se mélangent dans le brouillard sur fond de lourdes percussions et d'une cavalcade folle. Fait d'hallucinations, tant visuelles (voir l'artwork de séries B) que sonores (plages fantômatiques, The Natural Man ou Immediate Mate), l'album accompagne ce voyage vers le plus sombre au coeur d'un temple perdu où semblent résonner les délires embrumés d'anciens rituels oubliés. Les instrumentations denses, faites de guitares aux multiples effets, violons, orgues, sitar laissent planer un réel parfum psychédélique qui n'émane pas tant des éclairs instrumentaux qui parsèment le disque que d'une impression globale d'avoir affaire à un ensemble homogène et parfaitement maîtrisé dans sa composition.
En se constituant un son toujours plus ancré dans les décennies passées (Acid Rain n'est-il pas le morceau que Pink Floyd jouerait à notre époque?) mais chaque fois renouvelé et poussé dans ses retranchements, Grails accentue le côté orientalisant de sa musique mais prend ici le contrepied de l'ascension que constituait Take Refuge in Clean Living qui venait à culminer sur l'orgue religieusement serein de Take Refuge. Doomsdayer's Holiday est fait d'angoisses (Predestination Blues) et baigne dans un climat obscur, presque torturé, renforcé tout du long par les percussions d'Emil Amos (maintenant également batteur de OM) et les effets inquiétants dont s'ornent les guitares, jusqu'à déboucher sur les deux majestueuses pièces finales: X-Contaminators et Acid Rain, apogées d'un son, d'une personnalité (re)constituée.
Même s'il reste difficile de parler de Doomsdayer's Holiday sans le mettre en écho avec son prédécesseur par sa visée, son déroulement et ses ambiances, ces deux travaux représentent ce que le groupe, stakhanoviste de la guitare, fait de plus efficace, de plus inspiré et réussi. Et aussi, disons-le, de mieux dans le genre.
A écouter : ... psych