Girl Band

Post-Punk / No Wave

Irlande

The Talkies

2019
Type : Album (LP)
Tracklist
1. Prolix
2 Going Norway
3. Shoulderblades
4. Couch Combover
5. Aibohphobia
6. Salmon Of Knowledge
7. Akineton
8. Amygdela
9. Caveat
10. Laggard
11. Prefab Castle
12. Ereignis

Chronique

par Raikage

L'Irlande n'a-t-elle à offrir au monde que U2 et, pour les plus aventureux, My Bloody Valentine ? Que nenni ! En 2015, Girl Band sortait son premier album chez Rough Trade et, photos promo en sus, nous étions en droit de n'attendre qu'une énième formation d'Indie Rock jouant une musique pépère et plan-plan. Pourtant, c'est un déluge de feedback, de No Wave, de rythmiques martelées sur des cymbales explosées et d'agression que le groupe avait dévoilé. Quatre ans après, le groupe est attendu au tournant d'autant qu'il a gagné un succès d'estime assez impressionnant.

The Talkies s'occupe du cas de la No Wave, Post Punk ou Rock Expérimental, appelez ça comme vous voulez, et le fait régresser à son état premier : l'expérimentation, dilatant d'avantage son propos. Les influences du groupe s'élargissent encore et là où Holding Hands With Jamie se faisait l'héritier de toute une tradition « rock » dans le sens très large du terme, on citera DNA, Sonic Youth ou Talking HeadsThe Talkies va quant à lui chercher du côté d'autres genres. À la manière d'un Public Image Limited qui était allé piocher du côté des musiques jamaïcaines, Girl Band gonfle sa basse (l'incroyable single "Shoulderblades" en témoigne). On songe aussi à la Techno lorsque l'on entend cette guitare qui ressemble parfois à un synthé, à ces répétitions entêtantes et ce son de charleston qui rappelle la TR-808. 

Ainsi, si son prédécesseur ne brillait pas par sa présence de « riffs » à proprement parler, l'auditeur avait tout de même des fondations auxquelles se raccrocher et peu importe que celles-ci fussent jouées à l'aide d'une baguette de batterie sur une guitare ou en jouant d'un bouton sur une pédale d'effet. Ici, on fait perdre ses repères à l'auditeur. Le chant se fait lancinant ou agressif, la guitare apporte une couche mélodique sous-jacente sans pour autant être au centre de la narration au profit de la basse à la manière d'un Big Black ou d'un Godflesh, en tout cas lorsque narration il y a. Car les moments de pure expérimentation, où Girl Band ne s’embarrasse d'aucune structure traditionnelle pour lâcher prise sont nombreux et accentuent d'autant plus cette sensation de perte, de chute, de flottement ou d'immobilité. En réalité, Girl Band a décidé de jouer du Rock Ambient sans abandonner l'utilisation du bruit à la manière de Tim Hecker (le morceau "Akineton" est un bel exemple). 

Girl Band ne renie pas ses influences Punk sur ce nouveau disque mais il les laisse entrevoir moins facilement et moins souvent. Les explosions de rage du premier disque, ces décharges sonores qui pouvaient rivaliser avec Brainbombs et Destruction Unit sont plus rares pour laisser place à une personnalité plus affirmée, plus hybride et plus libre. Car s'il est bien une chose que le groupe a gardé de « l'état d'esprit Punk », si une telle chose existe, c'est la volonté de vouloir expérimenter sans se prendre la tête inutilement dans des structures alambiquées trop longues, trop complexes ou trop « perchées ». The Talkies est un disque intelligent joué avec simplicité et l'un des meilleurs représentants modernes du Post Punk et du Rock Expérimental. 

17

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