Considéré à juste titre comme un des meilleurs groupes emocore d’Europe, Funeral For A Friend regarde la décennie 2000 droit dans les yeux depuis sa création et ne sourcille devant aucune prise d’instruments.
En réalité, Funeral For A Friend a longtemps constitué un parfait point d’accès au genre emocore. Crédité de plusieurs ep et albums de qualité (Casually Dressed & Deep in Conversation, Hours), présent au commencement de la vague, les gallois ont toujours possédé cette touche habile qui marie à merveille les assauts du Hardcore et les feellings de l’emotionnal music. Memory and Humanity rappelle et entérine ce constat. Orientant son nouvel effort sur la question des cycles de l’existence (naissance, vie, mort, résurrection ?), FFAF accouche ainsi d’une œuvre personnelle et dépourvue des clichés les plus tenaces.
On me dira, le "core", faut bien le chercher. C’est vrai. Memory and Humanity est bien plus smooth que les anciens sorties du combo. Si on excepte la très early Thricienne "Constant Illuminations", l’album est d’avantage emorock qu’emocore. Faut-il s’en plaindre ? Lors de la première écoute oui. Les 13 titres semblent alors plutôt lisses, sans relief. Quelque chose se passe pourtant avec les suivantes. En dépit de cette volonté de se rapprocher d’un son à la Hundred Reason ("Charlie Don’t Surf") ou à la The Used ("Maybe I Am"), Funeral For A Friend garde une capacité de composition qui lui fait éviter la déroute. Le timbre de Matthew Davies lui offre toujours cette possibilité de monter haut et de donner un écho mélodique unique à ses parties chantées ("To Die Like Mouchette") et le travail des guitares ne baisse jamais le pavillon, donnant à apprécier cette façon si particulière – aiguë, anguleux et constant – de construire ses morceaux ; si bien qu’on se prend au fil du temps à connaître l’album sur le bout des doigts.
Le genre, la prod’, les paroles et le côté poppy de la musique rebuteront les auditeurs les plus co(lé)reux. Difficile de ne pas signaler que ce Memory and Humanity est effectivement principalement un album de ballades - au mieux – légèrement vitaminées. Mais difficile dans ce cas, de taire en contrepartie son efficacité. Les refrains accrochent pour la plupart, la majorité des titres possèdent ce léger charme singulier qui picote sans être racoleur. Et puis cette voix, et puis ces riffs, et puis "Kicking and Screaming".
A écouter : "To Die Like Mouchette", "Kicking and Screaming"