OxS owns you. Old school, en effet, cette production l'est. En trois nouvelles compos et deux reprises, le groupe impose un style. On est tout d'abord frappés par la qualité de l'artwork. Ce bouquetin sobrement placé sur fond gris, démesurément omnipotent est trompeur. La pureté blanche de son pelage n'est pas représentative d'une quelconque luminosité, au contraire. Cette pochette sobre et démoniaque est elle même représentative de cet aspect old school démesuré. En effet, on flaire l'hommage au heavy fondateur.
Tout d'abord, les compos présentent toutes une nouvelle veine, un nouvel élan pour le genre stoner. Certes l'architecture basique est conservée : prod du désert bien rock n roll, mélangeant aigues et graves dans des déluges rythmiques endiablés. De surcroît, Goatsnake a ce feeling dans les riffs, dans la façon d'articuler ses morceaux autour de mélodies massives (gibson et ampli sunn, ça aide).
Mais Goatsnake ne tombe pas dans le péché capital du genre: s'enliser dans la facilité au niveau des compositions et des articulations sonores, et devenir lassant à la longue (Fu manchu). Grâce à Anderson, surement, le groupe ingurgite un feeling doom nettement apparent, dans une itération lente et lobotomisante des plans. Et c'est là que l'on comprend le sens du mot Old school. A quoi bon chercher à fuir ses racines à tout prix (Wino dans The hidden Hand)? Içi, Goatsnake les assume, et le mot heavy prend sens : Black sabbath, St Vitus sont leurs pères fondateurs.
On comprend alors l'interêt des covers : St Vitus reçoit içi un véritable hommage, dans une compo sublimée où la flamme revient , la libération cathartique de jouer du rock n roll et rien d'autre. D'ailleurs, dans les remerciements, le groupe encourage á acheter du St Vitus. Quant à la seconde reprise, celle de Black Oak Arkansas, elle deterre une chanson du début des années 70, au son hardrockisant purement jouissif.
Ainsi, massif et fin, jouant sur les sonorités et les ambiances, Goatsnake impose sa vision du rock n roll moderne. Stoner/doom ouvert, sans oublier ses racines, Goatsnake lobotomise et hypnotise, peut être en partie par l'originalité et la puissance aigue de la voix de Pete Stahl. La modernité est au revival, certes. Mais que diriez vous d'un son frais, alimenté par de l'old school? Dommage que ce ne soit qu'un ep, et que l'on en vienne si rapidement à bout. Allons-y, reprochons à cet ep d'être...un ep.
A écouter : Ouais.