Que nous cache le monstre Gojira (ex Godzilla) avec ce DVD ?
Sobriété, altruisme, modestie, perfection, décalage, et exception… (Et oui tout ça à la fois!)
Rapidement voici l’arborescence de The link alive [2003] :
Les principales parties sont :
~ Un live où l’on y retrouve un concert enregistré à bordeaux le 8 novembre 2003 au théâtre Barbey. (15 morceaux en tout).
~ Des bonus avec 2 documentaires « gojira sur la route » & « gojistory » ainsi que 2 clips Deliverance (pour les nostalgiques de Godzilla) et Love (réalisé par le fameux photographe Alain Duplantier).
~ Il y a aussi une galerie de diverses photos en diaporama où l’on retrouve des clichés de live, ainsi que du tournage du clip de Love. Diaporama qui finit par des images d’arbres (sublimes!).
~ Et enfin, en dernier lieu les crédits.
«Quand le dernier arbre aura été coupé, Quand le dernier fleuve aura été empoisonné, Quand le dernier poisson aura été attrapé, Alors seulement vous verrez que l’argent ne peut être mangé.
Citation d’un chef amérindien» (Petite pensée vue dans la partie Bonus où il y a le documentaire ‘sur la route’.)
Il semblerait queGojira, possède certaines valeurs amplement visibles dans ce DVD. C’est sans doute pour cela qu’ils ont choisi de sortir ce petit joyau en indépendant, et qu’ils aient pris le parti de favoriser une distribution moins académique. C’est un choix plutôt difficile à gérer et surtout à double tranchant, connaissant l’empire des grosses distributions. Ceci dit, cela reste un choix sans non sens, et c’est encore une fois tout à leur honneur. Après soyons honnêtes, jamais les membres du groupe, ne diront de leur propre bouche quoi que ce soit qui pourrait être interprété comme une ‘leçon de savoir vivre’ ou quelque chose de cet acabit. Au contraire, tout est dans la subtilité, ces petites « réflexions d’esprit » sont de ci de là, apposées sobrement au fil de la narration « la nature vous regarde », (…) Toutes ces pensées/images sont là, mais le plus naturellement possible, un peu comme des éléments qui pourraient faire réfléchir (ou pas), sans être pour autant des sentences que l’ont doit prendre au pied de la lettre, … J’avoue, c’est quelque chose que je respecte profusément, autant sur le contenant que le contenu.
Gojira, c’est incontestablement un univers, une famille d’artistes pluridisciplinaires bien ‘à part’. Peut être, tout simplement, car on découvre un groupe loin des stéréotypes du métal brutal. Ni sexe, ni drogue, et pourtant foutre de Zeus, sacrément rock ‘n’ roll. Rien à voir avec des orgiaques délires de vielles brutes métaleuses. On distingue plutôt des amateurs circonspects d’humour de vaudeville, dont la culture s’apparente à un melting pot assez cocasse.
Imaginez, deux génies agitateurs starsky et hutch (limite clownesques) qui interprèteraient une bonne vieille série Z faites que de bagarres orales et/ou physiques, avec des bruitages, des effets spéciaux et doublages ultra mal réalisés –mais très sérieux au demeurant-, entrecoupés de mangas dont les dialogues ne serait que des onomatopées stridentes, et entrecoupés aussi de clips en mauvais play back de
Metallica, ou même
No One Is Innocent. Bon, ok dis comme ça, je l’avoue c’est pas le moins du monde amusant, et pourtant! Tout le long de du documentaire « Gojira sur la route » dans la partie bonus, ces sacripants nous font voguer de mises en scènes en jeux divers toujours bien décalés. Le rendu est comment dire… inimitable et à mourir de rire! On comprendra mieux alors le concept du side project
Empalot, d’ailleurs pour ne pas les nommer, les deux principaux agitateurs ne sont autres que le chanteur (aussi ingé aux lumières de Gojira) et le batteur d’
Empalot !
Mais le documentaire « Gojira sur la route », n’est pas que drôle, on y découvre aussi, des petits instants d’émotions que le groupe a voulu nous faire partager, avec des images par exemple au festival de Dour, avec Mike Patton, ou les balances des incroyables Nashville Pussy . Ou même plus humblement ces moments privilégiés où l’on nous permet de pencher la tête vers ce qui les entoure, leurs voyages en Suisse, France, …
En ce qui concerne le documentaire « gojistory » c’est un peu différent, quoi que… Encore une fois, ici le sérieux n’est pas le mot d’ordre, on découvre l’histoire du groupe d’une façon assez plaisante avec encore une fois beaucoup beaucoup beaucoup d’humour. Où d’ailleurs Richard Gamba (le manager) se prête plutôt bien au jeu.
Bon, ok ces bougres jouent la carte déconnade dans le tour bus, en revanche, quand il s’agit de scène, ça rigole plus ! Le live enregistré à bordeaux, nous le démontre amplement. Indéniablement les monteurs, cadreurs, réalisateurs, ainsi que les ingé son, et ingé aux lumières ont fait un boulot titanesque et sans conteste sensationnel ! C’est sublime à regarder, et en plus le son reste vraiment appréciable. Le montage est énergique, efficace, chiadé, ultra fluide, … Un chef d’œuvre ! Après est-il vraiment la peine de vanter les mérites archi reconnus de Gojira sur scène ?
Et puis pour finir, un petit mot sur le clip de Love, qui est absolument fabuleux.
Alain Duplantier qui en est le réalisateur, est une mouture incontournable dans le monde de la photo, il a à son actif réalisés de nombreux portraits merveilleux de personnalités comme
Bjork, Sting, j’en passe et des meilleures (D’ailleurs, je vous encourage vivement à aller voir son site
alainduplantier.com ). Bref, tout ça pour dire que le travail esthétique réalisé sur ce clip est remarquable, autant le grain choisi, que l’incroyable richesse dans les nuances des gris (clip en noir et blanc), sans parler du montage quasi épileptique, ... Bref … Comment dire … C’est surprenant, prodigieux et incomparable. A ne rater sous aucun prétexte !
En conclusion je dirais qu’une couleur prédomine dans ce DVD, le rouge. A la fois chaud, voire brûlant, ahurissant, lumineux, quelque fois violent, quelque fois symbole d’amour. Un rouge symbole de vie dans tous ses paradoxes, et ses diversités. Ce DVD est en quelques sortes un lien entre l’animal et l’humain. Comme quoi tout ne rentre pas forcément dans une case, et quelque fois il ne faut pas oublier les autres dimensions aux choses. Gojira est un groupe scénique bestial, brutal, mais ils ne se sont pas pour autant écervelés, ni violents, au contraire… On découvre des personnes bourrées d’humour et sensibles à des choses simples comme l’environnement. Le rouge mais je n’oublierais pas non plus de parler de cet arbre, véritable emblème du groupe, signe de vie et de sagesse, de force et de richesses (Pour l’anecdote l’artwork est réalisé par Joe (chant)). Gojira c’est tout ça à la fois, et mieux encore …
Un grand Merci à eux, pour ces 180 minutes de purs bonheurs, et on leur souhaite que du bons pour la suite, car ce DVD est un vrai petit bijou autant sur la forme que sur le fond.
Gojira
Un concert magique ! Même à cette époque les gars étaient déjà des monstres de scène. C'est marrant de les voir jouer des vieux morceaux qu'ils semblent avoir oublié aujourd'hui.