Ken Andrews. Nom peu évocateur qui a pourtant une incidence majeure sur la coloration musicale dont jouit ce premier effort. En effet, ce personnage dispose d’un curriculum vitae assez impressionnant, qui l’a vu collaboré avec des artistes tels que Pete Yorn, Failure, Beck, et surtout Copeland, Mae, Sense Field et Jimmy Eat World, certaines ressemblances étant pour le moins troublantes...
Une production très carrée c’est le moins que l’on puisse dire à première écoute; Credential Recordings a vu les choses en grand pour ses nouveaux venus. Pendant qu’Andrews travaillait avec Beck, le quatuor a eu tout le temps qu’il souhaitait pour expérimenter certaines choses, créer des ambiances, et truffer ainsi ses morceaux de bruits enregistrés aux alentours de leur demeure. Un travail que l’on ressent d’emblée à l’écoute de Twilight, les deux premières pistes développant avec minutie un rock atmosphérique, bien que ‘radio-friendly’, que l’on pourrait situer quelque part entre U2 et Switchfoot. Deux références que l’on perçoit d’ailleurs très nettement dans le chant d’Eric Owyoung, quoiqu'un peu plus enclin aux envolées lyriques, style musical oblige. Mais Jonathan Foreman et Bono sont loin d’être les seules sources d’inspiration du leader de Future of Forestry, et de surcroît de son producteur. Lorsqu’il pousse un peu sa voix, Owyoung se rapproche incontestablement du grain de Jonathan Bunch (Sense Field, Further Seems Forever) ; les inconditionnels de How to Start a Fire et Hide Nothing devraient au passage y trouver leur compte. Mais c'est musicalement qu'une des ressemblances est la plus marquante; dès la troisième piste, en l’occurrence "Twilight", impossible de ne pas penser à l'incontournalble Clarity (Jimmy Eat World) : les arpèges langoureux, le clavier sucré, le xylophone candide. 'Vous écoutez : "12.23.95"' ( !?). C’est un peu ça, et cette impression ne fait que s’accroître dès les vocalises d’Owyoung, identiques à…Jim Adkins. Un vrai caméléon, qui enchaîne ensuite avec "Speak to me Gently", véritable plagiat de "Hear You Me" (Bleed American).
Dès lors, l’écoute de l’album devient des plus ardues tant les points de comparaisons ne cessent de s’accumuler. Sans compter cette fâcheuse tendance qu’a le groupe d’étirer ses morceaux. Des titres qui passent que très rarement en dessous de la barre des 4’00, y compris sur la sublime "Sanctitatis" qui aurait pu se contenter des 3’30 habituels, mais qu’ils ont compulsivement décidé de prolonger d’une minute.
En résumé, Twilight se révèle décevant malgré l'entrée en matière prometteuse avec ces petites perles, accrocheuses au possible que sont "Open Wide" et "All I Want", et bien sûr la céleste "Sanctitatis". Appréciable si l'on parvient à passer outre les assimilations récurrentes, et que l'on est patient...vraiment patient.
A écouter : "Sanctitatis"; "Open Wide"; "All I Want"