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Biographie

Gerda

Alessandro Turci (Chant), Alessio Compagnucci (Basse), Andrea Pasquinelli (Batterie), Roberto Vilotta (Guitare) sont originaires de Jesi en Italie. Ils fondent Gerda et posent les bases de leur identité avec une première démo en 2001. D'entrée de jeu, les transalpins progressent sur des terrains Noise tout en conservant un chant et une énergie littéralement Hardcore avec un premier album en 2005, puis Cosa Dico Quando Non Parlo en 2007. En 2009 et toujours dans une certaine confidentialité, Gerda finalise un troisième album, viscéral autant que bercé par les mélodies insidieuses qui font toute l'originalité du combo. Après un split avec Dead Like Me en 2014, ils explorent d'autres pistes musicales avec l'album Your Sister en 2014.

Me And Gerda Are Both Dead Like You (split avec Dead Like Me) ( 2012 )

Comment ne pas porter une affectation toute particulière à ce groupe de Jesi ? Leur heavy noise hardcore est la contraposée de tout ce qui se fait dans un genre où les jalons ont la peau dure comme l'acier. Ce n'est que pur plaisir de retrouver sur un unique morceau de 9 minutes toute la hargne de Gerda. Forgée à même la lave, leurs superbes mélodies jaillissent littéralement d'une épaisse strate charbonneuse édifié par une basse magmatique et solidifié par une batterie toujours en décalage volontaire. Construit comme un trou noir qui gagne en densité au fil des minutes, "XXXX" est une lente fuite en avant catalysée par un rugissement vocal qui participe pleinement à la descente vers les abîmes. Sans trop de surprises et un peu moins marquant que les véritables sacrifices que sont les titres de III, Gerda s'est concentré sur l'essentiel de sa musique pour éviter le piège d'une démonstration de puissance absconse.

Sur l'autre face c'est une toute autre histoire et une autre école. Originaire de Pau, Dead Like Me est une replongée dans le fleuve agitée de la noise sidérurgique des années 90. Celle tenue par les Spinning Heads, les Tantrum, les Basement (dont Sébastien a tenu ici la basse) et bien d'autres encore comme les américains de Deadguy ou Anodyne pour les relents metal. Ici l'esprit est résolument hardcore mais se retrouve fabuleusement nuancé par un filigrane édifiée de béton et de ferraille. Le chant en français, littéralement monstrueux sans être caricatural, convient parfaitement à la touche industrielle de Dead Like Me et fait pour beaucoup à l'identité du groupe. Davantage qu'un simple flashback, les 3 morceaux sont un torpillage en règle mais qui s'attarde assez sur le fond des choses, notamment sur de superbes passages ralentis ("Chien de Nuit"), pour creuser les chairs de façon durable.

Ce split 12" a été pressé à 500 exemplaires et sort sur une palanquée de label français et italiens dont Left Hand, Swarm Of Nails, Prototype, Not A Pub, Wallace et Shove Records.

17 / 20
1 commentaire (16/20).
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III ( 2009 )

C'est dans l'ombre que Gerda entaille les chairs et écrase de sa semelle boueuse et froide les aspirants noise à la langue toujours collée à la sainte trinité Shellac/Big Black/Rapeman. Gerda c'est autre chose. Ces mecs prennent l'alternative, avancent de l'aval vers l'amont et redonnent du sens aux mots Densité, Intensité et Révolte.

Le grain de leur musique possède cette touche unique, loin des éternels ainés, et la capacité rare d'enfanter de mélodies sous-terraines depuis une source monolithique autant que douloureuse. III propage de l'électricité dans chaque parcelle d'air et de matière, martyrisé par un chant blafard et éruptif qui émerge comme un souffle volcanique. Sous les nuages de cendres, le magma bouillonne et consume, ne laisse aucun répit et ne communique que noirceur, cauchemar et pure passion.
Taillés dans la même roche poisseuse et stratifiée à outrance, les 5 morceaux de ce 3ème album renouvellent le son des italiens à chaque instant. De l'entrée en matière extrême au possible ("1"), balafrée de guitares décharnées et d'une rythmique itérative tout à contretemps, Gerda débouche vers un delta où pointe le lyrisme des mélodies inventives et étincelantes autant qu'imparables ("2", "3"). Deux morceaux pour comprendre que Gerda ne joue pas, que Gerda (sur)vie, les trippes et les crocs à l'air, la rage pendue aux lèvres. Lorsque les gaziers lève un peu le pied, au cœur des 11 minutes de "4", c'est pour ramper dans un marécage souillé par la féraille et pour dispenser une atmosphère crue et maladive - que n'aurait pas reniée Neurosis - percé d'une mélodie sonique et d'une basse qui plombe le tout vers les abimes.

Des tas de groupes ne sont là que pour raconter une histoire. Tourmenté par ses démons, Gerda préfère écrire et hurler la sienne. Une histoire qui avance, qui pour aller d'un point A à un point B ne prend aucun détour ni ne fait machine arrière. Gerda avance, dans l'ombre, Gerda porte sa croix sur des chemins où se croisent barbelés rouillés et ronces épineuses. III est le genre de disque qui marque au fer rouge, tellement vrai et sincère qu'il vampirise l'esprit. Un gros pavé dans la mare et dans la gueule.

A écouter : 2 - 3 - 4