Signature chez Revelation Records, enregistrement au Funeral Home, et dirigé par Kevin Ratterman himself. Voilà un casting pour le moins appréciable, souvenir d’une époque révolue, où ‘avant-garde’ était le mot d’ordre. Le 06 juin, Voices Travel marquera un retour aux sources d’une scène à bout de souffle.
Une charte graphique sombre, une architecture imposante, une police solennelle, pour un livret évocateur d’une année : 2000. Alors se tournent quelques pages, puis apparaît alors : ‘Photography and Art Direction by Christopher Higdon’. Information qui vient compléter le casting ; Chris Higdon (Elliott), auteur de l’artwork de False Cathedrals (2000). Un premier rapprochement qui finit d’aiguiller le lecteur sur la musique pratiquée par Gracer, à savoir un rock émotionnel très largement inspiré de leurs parrains. Une luminance des arpèges conférant un côté céleste aux mélodies, des guitares souvent dédoublées, réverbérées, et saturées dans les coups d’éclat. Un aspect renforcé par cette adjonction d’un piano à maintes reprises ("Waiting for Departures", "Hands", "Nowhere"), mais aussi par la programmation de Justin Williams ("Esperanza","One Thousand Souls", "Be Still"). Enfin, la voix de Ryan Mahon n’est pas étrangère à cette ambiance ; dédoublée elle aussi, très douce, voire trop douce et qui peut manquer de cette hargne dont faisait montre Higdon. Mahon lui préfère la carte de la retenue, avec ce timbre légèrement voilé, pas si éloigné de celui de Jonathan Bunch (Sense Field). Une autre formation dont on sent l’influence sous-jacente, notamment sur "One Thousand Souls" et sa ligne acoustique.
Une musique envoûtante, de toute beauté, mais finalement très peu personnelle. Les influences restent trop marquées, Sense Field, Sunny Day Real Estate et surtout Elliott. La participation de Ratterman y est pour beaucoup, comme ce fût le cas pour Drum:kan. L’exemple le plus parlant étant ce jeu de batterie, si propre au producteur, que l’on retrouve tout au long de Voices Travel. "Hold on" à rapprocher de "Speed of Film" (False Cathedrals), avec une fin en apothéose digne de Song in the Air , "Be Still" de "Drag Like Pull" (Song in the Air) et "Fires We Set" de "Drive on to Me" (False Cathedrals).
Gracer peut se targuer d’avoir livré avec Voices Travel un premier effort réussi, bien qu’encore trop influencé par ses aînés. Passer outre devrait vous emplir de nostalgie, et combler ainsi ce vide laissé par Elliott.
A écouter : Hold On; One Thousand Souls; Be Still; Hands; Nowhere