Biographie

Fuck Buttons

Formé à Bristol en 2004, Fuck Buttons se fait très vite remarquer, notamment de la presse anglaise et de nombreux festivals, par ses prestations scéniques pleines d’énergie percussives et d’évidences électroniques. Avec la sortie de Street Horrrsing, premier album du duo produit par John cummings (Mogwai) et Bob Weston (Shellac), la confirmation ne se fait pas attendre et le disque obtient nombre de titres honorifiques sur l’aspect visionnaire de sa musique, entre Electro-Noise puissante et douceur Post-Rock. Tarot Sport suit en 2009 et emprunte une voie plus évidente, concaténation efficace de titres dancefloor pour amateurs de rock indé.

16.5 / 20
6 commentaires (16.25/20).
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Tarot Sport ( 2009 )

Fuck Buttons mélangeait douceur et agressions sonores, Street Horrrsing était un velours bruitiste provoquant l’introspection lente et quasi post-rock. Tarot Sport est une explosion évidente de ces bases créées. Non pas une explosion entraînant une perte des codes mis en place, mais une explosion au grand jour, comme une révélation soudaine et puissante émergeant des bases précédemment évoquées. Finies les longueurs génératrices d’aura puissante et dont la relation créée était propre à chacun des auditeurs, les titres de ce nouveau disque des anglais mettent en avant l’immédiateté en donnant la part belle à des rythmes electro puissants et virils, qui donnent à Fuck Buttons une évidence imparable, sans pour autant perdre ces amours pour l’agressivité du son. La noise est toujours là, plus perdue, plus insidieuse, plus un soutien que le personnage puissant qu’elle était sur le premier disque du duo anglais, mais elle est là, et donne à Tarot Sport toute sa puissance, grinçant, vibrant, dissonant sur des hymnes dancefloor hypnotiques et faciles. Les mélodies qui se développent sont plus faciles encore, réconfortantes, jouissives et simples, dansantes même, ou plus apaisées, selon les moments mais toujours entrainantes et maintenant en haleine l’auditeur dans des cavalcades réconfortantes. Tarot Sport dégage une impression de chaleur puissante, comme une montée lente d’adrénaline venue du plus profond de soi, comme après quelques verres d’un vieil alcool qui nous désinhibe et nous donne confiance. Les sept mastodontes rythmiques de ce deuxième album lui donnent un dynamisme rare, lorgnant presque du côté de la dream house (Olympians) dopée aux soubassements graveleux bruitistes ou aux dissonances industrielles (Phantom Limbs). Et comme sur Street Horrrsing, Fuck Buttons démontre sa facilité à évoluer insidieusement pour métamorphoser sa musique en combinant une quantité de boucles toujours plus importantes, de glissements sensuels synthétiques d’un son à l’autre donnant une impression de distorsion sonore perpétuelle, comme un shoegaze électronique ouvert d’esprit, sorte d’assemblage entre divers mouvements musicaux parmi les plus pointus et évolués qui soient en cette fin de première décennie du XXI° siècle. Et cette progression spectaculaire d’un opus a l’autre n’est au final pas si surprenante lorsque l’on réfléchit à toutes ces références invoquées sur ces deux premiers disques. Sans tomber dans l’opportunisme, Fuck Buttons a tout du groupe capable d’ingérer nombre d’informations et d’horizons musicaux pour les resservir à sa manière, naturellement et avec une dimension physique. Tarot Sport est un des disques de cette année 2009, plus cultivé encore que son prédécesseur, le reflet de ces années 2000 où la facilité l’emporte finalement, et où même l’expérimentation prend un goût pur et naturel, spontané.

A écouter : Tout � fait.
16 / 20
1 commentaire (16/20).
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Street Horrrsing ( 2008 )

Volutes de fumée s’envolent et se détruisent, la lumière bouge, elle apaise et  éblouit, blanche et douce. Le bruit blanc émane de derrière, des enchevêtrements discrets et douceâtres. Des nappes volumineuses se construisent et donnent de l’ampleur à la beauté simple et candide des premiers contacts avec Fuck Buttons. Street Horrrsing, premier effort du duo anglais, délimite une rencontre entre noise feutrée touche-à -tout et sphères pop délicatement électronisées, le tout en empilements lents en équilibres précaires. Le harsch n’est plus que l’ombre de lui-même et parait des plus décalés des mondes qui l’entourent. Les tintinnabulements gentillets lui font perdre son âme et en font un régal, les mélodies l’arrondissent secrètement, les discrets rythmes martiaux de l’électronique rendent les évolutions drones sexy et  la destruction sonique sincère et naturelle. Le bruit qui s’en suit est sensuel, l’agencement mélodique presque facile au sein de sonorités rugueuses devient un cocon étrange où se confrontent évidence et abstrait, avancées fantomatiques et mutations rassurantes. Street Horrrsing cultive ces paradoxes entre flottement et didactique, non exempt de défauts de jeunesse, transitions parfois abruptes, mélanges douteux, mais bien fin et sincère dans son but global.

Fuck Buttons démontre déjà ici sa faculté à maitriser le temps, le remplir de petits riens volumineux qui gonflent lentement jusqu’à devenir presque désagréables d’un point de vue objectif, mais tellement délicatement amenés qu’ils puissent en subsister non dérangeants et naturels. Malgré quelques signes sous formes de cris dont la forme se retrouve noyée, Street Horrrsing ne comporte nulle trace de personnification, comme un bloc opaque qui flotte lentement dans un espace physique et temporel infini, voguant entre les genres, de l’indus (Ribs Out rappelle plus que fortement le titre d’ouverture du dernier Throbbing Gristle) au dancefloor le plus direct (Bright Tomorrow). Pourtant, ce premier album studio de Fuck Buttons est d’une humanité grande, sa beauté libère de l’espoir, sa simplicité émanant du bruit fleure bon la liberté décomplexée et son message simple – du bruit nait la beauté –offre un optimisme certain et un complet décalage avec les scènes dont il est ici question. Fuck Buttons propose une recette singulière et facilement remarquable dans le vivier anglais avec Street Horrrsing et offre un propos original, riche et emprunt de références révélatrices de culture.

A écouter : Pour sur.