Chaussez les spartiates, accrochez vos arcs et armez les
boucliers, c’est sur le dernier album guerrier des français de Glorior Belli que nous nous
penchons aujourd’hui. The Flock That Welcomes Sundown (ou plus sobrement Sundown) se trouve être la huitième production tempétueuse du groupe de Black
Orthodoxe aux consonances italiennes : digne héritière d’une série de
disques ayant empruntés ça et
là les chemins du Stoner ou du Blues, toujours dans l’optique de porter aux
nues l’occultisme.
Comme le laissait entrevoir la pochette, la Vénus à la peau dorée et aux muscles saillants
vient d’un geste désinvolte jeter ses voiles bleutés sur nos contrées, à
l’instar de leur musique profane et alambiquée. Car après un démarrage sur les
chapeaux de roues, les musiciens catapultent par rafales leurs riffs assassins
en plein visage, s’apparentant ainsi à une inondation sonore, boueuse et dévastatrice. De son côté, la voix
d’Infestvvs - toujours aussi grasse et éraillée - appose la signature de cette
Bande Originale de la fin du monde, et ce à l’aide des guitares à 100 à l’heure
et d’une batterie martyrisée.
Illustration sonore de ce que serait le crépuscule de l’Humanité, Sundown se révèle un album aussi brutal que réfléchi : Glorior Belli distille dans son
œuvre taillée dans la roche plusieurs éléments judicieux tels que des chants
religieux ou des samples francophones, permettant à l’auditoire de reprendre
son souffle avant que la tempête ne reprenne les rennes. Sur ce disque, comme
ils l’avaient déjà initié dans l’époustouflant Manifesting the Raging Beast,
la musique des parisiens s’apparente finalement à une sorte de Black
apocalyptique dans la veine des dernières productions de Behemoth, mais avec
sur certains morceaux (World So Spurious, We Whose Glory Was Despised) une
influence plus importante des pères fondateurs du genre (à la sauce
Darkthrone). Cependant, quelques écoutes suffisent à cerner ce cataclysmique
opus, car bien que démontrant à merveille ce que peut être la violence sonore,
les pistes se suivent et se ressemblent, s’enchaînant alors dans une succession
quelque peu monotone.
Saluons toutefois l’initiative prise concernant certains
morceaux comme Rebels in Disguise, pièce de cinq minutes sortant
totalement des sentiers battus du Black et qui ose se frayer un chemin du côté des sonorités typées Rock’n’Roll, à
la manière des norvégiens de Satyricon qui diluaient leur black avec une dose
d’indus’ dans Volcano, sorti en 2002.
Après s’être immergé dans les méandres du Stoner le temps de
quelques albums, on ne peut qu’apprécier ce retour aux sources vers un Black
plus pur, même si l’on aurait pu s’attendre à plus de prises de risques, au vu
de leurs précédentes productions. In fine, Glorior Belli nous place face à un album de qualité, aussi brut et massif
que réfléchi et raffiné mais
auquel on reprochera un manque de surprise et de diversité au bout de quelques
écoutes.
A écouter : Lies, Strangled Skies, World So Spurious