Aujourd'hui il fait beau, les cylindres sont huilés, le
cheval d'acier fait face à l'horizon. Derniers ajustements des lunettes, du
casque et du cache poussière. Contact. Le ronflement se fait ouïr, le soleil
couchant danse dans les volutes au loin, il est temps de lancer une musique de circonstance
et … "Putain Régis ! T'as encore joué avec mon MP3 !! Hein ? C'est … Non ?
Godsmack ?"
When Legends Rise, ou comment se tirer une balle dans le
casque, faire une lettre d'aveux de crimes que l'on n'a pas commis, organiser
des obsèques avec tous les gens que l'on a aimé, truffer le cercueil
d'explosifs, puis uriner soi-même sur sa tombe et celles de ses proches en murmurant à chaque fois: "Tu l'as
bien cherché fumier". Jamais aucun album au monde n'a jamais autant insulté le
reste de la discographie du groupe l'ayant composé que ce disque, et pourtant
j'ai entendu The Burning Red, (Machine Head) St Anger et Lulu (Vous savez de
qui) et l'éponyme de Suicide Silence. Oui. Ces derniers ont beau être très
mauvais, ils ne remettent pas en cause le reste de l'existence du groupe.
Après avoir fait une promo digne de James Cameron, Coca Cola
et d'un candidat à la présidentielle réunis, expliquant qu'ils sont arrivés au
meilleur résultat qu'ils n'espéraient jamais approcher, fait des clips avec
tous les artistes cashable et bankable du sud ouest des Etats-Unis et des clips …
affligeants (Sérieusement?) Les Américains de Godsmack expliquent partout en
interview que ça faisait des années et des années qu'ils étaient mal influencés
par tous leurs proches. Sully Erna le chanteur explique qu'il a coupé les ponts
avec des amis de plus de dix ans et des membres de sa famille parce qu'ils
étaient néfastes pour lui et que Shanon Larkin, batteur a cessé de boire et a
fait des cures de désintox pour se réhabiliter. Faire des changements dans leur
vie, ça les regarde et s'ils sont mieux ainsi tant mieux, mais étaient-ils
obligés de continuer la musique ?
Sérieusement, on est contents pour eux, mais à partir du
moment où on les interviewe à propos de leur nouvel album et qu'ils mélangent
leur vie privée et leur carrière, on comprend très facilement qu'ils renient le
reste de leur discographie et que pour eux la seule chose qui compte c'est When Legends Rise qu'ils comparent à un phénix émergeant de ses cendres. Ayant
toujours apprécié à des degrés divers tous les précédents albums, qui
évoquaient une certaine vision de la liberté aux Etats-Unis, d'abnégation, de
dignité, d'insoumission, de refus de certaines conventions, d'honneur et de
respect, il est vraiment dur d'accepter la vision actuelle que Godsmack a de
lui-même.
Décrire cet album c'est comme décrire une ancienne station
d'épuration ukrainienne des années 90 laissée à l'abandon, il y a tellement de
merde incrustée partout qu'il est compliqué de comprendre comment on a pu en arriver
là. On reconnait les fondations, c'est marqué Godsmack dessus, certaines choses
paraissent familières, mais il est impossible de se dire qu'avant, ça pouvait
fonctionner tant l'état est désastreux. Parfois une pièce semble avoir été un
peu plus épargnée que les autres, (Say my Name) mais c'est parce que ça pue
tellement la mort ailleurs que comparativement ça parait acceptable. Bref une
catastrophe est passée par là, il n'y a aucun doute la dessus.
Entre les riffs catchys à outrance, les refrains auto-tunés,
les arrangements entendus dans tous les mauvais albums de rock et le manque de
vie globale d'une musique vitrifiée, même l'album solo de Sully Erna semble subversif.
A mi chemin entre U2 et les Evanescence, exit le groupe pour rouler
tranquillement en Harley un jour de beau temps. Tous les morceaux sont comme
des versions cheap et rock de leurs tubes précédents. Eye of the Storm est une
version générique de I Stand Alone, Unforgettable, une version radio de
Faceless, Take it to the Edge, une version maison de retraite de Awake et je ne
parle pas de la boue interstellaire qu'est Bulletproof, c'est simple, il existe
des meilleurs titres de Limp Bizkit. Ils
ont du se tromper à l'impression, cet album s'appelle When Legends Die.
"Les critiques ne peuvent pas nous atteindre, nous
sommes Bulletproof" Tant mieux pour vous, mais si cet article peut
atteindre des lecteurs qui se demandent si le dernier Godsmack vaut le coup, la
réponse est non, passez votre chemin. J'espère pour eux qu'ils ont aussi pris
l'option rocketproof parce que sinon leur petit cul va piquer sévère dans pas
longtemps.
A écouter : Awake, Faceless, IV, 1000hp