Godspeed You! Black Emperor

Post Rock

Canada

Luciferian Towers

2017
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Undoing A Luciferian Towers
02. Bosses Hang
03. Fam / Famine
04. Anthem For No State

Chronique

par Humtaba

Godspeed You Black Emperor ! ne s’arrête plus ! Si cette phrase paraissait insensée il y a de cela cinq ans, elle est bien réelle aujourd’hui, tant depuis la fin de leur hiatus les Canadiens enchainent régulièrement albums et tournées, au même rythme que durant la première partie de leur carrière. Cette productivité retrouvée n’est cependant pas toujours synonyme de qualité, notamment après un Asunder, Sweet And Other Distress qui, sans être mauvais, demeurait malgré tout assez décevant. Luciferian Towers sera-t-il à même de remonter la pente ? 

À première vue, la formule reste inchangée. Quatre morceaux, dont deux bien plus longs que les autres, le tout pour un peu plus de quarante minutes de musique. À première vue seulement car, sur le fond, Godspeed You Black Emperor ! n’a jamais été aussi différent. Une évolution sans doute bienvenue tant l’album précédent tentait mais peinait à reproduire la beauté d’antan. Ici les progressions épiques à climax ont bel et bien disparues. Finies les longues minutes de crescendo où nous savions qu’à un moment ou un autre nos poils allaient se dresser et notre chair, frissonner d’un bref moment d’extase totale. Si aujourd’hui « Godspeed You Black Emperor ! » est accolé en guise d’illustration à l’expression « chair de poule » dans le dictionnaire, il semble évident que les Canadiens souhaitent dorénavant se débarrasser de ce gimmick. Ainsi, Luciferian Towers est bâti autour d’un thème, une douce suite mélodique reprise à divers moments sous diverses formes et introduite à la fin du premier morceau Undoing a Luciferian Towers

L’évolution évoquée rappelle un tant soit peu celle de Earth, en 2005, avec l’album Hex. Presque dix ans après avoir été précurseurs d’une musique Drone sans concession, les Américains sortent un album qui exploite les éléments de leur son originel, tout en s’orientant vers un stoner/blues lancinant plus accessible. Il en va de même ici avec nos amis Canadiens. S’ils gardent un son qui reste, comme le veut l'adage : « tant de fois imité, jamais égalé » ; c’est avec conviction qu’ils nous emportent vers d’autres horizons, s’acoquinant toujours plus de la musique classique contemporaine. L’orchestration -dissonante et aussi rebelle que les titres des morceaux- résonne par échos et réverbérations, cherchant à plonger l’auditeur au cœur d’une instrumentalisation dense où seule la ritournelle susnommée intervient telle une main sur l’épaule apaisante. Le dernier morceau, Anthem For No State, probablement le plus pertinent avec ce fameux thème principal repris sous une forme western (qu'Ennio Morricone n’aurait pas renié) au sein d’une rythmique presque guerrière. Le final, grandiloquent et particulièrement épic, témoigne du changement global de perspective initié ici : arrêtons la nostalgie, cessons la léthargie, au diable la mélancolie, rebellons-nous !   

Godspeed You Black Emperor ! tel un nouveau venu, semble encore tâtonner à la recherche d’un souffle nouveau, en quête d’une nouvelle identité au cœur de laquelle la vigueur et l’espoir du courage remplacerait la neurasthénie d’autrefois. Luciferian Towers donne envie d’y croire. 

15

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.25
Avis 2