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Biographie

Godspeed You! Black Emperor

Godspeed You! Black Emperor, voilà un nom bien énigmatique pour un groupe qui l’est tout autant. Venue de Montréal, cette formation de 9 musiciens est devenue, au fil du temps, l’un des leaders de ce qu'on appelle le Post-Rock et de la musique d'avant-garde. En quatre albums, le groupe impose sa marque : musique planante, torturée, des morceaux longs, voire très longs (32 minutes par exemple) et des structures très complexes. Un must pour tous les amateurs de musiques à part.

Certains membres ont monté d’autres projets, comme A Silver Mt Zion, pour l’un des plus connus. Après plus de dix ans de pause, alors qu'on pensait Godspeed You! Black Emperor définitivement mort et enterré, les canadiens reviennent avec un nouvel album en 2012 intitulé Allelujah! Don't Bend! Ascend!.

15 / 20
2 commentaires (15.25/20).
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Luciferian Towers ( 2017 )

Godspeed You Black Emperor ! ne s’arrête plus ! Si cette phrase paraissait insensée il y a de cela cinq ans, elle est bien réelle aujourd’hui, tant depuis la fin de leur hiatus les Canadiens enchainent régulièrement albums et tournées, au même rythme que durant la première partie de leur carrière. Cette productivité retrouvée n’est cependant pas toujours synonyme de qualité, notamment après un Asunder, Sweet And Other Distress qui, sans être mauvais, demeurait malgré tout assez décevant. Luciferian Towers sera-t-il à même de remonter la pente ? 

À première vue, la formule reste inchangée. Quatre morceaux, dont deux bien plus longs que les autres, le tout pour un peu plus de quarante minutes de musique. À première vue seulement car, sur le fond, Godspeed You Black Emperor ! n’a jamais été aussi différent. Une évolution sans doute bienvenue tant l’album précédent tentait mais peinait à reproduire la beauté d’antan. Ici les progressions épiques à climax ont bel et bien disparues. Finies les longues minutes de crescendo où nous savions qu’à un moment ou un autre nos poils allaient se dresser et notre chair, frissonner d’un bref moment d’extase totale. Si aujourd’hui « Godspeed You Black Emperor ! » est accolé en guise d’illustration à l’expression « chair de poule » dans le dictionnaire, il semble évident que les Canadiens souhaitent dorénavant se débarrasser de ce gimmick. Ainsi, Luciferian Towers est bâti autour d’un thème, une douce suite mélodique reprise à divers moments sous diverses formes et introduite à la fin du premier morceau Undoing a Luciferian Towers

L’évolution évoquée rappelle un tant soit peu celle de Earth, en 2005, avec l’album Hex. Presque dix ans après avoir été précurseurs d’une musique Drone sans concession, les Américains sortent un album qui exploite les éléments de leur son originel, tout en s’orientant vers un stoner/blues lancinant plus accessible. Il en va de même ici avec nos amis Canadiens. S’ils gardent un son qui reste, comme le veut l'adage : « tant de fois imité, jamais égalé » ; c’est avec conviction qu’ils nous emportent vers d’autres horizons, s’acoquinant toujours plus de la musique classique contemporaine. L’orchestration -dissonante et aussi rebelle que les titres des morceaux- résonne par échos et réverbérations, cherchant à plonger l’auditeur au cœur d’une instrumentalisation dense où seule la ritournelle susnommée intervient telle une main sur l’épaule apaisante. Le dernier morceau, Anthem For No State, probablement le plus pertinent avec ce fameux thème principal repris sous une forme western (qu'Ennio Morricone n’aurait pas renié) au sein d’une rythmique presque guerrière. Le final, grandiloquent et particulièrement épic, témoigne du changement global de perspective initié ici : arrêtons la nostalgie, cessons la léthargie, au diable la mélancolie, rebellons-nous !   

Godspeed You Black Emperor ! tel un nouveau venu, semble encore tâtonner à la recherche d’un souffle nouveau, en quête d’une nouvelle identité au cœur de laquelle la vigueur et l’espoir du courage remplacerait la neurasthénie d’autrefois. Luciferian Towers donne envie d’y croire. 

A écouter : Anthem For No State
14 / 20
6 commentaires (13.58/20).

Asunder, Sweet And Other Distress ( 2015 )

Godspeed You Black Emperor!, groupe culte s’il en est, accélère la cadence. S’il a fallu attendre dix ans pour avoir une suite à Yanqui U.X.O, « seulement » trois années séparent Allelujah! Don't Bend! Ascend! d’Asunder, Sweet and Other Distress, nouvel opus des Canadiens en ce début d’année 2015. Une nouvelle rythmique qui fait plaisir à voir pour les nombreux fans du groupe, mais la qualité suit-elle cette régularité retrouvée ?

