Que l’on soit d’accord, Rounds est un album qui respire la légèreté et le bien être à n’en plus pouvoir. Il est d’ailleurs simple d’imager les sensations qu’il nous offre sur chacun de ses titres. Voyez un peu votre envol, votre survol de la planète sur Hands ; une danse saccadée d’une femme sur la musique d’un cd rayé criant les notes d’un banjo fou avec She moves She ; la pureté incarnée de First Thing, la chose première qu’incarnerait un fragile bébé tendant son petit nez dans notre vaste monde… bercé par la tendresse et la maternité de la harpe de My Angel Rocks Back And Forth ; la folie d’un carrousel dessinant des tourbillons dans les yeux d’un enfant sur Spirit Fingers ; l’escapade vers vos rêves et vos pensées les plus lointaines initiée par la grosse caisse et le piano de Unspoken (pendant pas moins de 10 minutes, alors larguez les amarres et partez !) ; l’aterrissage sur une planète inconnue pendant la courte interlude de Chia ; la débauche de gaieté de As Serious As Your Life pour dandiner d’un pas léger ; le doux confinement de And They All looked Broken Hearted très loin d’une noire déprime mais plutôt proche du sentiment de quiétude que doit ressentir un poisson dans son aquarium et qui, peut être à mon image, frétille de toutes ses écailles ; la suite de votre vol au dessus de la planète assuré sans aterrissage avec Slow jam.
Si je devais vendre Rounds, mon slogan serait quelque chose du genre : il y a ceux qui se paient un voyage dans un pays exotique, et il y a ceux qui voyagent sur Rounds. Cet album brille de mille feux, se boit à la louche dans toute une logique de continuité que nous impose l’ordre de ses titres (il faudrait être fou pour la briser !). Calme, douceur, pureté, repos, sérénité, bien être, je ne saurai trouver meilleurs mots pour vous le décrire. Un album en proie à l’évasion et qui s’écoute en toutes circonstances : de façon studieuse et approfondie comme je me dois de le faire pour cette chronique ou bien en toile de fond comme vous regarderiez un oiseau prendre son envol d’un œil distrait. Quoi qu’il en soit, je défends quiconque de croire que je vous décris là un album de pleurnicheurs ou de fillettes, mais plutôt un album de bien être qui permet d’être bien dans ses chaussettes.
A écouter : She moves she, Unspoken, And they all looked broken hearted