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Biographie

God Is An Astronaut

Originaires du village de Glen Of The Downs, à l'Est de l'Irlande, God Is An Astronaut est un groupe de Post-Rock monté en 2002 par les frères jumeaux Kinsella, Torsten (Chant / Guitare / Claviers) et Niels (Basse / Guitare) à l'âge de 26 ans. Ils sont rejoints  par le batteur Noel Healy qui enregistre dans la foulée ses parties du premier album The End Of The Beginning. L'album sort sur le label des deux frères, Revive Records, et connaît un succès honorable puisque même la chaîne MTV s'y intéresse en diffusant leurs clips sur l'antenne nationale. En 2004 Lloyd Hanney (Batterie / Claviers) prend place derrière les fûts au détriment de Healy, puis les irlandais enregistrent leur deuxième album All Is Violent, All Is Bright qui paraît début 2005, toujours sur leur propre label. A force de tourner et de se faire remarquer par la presse nationale, leur musique passe la frontière irlandaise pour s'exporter au Royaume-Uni et plus loin encore en 2006 grâce à l'ep A Moment Of Stillness (co-produit par Pat O'Donnell, ex-Fountain Head) qui reste trois semaines dans le top 40 irlandais.

Ils commencent alors à tourner sur les terres d'Europe et préparent la sortie du troisième opus Far From Refuge, en avril 2007. L'album est licencié aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, ouvrant des portes au groupe qui ira jouer jusqu'à Moscou durant l'été. God Is An Astronaut devient un groupe à la renommée internationale et l'un des groupes de Post-Rock les plus connus de sa génération. Ils proposent avec leur quatrième opus, un éponyme, une musique plus lourde qu'à l'accoutumée et jouent une nouvelle fois à travers l'Europe à guichet fermé. 

En 2010 ils recrutent un quatrième membre, Jamie Dean (Claviers), pour l'enregistrement de Age Of The Fifth Sun toujours édité chez Revive Records, mais également par Pelagic Records. L'arrivée de Jamie transforme leurs prestations live due à l'énergie décuplée par les désormais quatre musiciens. Pour l'album Origins qui parait en 2013, ils enregistrent avec Gazz Carr comme guitariste additionnel, mais l'album ne convainc pas vraiment. Suivent des tournées en Chine, Russie, Brésil et en Europe, avant que God Is An Astronaut ne revienne avec le plutôt bon Helios | Erebus en 2015.

16 / 20
2 commentaires (16/20).
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Epitaph ( 2018 )

Cette chronique va se faire dans la douleur. Comment juger une œuvre qui prend sa source dans le cœur déchiré par les affres d’une mort prématurée ? Comment puis-je effleurer la justesse avec laquelle Epitaph sonne juste quand on a connu l’enfer laissé par quelqu’un qui manque ? Cette sensation horrible et pourtant si commune du trop-plein de vide qu’on doit absolument extérioriser, celle que les frères Kinsella ont jeté sur Epitaph.

“Its objective is not to transport you away but to bring you to the moment.”*

Déclaration simple qui pose les bases de ce que l’on va entendre pendant 44 minutes : fini les envolées de puissance dans l’éther, les paradis embrasés qu’on aperçoit comme un mirage entre les notes de God Is An Astronaut. C’est la froide réalité qui nous est présentée. La pochette (faite par Fursy Teyssier qui a réalisé celles d’Alcest) pourrait représenter la lumière au bout du tunnel, le ton est d’une tristesse à faire pleurer une pierre.
Tout du long, Epitaph nous raconte une histoire, celle d’une famille brisée, mais surtout celles de personnages qui ont connu eux aussi des fins difficiles. Medea fait référence au mythe de Médée, de son parcours où se mêlent folie, trahison et mort ; Oisín, personnage de la mythologie irlandaise et sa fin tragique pour aider les Hommes … Plus que pour raconter leur peine, les frères Kinsella se servent d’images fortes pour mettre en lumière une inclinaison de l’âme, ces non-dits qui sont l’essence de l’art une fois distillés à l’image de Komorebi qui est un mot japonais qui signifie « lumière entre les feuilles des arbres ». 

« We wanted to keep the album dark and the sounds more lived in »*

Avec une méthode de mastering analogique, les frères Kinsella ont voulu prendre à contrepied ce qui se fait à l’heure actuelle avec des productions aux sonorités lisses et artificielles*. Les compositions en tant que telles sont beaucoup plus ouvertes et diversifiées qu’à l’accoutumée : on trouve une très grande influence du Doom, notamment dans le son de guitare qui déchire le voile des synthétiseurs à la manière d’Acid King. La fin de Winter Dusk / Awakening  dans le style Noise pourrait être la bande son d’un Thriller voire même d’un film d’horreur tant elle transpire l’angoisse dans la mélodie de la basse et les saturations de synthés. Malgré cela, on retrouve les lignes claires de guitare caractéristiques, qui viennent illuminer les pistes (Mortal Coil), les pianos tout en douceur (Komorebi), la batterie discrète mais d’une efficacité redoutable qui se couple à une montée en puissance comme eux seuls savent les faire (Seance Room).

