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Biographie
Ghost Bath est un groupe formé en 2012 par Dennis Mikula (Chant / Guitare / Clavier), Taylor (Batterie), Donovan (Chant / Guitare) et Jaime (Basse). Ils en sont les membres fondateurs et sont toujours présents dans le line-up actuel. Le groupe se proclame originaire de Chine mais est en fait basé dans le Dakota du Nord aux Etats-Unis.
Peu après sa formation, Ghost Bath délivre un premier EP éponyme en 2013 qui sera suivi par leur premier LP en 2014, projet nommé : Funeral. Salué par la critique, leur dernier album sorti en 2015 intitulé Moonlover leur permet d’acquérir un peu plus de visibilité. Le quatuor délivre un Black Metal Dépressif sans équivoque, le tout survolé par le thème de la souffrance et de la solitude.
Si l’on s’en réfère aux dires du quatuor, « Ghost Bath » renvoie au fait de se suicider par la noyade ; la thématique est posée. Cependant, même si leur musique peut sembler très obscure et maussade, elle laisse souvent présager une lueur d’espoir.
A la suite du succès artistique et des louanges que remportait Moonlover, sorti en 2015, les musiciens de Ghost Bath se devaient de prévoir qu’ils seraient attendus au tournant. Sortir un chef d’œuvre peut finalement s’avérer à double-tranchant : la barre haute-placée ne descend d’un cran qu’avec déception. Vous me voyez venir ? Eh bien oui, le groupe de DSBM à l’esthétique chinoise a sorti le mois dernier son nouveau disque Starmourner, pas franchement convaincant.
Trois ans plus tôt, Funeral, par sa fragilité et ses hésitations, inspirait les paysages automnaux tandis que Moonlover, paru en 2015, s'illustrait en recueil glacé de complaintes hivernales. On devait s'en douter, l’arrivée des beaux jours via Starmourner est la suite logique de ces inspirations musicales, et on ne peut reprocher au groupe de s’être essayé à des mélodies que l’on pourrait qualifier de « printanières ». Après tout, cela réussit à beaucoup d’autres alors pourquoi pas eux ? Bien que l’atmosphère de l’album ait initialement été axée sur l’univers et le voyage astral, difficile de s’empêcher au fil des écoutes d’esquisser cette comparaison avec le rythme des saisons, et c’est ici que réside le hic. S’inspirer d’éléments inhabituels demeure une louable volonté, tout comme marquer une rupture avec les albums précédents, mais faire dans la joie et la bonne humeur pour un groupe comme Ghost Bath, ayant dans le passé donné naissance à une exquise perle de lamentation … c’est un bien curieux mélange ...
L’alchimie ne fonctionne plus. Dépourvu de la souffrance telle qu’elle était dépeinte dans Moonlover, on ne reconnaît plus le quatuor d’Outre-Atlantique … Et pas la moindre once de passéisme ne réside dans cette affirmation car l'ensemble est travaillé : Starmourner se dote d’une production propre et léchée, qui confère aux riffs une profondeur toute particulière et une puissance nouvelle. Cette précision dans le mix ne colle plus avec l’étrangeté originelle du chant hurlé et organique à la limite du sanglot propre à Ghost Bath. De l’innovation, pourquoi pas ? Mais mélanger des sentiments aussi diamétralement opposés reste un pari très risqué, qui casse l'homogénéité de l'ensemble. Au-delà d'un sourire forcé, c'est surtout un rictus dépourvu de sens que livre ici Ghost Bath.
On admettra par contre qu’au niveau des interludes, joués au piano ou en arpèges de guitare, la qualité de la composition ne fait que s'accroître - au point qu’on aurait presque préféré un album d’interludes, tiens ! Subsistent également quelques morceaux qui séduisent l’oreille, à l’image de Celestial et de ses montées en puissance épiques frisant le Power Metal ou Luminescence, orné de grâcieux motifs guitaristiques. Hélas, ces quelques atouts sont minoritaires et se révèlent ensevelis dans l'ensemble.
