Même s'il commence à dater, il me semblait intéressant d'attirer l'attention sur Year One, album de Give Up The Ghost, sorti en juin 2004 et sonnant comme une épitaphe puisque coincidant, à quelques jours près, avec la séparation du groupe. Intéressant à plus d'un titre car, outre le fait qu'il soit quasiment passé inaperçu, Year One est l'album quasi posthume d'une formation assez représentative de cette nouvelle génération dorée de Boston (et d'ailleurs) qui a su insuffler au hardcore old school les éléments nécessaires pour le revitaliser (parmi eux The Hope Conspiracy, Most Precious Blood, Terror...).
Year One n'est pas un véritable album puisqu'il réunit sur un même support les deux premiers ep d' American Nightmare (voir bio), le premier éponyme, le second intitulé The Sun Isn't Getting Any Brighter, tous deux enregistrés aux studios Godcity de Salem sous la houlette de Tim Cossar et de Kurt Ballou (Converge). L'association de ces deux skeuds ne pose aucun problème d'homogénéité, le style pratiqué étant sensiblement identique et, si ce n'est la présence des crédits sur le livret, aucun indice ne permet de déceler de différence entre les deux. Nos bostoniens y balancent un punk hardcore old school totalement épuré, où percent les influences notables de Minor Threat ou Sick of it All période Blood, Sweat and No Tears. En résulte un style relativement agressif, hyper énergique avec des morceaux la plupart du temps exécutés sur une rythmique très rapide ("Protest Song n°0", "The Ice Age Is Coming", "There's A Black Hole in The Shadow of the Pru"), dont l'intensité est accentuée par l'enchaînement d'accords très courts. Aussi les temps morts et les baisses de régime sont rares et lorsque c'est le cas ("Hearts"), persiste toujours la basse ou la voix énervée de Wes Eisold.
La tendance s'infléchit pourtant sur les trois derniers morceaux. Enregistrés en 2002 lors d'une prestation à la BBC, on discerne çà et là quelques intrusions émo - les riffs de guitare deviennent plus riches et Eisold ne se contente plus de hurler - sur "Am/Pm" et notamment sur l'excellentissime "Shoplifting in a Ghost Town", tous deux extraits de Background Music,annonçant les prémices d'une nouvelle direction musicale pour Give Up The Ghost, et qui trouvera son aboutissement précoce sur We're Down Till' We're Underground.
Au rayon hommage, Give Up The Ghost se fend de trois reprises dont "It's The Limit" du groupe new yorkais Cro-Mags, extrait du classique Age of Quarrel, et surtout le monstrueux "Kick Out The Jams" du MC5 qui fait considérablement monter la sauce et constitue, à mon sens, l'apothéose de Year One.
Bref, rien à jeter dans ce skeud qui se digère aussi vite qu'il s'ingurgite. Sans être une oeuvre majeure, Year One est l'ultime chapitre d'une histoire que l'on aurait aimé plus longue. Toutefois, il convient de ne rien regretter, le hardcore trouvant ses capacités à se régénérer précisément dans ces carrières intenses et éphémères. Pas mythique ni légendaire donc. Juste indispensable.
A écouter : "Protest Song n