Epitaph est une terrible réussite. Artistiquement, God Is An Astronaut a su se renouveler, aller dans des contrées qu’ils n’avaient jamais explorées tout en gardant leurs sonorités signature. Les sentiments que dégage l’album sont d’une justesse et d’une intensité telle que l’écoute en devient difficile. En cela il s’agit d’une performance comme peu de formations en sont capables. A écouter indéniablement si vous êtes préparés.

*Source Brooklyn Vegan

A écouter : Oui
15 / 20
2 commentaires (15.75/20).
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Helios | Erebus ( 2015 )

Le Post-Rock est une aventure en soi, un style musical à part et unique en son genre, voyage improbable dans des terres inexplorées. L’ambiance est au cœur de la musique de God Is An Astronaut, créant un univers sonore malléable et chaleureux. Se démarquer au sein d’un genre dont les codes sont clairement définis n’est pas aisé mais le quartet irlandais tire son épingle du jeu avec Helios Erebus

Une véritable évolution est à noter, les guitares gagnent en importance et font de réelles progressions. Bien que les sonorités oniriques soient encore bien en place, il est clair qu’un virage vers le Rock Progressif a été effectué. Si Origins était dans la droite lignée de ce qui se fait dans le Post-Rock, les musiciens ont eu envie d’essayer d’autres sons et d’autres méthodes pour nous faire passer toutes les émotions propres à l’univers de God Is An Astronaut. Vetus Memoria, par exemple, commence dans les brumes d’une barque à la dérive sur un océan de rêves avec de longues plages au synthé, le vent se lève avec un piano qui intègre des lignes mélodiques à l’ensemble. C’est pourtant bien en fin de morceau que la tempête se lève, impitoyable et grandiose, venant secouer le calme confortable dans lequel nous nous complaisions. Aussi brèves que terribles, ces guitares acérées viennent rappeler que rien n’est certain dans le Post-Rock, qu’il n’est pas question que de calme, mais aussi de rythmes et de saturation.

Le feeling reste encore très fort, il est cependant plus direct et plus violent. Les compositions montrent une véritable réflexion autour de ce que le groupe veut transmettre. Ces fulgurances sont cependant dosées avec précision et ne font pas tomber l’ensemble dans l’excès : tout est fait en cohérence avec leur identité profonde et ne trahit en rien ce qu’ils ont toujours été. Pig Powder illustre très bien cet équilibre parfait entre saturations puissantes et mélodies délicates, proposant un riff que ne renierait pas My Sleeping Karma mais en gardant de longues phases d’errance mystique. C’est un travail d’orfèvre que réussit God Is An Astronaut en misant sur des détails qu’une oreille avisée entendra et qui s’intègrent dans le processus d’écoute inconscient, nous laissant une sensation agréable. 

The End Of The Beginning avait surpris par ses expérimentations, mixture subtile entre les genres avec une personnalité très marquée. Il n’en est plus question dans Helios Erebus. God Is An Astronaut a trouvé sa signature sonore et sa manière de fonctionner. L’arrivée en 2010 de Jamie Dean au clavier a permis un énorme travail sur le synthé pour un rendu très personnel et intense, on pourra néanmoins regretter l’originalité de leur premier album. Bien que regorgeant de bonnes idées, Sea Of Trees fait partie de ces morceaux qui auraient gagné à se démarquer davantage de la concurrence. Les musiciens aiment ce qu’ils font et ne cherchent pas forcément à se différencier mais il aurait pu être intéressant de retrouver une part de cette inventivité pour marquer davantage l’esprit et créer une véritable surprise.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Post-Rock n’est pas une terre de liberté infinie : des codes implicites se sont mis en place et il est très difficile de les faire bouger. Par ailleurs, les attentes de la communauté donnent une ligne directrice à laquelle les groupes se conforment souvent, fermant des portes à la créativité de certains artistes. C’est pourtant dans ce contexte que s’épanouit God Is An Astronaut qui nous propose une fois de plus un disque solide et original, innovant par rapport à leur discographie mais dans la veine de ce qui fonctionne le mieux dans le style. Peut-être pouvons-nous espérer une réelle révolution dans les prochains albums.

A écouter : Vetus Memoria - Pig Powder - Helios Erebus