Ce nouvel album de GY!BE n’est pas si nouveau que cela. En effet, voilà quelques années maintenant qu’il est joué en live, d’une seule traite et qu’il circule sur Youtube sous le nom de Behemoth. Les fans les plus fidèles du groupe ne seront donc pas étonnés de cette nouvelle sortie studio qui concrétise un projet déjà bien entamé. Pour autant, le commun des mortels découvre cet « album », qui n’en est pas vraiment un et qui dénote du reste de leur discographie. Si quarante minutes pour quatre titres est la normalité pour beaucoup, en ce qui concerne les Canadiens, il s’agit d’ordinaire de la longueur d’un E.P. Bref, assez parlé du contenant, parlons du contenu. Les quatre titres proposés se distinguent assez clairement les uns des autres de par les genres abordés. Les morceaux d’ouverture et de fermeture, plus longs, s’orientent assez clairement vers le Post-Rock, tandis que l’entre-deux plonge l’auditeur dans un Drone lancinant.

Asunder, Sweet and Other Distress se distingue par un son aspect frontal et direct. Il prend à partie dès les premières secondes de Peasantry or ‘Light! Inside of Light!’ et ces riffs d’ouverture grandiloquents et épiques. Aucun doute possible : il s’agit bien d’un album de Godspeed You Black Emperor!. Dans la droite lignée de leur retour discographique en 2012, ces nouvelles compositions s’inscrivent dans une agressivité certaine à grand renfort de guitares abrasives et de rythmiques calibrées. Trop calibrées ?
Dans l’ensemble, ce nouvel effort est bien maigre. Certes, les deux morceaux pré cités font l’étalage d’un talent indéniable et d’une justesse mélodique au dessus du lot. Malgré tout, et il s’agit bien là du défaut des qualités de ces groupes qui ont tant offert par le passé, Asunder, Sweet and Other Distress n’atteint pas la qualité des albums précédents. La partie axée sur le Drone via les morceaux Lambs’ Breath et Asunder, Sweet est d’une banalité certaine et arrivent tel un cheveu sur la soupe. Ce nouvel album tient son salut notamment grâce au dernier morceau, Piss Crowns Are Trebled, qui, même s’il est en deçà des attentes vis à vis d’un tel groupe, sait se montrer corrosif et intéressant, notamment grâce à un final tonitruant amené par une progression jouissive comme ils savent si bien le faire.

Ce nouvel album de Godspeed You Black Emperor! plaira à n’en pas douter à tout amateur de Post-Rock expérimental. Pour autant, après plus de vingt ans de carrière et la quantité de chefs-d‘œuvre accumulée par ce mastodonte de la musique alternative contemporaine, l’on est en droit d’attendre beaucoup plus que cet album, certes efficace et honnête, mais bien trop prévisible et inoffensif pour créer à nouveau la sensation.

A écouter : Peasantry or ‘Light! Inside of Light!’, Piss Crowns Are Trebled
16 / 20
13 commentaires (18/20).
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Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven! ( 2000 )

Le nom du groupe n'est pas dans ce qui se fait de plus court, celui de cet album non plus, et sa durée encore moins ! Ne comptez pas moins de deux galettes pour le seul et même album, et pensez à vérifier si vous êtes libre dans les 90 minutes à venir si vous ne voulez pas devoir interrompre l'écoute de Lift Your Skinny Fists Like Antennas to Heaven. Ceci étant fait, prenez un fauteuil confortable et n'hésitez pas à contempler le joli boîtier en carton ainsi que les dessins et inscriptions s'y étalant.

Votre chaîne Hi-Fi avalant la première galette sera alors heureuse de vous offrir en guise d'entrée l'orage, la tornade, The Storm. L'acte se déroule en plusieurs mouvements qui durent de cinq à six minutes chacun (forcément, sur 22 minutes 32, il s'en passe des choses !). Passez de la montée en fanfare des douze instruments, menée par les guitares saturées, à une danse infernale où violons et violoncelles prennent le devant avant d'atteindre le cœur de la bourrasque où tout n'est que puissance et robustesse. Et puis, contemplez le chaos semé par l'orage, la désolation d'un piano, les cris d'une radio qui évoquent un champ de bataille après le heurt. Le monde n'est alors que Static.

On pleure les morts sur la balade funéraire d'un violon, bientôt accompagné d'un piano et de violoncelle : on annonce la catastrophe, les frissons remontent votre échine et vous prennent jusqu'aux tripes. Les morts dansent et dansent, les âmes nous quittent. Elles volent, s'envolent à une cadence effrénée, infernale, diabolique. Puis elles avancent jusqu'aux portes des ténèbres. En bas, les hommes pleurent ces âmes endormies : Sleep.

La vie essaye de reprendre le dessus mais le déchirement est trop pesant, les âmes en peine gémissent. Les nuages contemplent cette Terre et filent à une vitesse folle. Ils filent, bondissent plus vite que le vent ne peut les chasser. Et le soleil revient. Le paradis est à portée de main.

Levez au ciel vos maigres poings.

A écouter : static, sleep