Après deux ans d’attente, les Parisiens de Full Screen nous reviennent avec un album complet de 10 titres. Sans aucun compromis, l’emopunk demeure le credo du combo, même si celui-ci arpente de nouvelles voies musicales.

Ce style, que l’on avait entre aperçu sur leur split CD avec Thirty Six Side, prend ici toute son ampleur. Incisif, à l’image de "Influences", les rythmiques pop punk sont monnaie courante dans leurs compositions, et foisonnent ainsi de multiples accélérations. Riffs accrocheurs et acerbes, refrains entraînants, le tout expédié en 2’25, les aficionados de New Found Glory risquent de rester sur le cul, sachant que la production est bien plus léchée que sur leur précédent EP.

Au vue du temps qui s’est écoulée, il est clair que les membres de Full Screen ne se sont pas contentés de reproduire une schéma qu’ils maîtrisaient d’ores et déjà. Les Parisiens se sont nourris de nombreuses influences, qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à revendiquer (Jimmy Eat World dont une photo est présente dans le livret).

"She’s Gonna Kill Me" introduit le disque de façon percutante,  avec des riffs alarmistes faisant référence à l’excellent "Pieces Mended" de The Used. Le son proposé par Full Screen est bien plus lourd, intégrant par moment une double pédale rageuse, signe de l’influence d’une scène emo/néo métal encore bien vivante.
Le chant n’est pas en reste puisque Luke se retrouve, sur ce morceau du moins, en totale rupture, au bord de l’explosion. Les chœurs rageurs contribuent d’ailleurs à renforcer l’aspect irascible de ces morceaux. Malgré tout, la tendance à répéter certaines fins de phrases est pour le moins exécrable ("Words Of Dream", "The Price To Pay").

Un coup d’essai réussi, mais qui reste teinté d’une certaine amertume quand à l’émotion suscitée par les morceaux plus calmes. Ainsi, "Hard Relationship", même si elle voit la contribution brillante de Chloé, met en évidence une présence trop marquée du chant dans les compositions du quatuor. L’auditeur n’a que très peu le temps d’apprécier les mélodies lancinantes mises en place, ainsi que les ingrédients disséminés dans le morceau (guitare acoustique, piano) ; les voix restent donc trop prédominantes, même si ceci ne gène en rien les morceaux à la robe vindicative.

Au final, Full Screen nous livre une œuvre assez inégale dans l’ensemble. L’album ravira les amateurs de compositions popisantes, et des morceaux « college rock » intégrant quelques éléments emo tel que le font The Ataris. Concernant les morceaux à l’impact plus corrosif, ce qui attendent avec impatience la venue de Finch en France trouveront ici leur bonheur. En revanche les personnes, ayant un affect sensible aux mélopées emo folk/pop, à la fois calme et dense, devront prendre leur mal en patience.

Commençons par Thirty Six Side et ses 2 titres présentés ici.
Tout de suite, on peut remarquer l'évolution plus mâture du son et des compos du groupe par rapport à ses 2 démos précédentes.
Proposant un emo punk qui tire vers l'indie rock, 36 Side a su améliorer et peaufiner ses créations entre chacune de ses sorties...

Avec ce split, la formation fait selon moi son entrée sur une scène plus professionelle, laissant derrière elle les démos approximatives en proposant quelque chose de plus concret et solide.
Versant dans la beauté cristaline et jouant sur une légère réverb', les guitares de Thirty Six Side délient un flot continu apaisant (il en va de même pour la basse au son légèrement flou, ce qui fait son charme...)

Pas vraiment de refrains hyper 'catchy' et surfaits ici, les mélodies sont tendues et agréables.
Même sensations au niveau du chant qui entre en résonnace avec les parties de guitare puisqu'il est clair, posé et reposant. Il "coule" parfaitement, berçant avec succès la musique du combo. Romain prend soin d'introduire quelques variations assez originales et évite ainsi la monotonie. A noter également les jolis choeurs qui ponctuent les différentes parties des morceaux.

Bref, tout ça assez travaillé et fort bien fait, d'autant plus que l'influence des feu-Texas Is The Reason n'est pas bien loin...

Passons maintenant à Full Screen.
Là l'ambiance est plus emo pop punk et le tout plus énergique, vigoureux. Le style n'est donc pas tout à fait le même et on retourne quelques années en arrière quand Blink 182 et New Found Glory faisaient la pluie et le beau temps des charts internationaux...

En revanche, la prod' est ici bien plus approximative, floue, et l'inévitable "son démo" lèse malheureusement le groupe et ses compos 'catchy' qui ne tombent pas dans le piège du gros 'easy listening' pop punk.

Full Screen sonne vrai dans son style emo pop punk. Pour corser un peu le tout, quelques ponts et autres parties agréables qui vous font gentiment bouger la tête viennent s'insérer entre les couplets et refrains, permettant de contourner les lourdes répétitions couplet/refrain.

La voix et le chant ne sont pas débordants d'originalité mais se marient bien avec le style recherché; et il en va de même pour le reste des instruments qui, sans montrer une prestance hors du commun, assurent parfaitement les techniques du style musical (à savoir, principalement, offrir quelque chose de sympathique et pas prise de tête).

Reste à parler de la durée du cd. 14 minutes et 4 morceaux, c'est (très) court donc l'euphorie est malheureusement éphémère!