Après Killer be killed, Teenage Time Killers, Serpentine
Dominion, Giraffe Tongue Orchestra, Chikenfoot, les 12 projets parallèles de Mike
Patton, les 44 formations de Phil Anselmo et les 9604 collaborations
artistiques de Dave Grohl, voila encore un super-groupe qui pointe le bout de
son nez … Allez, courage, ça va bien se passer ! On y va !
Avec la prolifération actuelle de ces "supergroupes",
véritable partouze inter-musicienne, et même si en général ces projets sont de
qualité, on est quand même en droit d'éprouver une certaine lassitude quant à
la multiplication de ces initiatives. Et … encore une fois, force est de constater que ça fonctionne. Ça fonctionne
même très bien. Echolocation de Gone is Gone se situe à mi-chemin entre toutes
les formations d'origine de ses membres. C'est non seulement prodigieux de
parvenir à retranscrire de la sorte son bagage musical et les marier ensemble, avec
les batailles d'égo que ça peut impliquer, mais également quand on y réfléchit
bien, et si on est fan de Mastodon, Queens of the Stone Age, At the Drive In,
ou des musiques de film de Mike Zarin, quel pur bonheur d'avoir à porter à nos
oreilles, le fruit d'une telle collaboration. Notez bien que si on est fan d'A
Perfect Circle, du plutôt récent Nine Inch Nails ou de Tool, on peut également
y trouver son compte. (J'étais d'ailleurs intimement convaincu que Justin
Chancellor faisait partie de la formation)
Ce disque est en fait une vibration continue qui oscille et
se meut au fil des envies ponctuelles de ses auteurs. Un microcosme sonore
élégant, vivant et vibrant avec plusieurs niveaux d'écoute, le tout emprunt
d'une sérénité absolue et d'une foule d'émotions propres à chaque morceau. Chacun
saura trouver son compte parmi les mélodies mélancoliques de Gift, les enivrants
et entêtants échos d'Ornament, ou les ravissants rebonds rythmiques de Resurge. Sobriété et cachet sont les lignes
directrices qui conduisent cette œuvre à travers les cinquante cinq minutes et
douze titres de l'expérience. On pourrait d'ailleurs comparer chaque chanson
aux différentes facettes d'un miroir brisé, qui sous l'impulsion de la
complainte de Troy Sanders et ses acolytes, reflètent une même image sous un
angle légèrement différent et avec certains détails qui prennent le pas sur
d'autres.
L'aspect de musique de film, présent la première fois que
l'on écoute l'album s'évapore assez rapidement au fil du temps et à mesure
qu'Echolocation passe et repasse. C'est d'ailleurs Sentient, première chanson,
qui conditionne un peu cette impression. Était-ce d'ailleurs vraiment l'objectif
de faire de cet opus un recueil de musique de films ? Je ne pense pas. De la
même manière que si chaque morceau peut faire penser aux formations d'origine
des musiciens, il serait tout de même curieux de retrouver entre Capillarian Crest
et Circle of Sasquatch, un Fast Awakening ou d'ailleurs n'importe quelle autre titre issu de
ce premier Gone is Gone. Non. Peu importe ce que les mauvaises langues
pourraient dire, il s'agit bien la d'une œuvre à part entière avec des
influences non dissimulées, mais qui a sa propre légitimité et qui développe un
propos original, bien loin de Max Cavalera et tout ses projets de "faux-Sepultura".
Si ces artistes ont envie de collaborer ensemble à un projet, c'est leur droit
et c'est légitime. C'est comme si on empêchait Ice-T d'être acteur parce qu'à
la base c'est un rappeur, Alexandre Astier de réaliser parce qu'il est
musicien, Mickael Jordan de faire du baseball parce qu'il est basketteur… Bon
OK parfois on devrait avoir le droit en fait.
Des faiblesses ? Il y en a sûrement. Les textes, pas
toujours très pertinents ou un chouya cliché. Ou un mix d'effets peut-être un
peu bancal parfois, (L'arrêt de l'aspirateur à la fin de Colourfade) mais bien
évidemment la perfection n'est pas de ce monde. Les occasions d'écouter Echolocation, elles, sont multiples ; En fond sonore lors d'une soirée. En écoute
active et intellectuelle afin d'essayer de décrypter toutes les subtilités. Ou
bien afin d'installer une certaine ambiance. Même encore en relaxation et surement
en bien d'autres moments.Cet album a
également la faculté de venir insidieusement placer un riff en tête de sorte à
ce qu'on s'en rappelle, mais qu'on ne sache plus vraiment où on l'a entendu (mélodie
principale de Slow Awakening par exemple).
Quand l'éclectisme est au service de la création musicale, le
résultat est généralement au rendez-vous. Ici, on obtient une vague déstabilisante amicale et
étrangère qui nous emporte doucement au large. Laissez vagabonder votre
imagination au gré des notes sur des paysages, des intrigues, des séquences et
prenez part au processus créatif initié par Echolocation.
A écouter : Ornament, Slow Awakening