Glassjaw

Emo / Metal

États-Unis

Material Control

2017
Type : Album (LP)
Tracklist
01. New White Extremity
02. Shira
03. Citizen
04. Golgotha
05. Strange Hours
06. Bastille Day
07. Pompeii
08. Bibleland 6
09. Closer
10. My Conscience Weighs A Ton
11. Material Control
12. Cut And Run

Chronique

par Tang

Dans le genre des sorties inattendues de 2017, le troisième album de Glassjaw se pose là. Sans nouvelle concrète depuis le très furtif mais excellent EP Coloring Book en 2011, le désormais quartet avant-gardiste a bien senti que personne n’attendait plus grand chose de lui. C’est donc le moment idéal, juste avant les fêtes, pour nous gratifier d’un Material Control surprise, effaçant ces périodes de disette, néanmoins augmenté par une section rythmique toute neuve et un bagage conséquent obtenu notamment par le chanteur du groupe Daryl Palumbo, via Head Automatica et United Nations, ou son cheminement personnel.

L’année 1993, explicitée par un visuel fleuri, rappelle l’ancienneté d’une formation qui aura marqué plus profondément qu’on ne le pense les milieux Post-Hardcore et Metal branché sur courant alternatif. Découverts pour beaucoup d’entre nous avec le premier album en début de siècle, les New-Yorkais étaient souvent rangés dans la case Néo-Metal (du moins en France), à tort puisque leurs intentions correspondaient davantage au renouvellement du noyau dur amorcé par Snapcase, Thursday, At The Drive-In et autres TDEP. Leur volonté était justement de briser les codes, exécutant une fusion originale nourrie au groove de Faith No More. Le matos ici exposé en est l’illustration modernisée.

New White Extremity, premier single dévoilé timidement il y a deux ans et titre d’ouverture, replace le contexte, démontre la capacité toujours aussi flagrante de Glassjaw à fournir des orgasmes auditifs, malgré ses têtes chercheuses plus ou moins électroniques. Basse élastique aux accointances Jazz/Funk, batterie caméléon agglomérée de percussions promptement disposées, guitare à la fois tranchante, bavarde et exploratrice, chant plus maîtrisé que jamais, situé quelque part entre Mike Patton, Chino Moreno et Cedric Bixler, voilà les éléments qui donnent à ce Material Control toute sa superbe. Un contenu effectivement grassouillet bien que la durée ne dépasse pas les 40 minutes.

Ainsi le protéiforme Shira, merveille d’équilibre, qui se gargarise de mélodies relativement grinçantes et de cassures brutales avec un naturel déconcertant, le tortueux et dément Golgotha aux accents Noise, ou le dub maladif, rampant, de Strange Hours valident un caractère toujours inventif, brillant, pénétrant. Des morceaux de bravoure tels que Citizen et Pompeii rouvrent les plaies du Hardcore, par cette voix mi-hurlée mi-scandée, tandis que le tempo s’accélère avec Closer dans lequel se fondent des parties progressives sans que ça ne jure d’aucune façon avec le reste. Le titre éponyme fera quant à lui office de passerelle binaire parcourue d’une six-cordes épileptique, vers un Cut and Run au final abrupt mais opportun.

Glassjaw nous prouve que la magie est toujours opérationnelle, quinze ans après le fantastique Worship&Tribute, dans une réjouissante continuité. L’audace stylistique est indemne, voire transcendée par l’expérience engrangée entre temps. Le cœur s’emballe et les écoutes répétées de Material Control sont même susceptibles de faire saigner cet organe vital d’un plaisir voluptueux. Les adeptes historiques ne seront pas dépaysés et en redemanderont, assurément. Quant aux nouvelles oreilles curieuses, elles découvriront un groupe sans âge, indispensable.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.85
Avis 10
metgopsypeth123 February 4, 2018 12:36
Plus simple dans les structures mais toujours aussi riche et fourni. Glassjaw n'a rien perdu de sa superbe et nous balance un album encore une fois différent mais aussi bon que ses 2 illustres prédécesseurs (sans oublier les 2 ep de très grande qualité eux aussi).

Shira, Golgotha et Closer sont magistrales!
17 / 20
Achille January 5, 2018 20:07
En grand fan du groupe je l'attendais avec impatience, mais j'ai du mal à rentrer dedans.



Le son est puissant, la basse bien en avant, ça sonne plus massif mais le chant est moins inspiré et trop en retrait dans le mix. Et manque d'agressivité.



Mais "Shira" est quand même un putain de bon morceau.
14 / 20
kaya January 4, 2018 06:05
Ah le son son est crade mais ça dénote pas dans cet album super barré court mais efficace et il va falloir un paquet d'écoute pour en faire le tour, plein de subtilité !
16 / 20