Ghost Bath emmanche avec Starmourner un virage radical au niveau de son identité artistique. Beaucoup plus lumineux et enjoué, l’album déconcerte les amoureux de Moonlover et laisse finalement un arrière-goût d’idées mal organisées et diffuses ainsi que de nombreuses fautes de style ou d’inspiration. Nos dépressifs sont guéris et partent désormais vers un paysage euphorique, sans forcément tendre la main que l’on aimerait saisir.
A écouter : Pour les ex-dépressifs uniquement
Si les thèmes de la souffrance et de la mort constituent sans doute les sujets les moins originaux abordés dans le black dépressif, ils n’en restent pas moins les plus porteurs de sens et conduisent quelquefois à la création d’oeuvres aussi exquises qu’obscures. Telle était la pensée de Baudelaire : la Beauté naît dans les passions condamnables, l’obscurité et le malheur.
Le dernier LP de Ghost Bath, intitulé Moonlover, illustre à merveille cette idée. Le groupe aux origines chinoises nous délivre une pièce hors du commun, d’une indicible noirceur et à la musicalité indiscutable. Dès les premières notes du morceau d’ouverture, l’auditeur est happé vers un voyage émotionnel intense et enveloppant, et, au fur et à mesure de l’album, la musique se révèle à la fois sensible et brutale, calme et torrentielle, apaisée et déchaînée.
Moonlover est l’un de ces disques que l’on pourrait scinder en deux parties distinctes, chacune reflétant l’état d’esprit et l’âme que les musiciens à l’âme tourmentée ont voulu insuffler à leur création. Et si la première moitié se dévoile comme un exutoire de tous les maux, où règne la complainte et le hurlement, la seconde inspire plutôt la résignation et l’entrevue d’une accalmie prochaine.
Golden Number se révèle être la pièce maîtresse, et ce, à juste titre : les riffs s’assimilent à de véritables tourbillons de tristesse dans lesquels le chant, cri strident mêlant le chagrin et l’amertume, sublime l’ensemble et le porte jusqu’au stade d’hymne à la souffrance. Torturé jusqu’au plus profond de lui-même, ce deuxième morceau aux notes de guitares teintées heavy se termine par une partie pianistique raffinée du plus bel effet, à la manière d’un gouffre du souvenir et de la mélancolie.
Aucune minute n’est dénuée de sens, et la musique nous submerge autant qu’elle nous étouffe : Ghost Bath enfonce à chaque nouvelle sonorité le clou rouillé dans notre chair maladive. Mais l’oeuvre ne se noie pas dans le seul louage de la désolation et du supplice, et laisse quelquefois apercevoir la lumière, comme c’est le cas dans le magnifique Happyhouse.
La formation chinoise laisse la part-belle à l’introspection, et l’atmosphère en fin d’écoute amorce un virage significatif quant aux émotions suscitées : les lignes mélodiques semblent apaisées mais n’en demeurent pas moins dévastées. S’ensuit une musique purement instrumentale marquée par un usage particulier de la guitare lead, oscillant entre la réconciliation de l’âme et le déchirement. Cette composition profonde invite à la contemplation, elle-même influencée par les sons naturels tels que les chants d’insectes judicieusement placés dans la première partie du morceau The Silver Flower. Les musiciens se laisseront même influencer par le Post Rock/Psyché sur quelques passages, qui ne sont pas sans rappeler l’ultime et majestueux album de Nachtmystium : The World We Left Behind.
Ce Moonlover est sans conteste l’une des plus belles perles automnales de l’année passé. Un disque quasi-irréprochable tant il respire la sincérité, la pureté et la musicalité. Ghost Bath ira même jusqu’à pousser le bon goût jusqu’à son artwork, sublime et délicat, photographie tirée de la collection de l'artiste guatémaltèque Luiz Gonzales Palma. Un excellent album que l’on ne peut donc que recommander : une exaltation des sens, un voyage introspectif et maladif ainsi que l’expression de passions vives et torturées sont les ingrédients qui en font le succès.
A écouter : La totalité, d'un seul trait
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Ghost Bath
Style : Black Metal Dépressif / Black Metal Atmosphérique
Tags :
Black Metal
Origine : USA
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