Suite à Cloak of love, premier EP témoin de leur créativité et de leur talent, le trio de Philly s'engouffre dans un premier album s'annonçant comme un des disques les plus passionnants de l'année. Profitant pleinement de l'éclectisme du passé musical du combo, Dead Mountain Mouth fait cohabiter hardcore, electronica et metal pour un résultat violent (évidemment), étonnamment cohérent et surtout spontané. Avec un fan de Skinny Puppy et Kraftwerk, un amateur de post hardcore à la Drive Like Jehu / Fugazi et un dernier plongé dans le grindcore, le hardcore moderne et le black metal, il serait légitime de douter de l'homogénéité du cocktail Genghis Tron, mais ici, il faut bien avouer que le phénomène est intégralement synergique.
Genghis Tron s'adonne viscéralement à son propos et ne se donne aucune limite, en témoigne les structures totalement imprévisibles dont la matière principalement métallique sait parfaitement laisser de l'espace à l'électronique. Genghis Tron mixe ainsi à doses égales des parties grindcore/metal à des passages digitaux basés des samples et une furie CASIO-core. Le trio superpose parfois les 2 aspects ("Chapels"), ou bien s'attarde quelques instants sur des parties purement numériques ("Warm Woods") ou des tirades totalement "jouées", plus traditionnelles ("Greek Beds"). Quoi qu'il en soit, Genghis Tron prône haut et fort son goût pour les blasts rapides, les riffs saignants, les atmosphères pesantes et les Stop and Go ravageurs. Au niveau du chant, on retrouve l'aspect venimeux et félin de Converge période Jane Doe. C'est d'ailleurs Kurt Ballou qui s'est chargé de l'enregistrement du disque, faisant parfaitement ressortir la rugosité et les détails des compositions.
Dead Mountain Mouth regorge de plans catchy, que le groupe se garde bien de ressasser afin de surprendre et rester original sur toute la ligne. A la croisée de groupes déjantés et aussi divers que The Locust, xBxRx, An Albatross, Converge ou Agoraphobic Nosebleed, Genghis Tron impose une image chaotique et moderne, tournée vers l'avenir et refusant de s'embourber dans un quelconque cliché ou dans des influences trop pesantes. En plus, le visuel est juste super classe.
A écouter : Chapels - White Walls - Asleep on the forest floor