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Biographie

Gifts From Enola

Gifts From Enola vient de Virginie. Les américains, quatre amis d'école, citent dans leurs influences des groupes comme Godspeed You! Black Emperor, Mogwai, Explosions In The Sky, Botch, Minus The Bear, Converge, Pink Floyd, Darkest Hour, mais aussi des références littéraires comme Chuck Palahniuk, Irvine Welsh, Charles Bukowski ...
Leur nom vient du bombardier ayant laché la première bombe atomique sur une population civile : l'Enola Gay.

Après une démo le groupe sort son premier album autoproduit, Loyal Eyes Betrayed the Mind, post rock instrumental mêlant divers horizons musicaux avant de s'associer à You.May.Die.In.The.Desert pour un split en 2008.

11 / 20
3 commentaires (11.83/20).
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Gifts From Enola ( 2010 )

On pouvait passer à côté de Gifts From Enola, perdu dans cet océan de PostRock peuplé de Balmorhea, Pelican ou autres Maserati. On aurait pu se dire qu'il ne sert plus à rien d'écouter toute nouvelle sortie de ce mouvement, les pierres angulaires du genre étant disponibles depuis quelques années, que plus rien ne sera intéressant, les prochains disques ne seraient que des "sous" quelque chose. Heureusement, il existe des cas où l'on est content d'avoir tort, comme avec le premier Gifts From Enola en 2007.
Le combo américain avait en effet charmé plus d'une personne avec Loyal Eyes Betrayed The Mind, mais, avec cet éponyme, n'atteindra pas ce degré de qualité, tout en sachant parfois montrer qu'ils en ont encore dans le ventre. Preuve en est avec le second titre Dime And Suture qui, sur un suite de riffs bouclés, fait monter la tension et utilise de nombreux détours pour arriver à l'accalmie finale, passant même par un chant lointain sublimé.
Sur le reste, l'album a le mérite de ne pas chercher à aller au-delà de ces successions de sonorités, se lançant parfois dans des rythmiques plus endiablées pour retomber au final sur ces (trop) longues plages doucereuses. Cette augmentation du tempo se révèle d'ailleurs une bonne bouffée d'air frais sur Gifts From Enola, permettant aux artistes de véritablement se lâcher et être un peu plus imprévisibles. Question technique, il n'y a rien a redire : les musiciens connaissent leur boulot, ont l'air bien rôdés pour tenter de mêler onirisme, voyage émotionnel et tourbillon de notes. L'usage de certains samples, qui n'est pas sans rappeler GY!BE, permet d'accroitre l'efficacité de certains plans (Grime And Glass, Rearview) même si cela n'enlève pas quelques passages fades à l'ensemble (Alagoas, bien trop banal).
C'est d'ailleurs un point qui se révèle l'énorme point noir du disque : trop de passages si convenus, efficaces mais n'allant pas au-delà alors que Gifts From Enola a montré un potentiel pour passer outre cet aspect. Grails y est parvenu avec de l'exotisme, Maserati en misant sur une facette plus furieuse et Pelican en augmentant le volume : Gifts From Enola peine maintenant à remplir 37 minutes avec passion.

S'il ne retournera pas les esprits, ce nouvel opus de Gifts From Enola sait ensorceler sur certaines compos, tirant malheureusement parfois sur la corde jusqu'au bout. Malheureusement pas du niveau de Loyal Eyes Betrayed The Mind, cet éponyme montrera que le talent est encore là, mais risque d'être caché par la prestance de ses aînés et d'une certaine "normalité".

A écouter : Rearview - Dime and Suture
16.5 / 20
1 commentaire (15/20).

Loyal Eyes Betrayed The Mind ( 2007 )

A peine 20 ans, une démo sous le bras et les voilà qui débarquent avec un premier album Loyal Eyes Betrayed the Mind. Gifts From Enola ne s'annonce pas via un coup promo, un label omnipotent ou un buzz myspace; pourtant ces jeunes américains ont le culot de venir chasser sur les terres d'Explosions In The Sky tout en allant faire quelques incursions du côté des pâturages ravagés de Pelican, et ça dans une parfaite discrétion. Ces petits me plaisent déjà...

Vous l'aurez compris, Gifts From Enola donne dans le post rock instrumental ; et celui ci a tendance à être plutôt sombre, froid et bien loin du coté « courant nu dans les fougères » de bon nombre de ses congénères stylistiques. Un peu comme Maserati, dont on ne vous dira jamais assez de bien, ce quatuor s'amuse à jouer aux montagnes russes (émotionnelles); d'une première partie feutrée et douillette éclatera une explosion de décibels. Sans donner dans la surenchère de saturation, façon métal, mais en comblant le silence, avec lequel le groupe joue auparavant, par un mur de notes impressionnant.

Gifts From Enola c'est le calme avant la tempête, le temps suspendu avant l'impact mais aussi le blast dévastateur, l'effroi, l'horreur et la peur. Behind Curtains Closing, le titre d'ouverture image cette antinomie, ce noir / blanc inquiétant et pourtant tellement attirant.

Gifts From Enola nous sert, avec Loyal Eyes Betrayed the Mind, un post rock gavé d'influences bien plus métal (ou plutôt post-core); sans jamais tomber dans la brutalité, le groupe arrive tout de même à faire passer la noirceur et la violence via ses compositions. Les titres des pistes ne peuvent que confirmer cette évidente volonté de lourdeur : We Watched Them Lose Our Minds ("Nous les avons observés perdre nos esprits"), City Lights Scraped The Sky ("Les lumières de ville ont éraflé le ciel"), ...

Avec leur premier album, ces américains ont l'insolence de venir culminer au sommet d'un genre qui s'étoffe, et s'étouffe, de plus en plus. Leur mélange de post rock et d'éléments venus d'horizons plus brutaux fonctionne à merveille. Chance du débutant ou véritable coup de maître à supplanter par la suite? L'avenir nous le dira mais la digestion de ces 9 titres leur laisse grandement le temps de peaufiner le second bombardement.


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A écouter : Si possible.