rien à jeter !
Artwork magnifique .
Compositions inspirées .
Un putain de son .
Bravo
meilleures pistes : Mouth of Kala . The gift of gilt . the axe
L’enfant sauvage. Un titre français pour un nouvel album fraîchement signé sur un label international : Roadrunner Records (maison de disque de groupes comme Mastodon, Down, Korn, Opeth, Satyricon…). Si on demande au groupe pourquoi ce titre en français? Ils répondent « The wild child, (la version traduite en anglais NDLR) ça fait kitch quand même ! ». Nos bayonnais –new yorkais (puisque Joe va et vient dans ses deux villes) sont toujours aussi surprenants et plein d’humour.
Un titre et une pochette plus qu’évocateurs, à l’image de leurs différents leitmotivs : la liberté, une connexion entre les énergies des êtres, l’ambivalence de la société et sans oublier … la nature. Dans une récente interview Joe évoquait le fait qu’il y avait plusieurs strates de lectures dans cette pochette, mais qu’il préférait que chacun interprète à sa sauce, que chacun fasse le chemin qu’il voulait faire avec … A vous de voir … Pour ma part, je suis frappée par leur capacité « inconsciente » à visuellement nous marteler des symboles récurrents (l’arbre…), un peu comme des messages subliminaux dans leurs clips, pochettes...
Aux premières écoutes, pas de doute, c’est bien du Gojira. Il y a ces déconstructions, ces rifs, la double … Comme tous ces prédécesseurs cet album se démarque, il a sa propre ambiance, son univers, sa singularité. Pas vraiment de continuité supra évidente avec son prédécesseur, car il est tout de même différent mais pas non plus de retours aux sources.
Des morceaux plus hétéroclites, plus denses. Certains y voient de la sérénité, … et bien moi pas du tout. Au contraire, j’y ressens une vraie rage, de la colère, voire même de la fragilité par exemple l’émotion et l’interprétation que Joe donne dans le morceau « l’enfant sauvage » me laisse à penser qu’il y a une volonté de trouver des réponses, qu’il mène un combat avec lui-même ou contre la société, qu’il est perdu, et que cette quête le rend vulnérable. Comme une envie d’exorciser ces démons que la société nous oblige à accepter dans notre quotidien. Questionnement vis-à-vis de la liberté qu’il aborde en interview «Je parle de mon souci de liberté dans cette vie (…) qu’est-ce que je suis ? J’ai un nom, j’ai un statut, (…), mais qu’est-ce que je suis au-delà de ça ? J’ai l’impression d’être un enfant sauvage qui vient de sortir de la forêt. » .
J’ai lu sur radiometal.com le terme « chamanique », je trouvais la formule bien trouvée, il y a quelque chose de particulièrement intense dans cet album, j’imagine des incantations « vaudou », de la transe, cela passe par les mélodies, les gimmicks qui comme pour nous hypnotiser reviennent en boucle, virevoltent en tournoyant … Et cela passe aussi par ce chant qui s’exalte, se démultiplie, se métamorphose. Ce qui paradoxalement est peut être le nerf de la guerre pour les fans déçus. Cette nouvelle assurance prise dans le chant clair et mélodique, peut interpeler le fan de la première heure, comme par exemple dans le morceau « Born in Winter » qui a des sonorités proches d’un croisement entre Joy Division dans « Love will I tear Us apart », Type O negative dans « My girlfriend’s girlfriend » et Paradise Lost…
Ce chant qui s’exalte, ses nouvelles nappes mélodiques, ses textures ... Un album particulièrement riche, alambiqué, dense… Tout ça me rapproche sans conteste de Devin Townsend. Et visiblement je ne suis pas la seule à le penser à lire les autres chroniques. D’ailleurs autant Mario que Joe le disent eux même. La récente rencontre avec Devin Townsend fût particulièrement importante et décisive pour Joe. Les prises de sons de Devin et sa façon toute particulière de mettre en place les mélodies ont beaucoup marqué Joe. Personnellement, je trouve que c’est une aubaine car Joe a gagné en maturité en interprétation vocale, et j’ose à peine imaginer par la suite ce qu’il pourra nous concocter s’il améliore encore ses techniques d’interprétations.
L’album étant sortit il y a déjà plusieurs semaine, j’ai pu lire sur le web quelques réactions de ci de là. Ce 5eme album n’a pas fait l’unanimité. Et la signature avec le label Roadrunner serait pour beaucoup la raison... A tous ceux qui doutent encore de la relation Roadrunner - Gojira… je vous invite à écouter cette interview du mois d’avril 2012 à Montpellier, où Joseph remets les pendules à l’heure en affirmant que s’il y avait eu une pression de la part du label sur les créations, ils n’auraient jamais signé. Et qu’ils ont fait entièrement ce qu’ils ont voulu.
Depuis 1996, le groupe a su évoluer, surprendre et se renouveler, en 15 ans de carrière, difficile de plaire à tout le monde surtout quand on veut avant tout se faire plaisir. Une carrière étonnante d’autant pour un groupe français, étant donné la suprématie anglo saxonne dans la culture métal.
En conclusion, je dirais que cet album est une réussite, L’enfant sauvage propose des morceaux aux horizons diversifiés, il est divinement « émotionnel », « brut » « percutant », effrontément « sensible », et audacieusement « cinématographique », … Je suis conquise.
BONUS
J’ai la version avec un bonus DVD où on a droit au live de Gojira aux Eurockèennes de belfort de 2009. Bonus plutôt sympa ! 11 morceaux pour une heure environ de show ! Un son live tout à fait correct. La réalisation du montage est quelque fois un peu too much à mon gout mais pro. A trop vouloir donner de la dynamique au montage, on voit trop de caméra « speed » (une caméra sur un bras pivotant qui surplombe la foule et une camera sur un rail qui bougent sans cesse). Un concert en plein jour, qui minimise un peu les effets de lights. Mais sans conteste un bon concert. Puissant, bouillonnant, et dans l’échange. Quasi à la fin Joe dit au public … « ça fait super plaisir de voir du métal sur la grande scène des Eurockénnes » (NDLR je plussoie !)
Un poil en dessous si on veut chipoter mais en globalité c'est encore une tuerie! Les 5 derniers titres sont énormissimes.