Biographie

Gone Is Gone

Gone Is Gone est un groupe fondé avec des musiciens de Mastodon (Troy Sanders / chant), Queens Of The Stone Age (Troy Van Leeuwen / guitare), At The Drive-In (Tony Hajjar / batterie), et Mike Zarin au clavier. Ils sortent un premier effort en 2016 via un EP éponyme, puis début 2017 sort le premier LP Echolocation chez Black Dune Records.

Chronique

15.5 / 20
6 commentaires (15.25/20).
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Echolocation ( 2017 )

Après Killer be killedTeenage Time Killers, Serpentine Dominion, Giraffe Tongue OrchestraChikenfoot, les 12 projets parallèles de Mike Patton, les 44 formations de Phil Anselmo et les 9604 collaborations artistiques de Dave Grohl, voila encore un super-groupe qui pointe le bout de son nez … Allez, courage, ça va bien se passer ! On y va !

Avec la prolifération actuelle de ces "supergroupes", véritable partouze inter-musicienne, et même si en général ces projets sont de qualité, on est quand même en droit d'éprouver une certaine lassitude quant à la multiplication de ces initiatives. Et … encore une fois, force est de constater que ça fonctionne. Ça fonctionne même très bien. Echolocation de Gone is Gone se situe à mi-chemin entre toutes les formations d'origine de ses membres. C'est non seulement prodigieux de parvenir à retranscrire de la sorte son bagage musical et les marier ensemble, avec les batailles d'égo que ça peut impliquer, mais également quand on y réfléchit bien, et si on est fan de Mastodon, Queens of the Stone Age, At the Drive In, ou des musiques de film de Mike Zarin, quel pur bonheur d'avoir à porter à nos oreilles, le fruit d'une telle collaboration. Notez bien que si on est fan d'A Perfect Circle, du plutôt récent Nine Inch Nails ou de Tool, on peut également y trouver son compte. (J'étais d'ailleurs intimement convaincu que Justin Chancellor faisait partie de la formation)

Ce disque est en fait une vibration continue qui oscille et se meut au fil des envies ponctuelles de ses auteurs. Un microcosme sonore élégant, vivant et vibrant avec plusieurs niveaux d'écoute, le tout emprunt d'une sérénité absolue et d'une foule d'émotions propres à chaque morceau. Chacun saura trouver son compte parmi les mélodies mélancoliques de Gift, les enivrants et entêtants échos d'Ornament, ou les ravissants rebonds rythmiques  de Resurge. Sobriété et cachet sont les lignes directrices qui conduisent cette œuvre à travers les cinquante cinq minutes et douze titres de l'expérience. On pourrait d'ailleurs comparer chaque chanson aux différentes facettes d'un miroir brisé, qui sous l'impulsion de la complainte de Troy Sanders et ses acolytes, reflètent une même image sous un angle légèrement différent et avec certains détails qui prennent le pas sur d'autres.

L'aspect de musique de film, présent la première fois que l'on écoute l'album s'évapore assez rapidement au fil du temps et à mesure qu'Echolocation passe et repasse. C'est d'ailleurs Sentient, première chanson, qui conditionne un peu cette impression. Était-ce d'ailleurs vraiment l'objectif de faire de cet opus un recueil de musique de films ? Je ne pense pas. De la même manière que si chaque morceau peut faire penser aux formations d'origine des musiciens, il serait tout de même curieux de retrouver entre Capillarian Crest et Circle of Sasquatch, un Fast Awakening ou d'ailleurs n'importe quelle autre titre issu de ce premier Gone is Gone. Non. Peu importe ce que les mauvaises langues pourraient dire, il s'agit bien la d'une œuvre à part entière avec des influences non dissimulées, mais qui a sa propre légitimité et qui développe un propos original, bien loin de Max Cavalera et tout ses projets de "faux-Sepultura". Si ces artistes ont envie de collaborer ensemble à un projet, c'est leur droit et c'est légitime. C'est comme si on empêchait Ice-T d'être acteur parce qu'à la base c'est un rappeur, Alexandre Astier de réaliser parce qu'il est musicien, Mickael Jordan de faire du baseball parce qu'il est basketteur… Bon OK parfois on devrait avoir le droit en fait.

Des faiblesses ? Il y en a sûrement. Les textes, pas toujours très pertinents ou un chouya cliché. Ou un mix d'effets peut-être un peu bancal parfois, (L'arrêt de l'aspirateur à la fin de Colourfade) mais bien évidemment la perfection n'est pas de ce monde. Les occasions d'écouter Echolocation, elles, sont multiples ; En fond sonore lors d'une soirée. En écoute active et intellectuelle afin d'essayer de décrypter toutes les subtilités. Ou bien afin d'installer une certaine ambiance. Même encore en relaxation et surement  en bien d'autres moments.Cet album a également la faculté de venir insidieusement placer un riff en tête de sorte à ce qu'on s'en rappelle, mais qu'on ne sache plus vraiment où on l'a entendu (mélodie principale de Slow Awakening par exemple).

Quand l'éclectisme est au service de la création musicale, le résultat est généralement au rendez-vous. Ici,  on obtient une vague déstabilisante amicale et étrangère qui nous emporte doucement au large. Laissez vagabonder votre imagination au gré des notes sur des paysages, des intrigues, des séquences et prenez part au processus créatif initié par Echolocation.

A écouter : Ornament, Slow Awakening