Cosmic Rock a les qualités de ses défauts. Un artwork tracé au stylo bille en coin de table après un repas arrosé et un titre qui ferait presque passer les productions de Yes ou Hawkind pour des happenings avant-gardistes. La chose est claire, Git Some n'a pas voulu s'éterniser sur le décorum ni sur d'obscures raisons cachées aux quatre coins de la galette. Pas de message subliminal donc ni de raison autre que perpétuer le rock n' roll dans toute sa splendeur. De là à dire que Cosmic Rock n'est qu'un alibi pour partir sur les routes s'enquiller des litres de whisky tout en devisant au milieu des brumes cannabiques, il n'y a qu'un pas qu'on peut franchir aisément. A plus forte raison lorsqu'on sait que cinq titres sur onze sont issus du split avec In The Red et de Yes, Have Some ep.
Et après ? Après, c'est tout. On peut gloser à l'infini et faire des procès d'intentions à tire larigot, Git Some s'en contrefout. Et nous aussi. Cosmic Rock pue la bière et le cheveu gras, et ceux qui attendent des sieurs French et Keener une prolongation thérapeutique de l'esprit Planes Mistaken For Stars peuvent continuer à gratter leur eczéma. Certes l'ombre des avions plane toujours, notamment dans ce son de basse rauque et dur, mais celui-ci est mis au profit d'un rock radical et instinctif, empruntant autant à Black Flag qu'à Refused ou Drive Like Jehu. Git Some la joue facile - parfois trop ("Trixy Loves Misty", "Nice Suit") - mais même avec cette facilité parvient quand même à expulser des morceaux de bravoure emplis d'un groove - le timbre et la scanssion hystérique de Lucious Fairchild y sont aussi pour quelque chose - pour lequel la moindre des formations débutantes donnerait un bras ("Fabric Eyes", "Fall from Grace", "Time Bomb").

Cosmic Rock est un album de branleurs. Varié, inégal, fougueux, rageur, composé à la va-vite, il repose sur des acquis que l'on devine énormes mais restant la plupart du temps au stade embryonnaire. Git Some n'a pas envie de s'emmerder et, vu le résultat, ils ont bien raison.