Biographie

Forest Swords

On en sait finalement peu sur Forest Swords, apparu sur la scène Electro en Angleterre en 2010. Quelques certitudes, cependant :
- Derrière ce pseudonyme se cache un jeune producteur, Matthew Barnes
- Son premier EP, Dagger Paths (2010) a affolé les compteurs critiques, notamment ceux de The Guardian, NME et Pitchfork
- 3 ans de silence n'ont pas entamé l'aura dans laquelle Forest Swords baignait : Engravings (2013) a été salué par une salve de hourras.

Dont acte. 

Chronique

17 / 20
5 commentaires (16.6/20).
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Engravings ( 2013 )

On peut le dire sans crainte, maintenant que Forest Swords a été adoubé par les critiques de la Terre entière : le jeune Matthew Barnes signe sans doute aucun avec Engravings un des albums Electro de l'année. Si ce n'était que cela.

Une guitare noyée dans sa réverbération, dans laquelle se drapent quelques voix déformées au-delà de la communication, un beat Dub temporisateur et le temps qui lentement s'efface: "Ljoss" pose d'emblée les bases du style Forest Swords. Un mélange entre le charnel et l'inquiétant. Des nappes qui collent au corps, un souffle qui enveloppe contre des effets éclatés et des mélodies brumeuses. Il y a peu de points d'accroche sur Engravings, les repères sont volontairement brouillés : l'insécurité règne, elle amène ce qui est imprévisible, met en lumière la vulnérabilité. La réussite de Matthew Barnes, qui fut aussi celle de Ben Frost sur le fabuleux By the Throat (2009), est de maintenir une "at-tension" (sic) permanente pendant 50 minutes en variant ses textures sur chaque titre. Maîtrisant parfaitement les jeux d'ambiances, le producteur parvient à hypnotiser à partir d'un paysage sonore réduit à son strict minimalisme (piano et travail sur les voix sur "Gathering").

La richesse d'Engravings est à chercher dans cet alliage des genres (Electro, Dub, Hip-Hop), déconstruits puis assemblés de nouveau ensemble, pour faire émerger de l'obscurité un son propre, d'une cohérence absolue. Ce sont les rythmes joueurs de "Irby Tremor" qui recouvrent les lignes rondes d'une basse sinueuse. C'est "Onward"' qui éclot peu à peu, terminant sur une envolée synthétique que l'on irait - par contradiction - jusqu'à qualifier de "lumineuse", quand "The Weight on Gold" sonne ensuite, soudain, un crispant repli sur soi. "An Hour" et "Anneka's Battle", semblant plus sereines, distillent un R'n'B classieux - presque rassurant après la traversée angoissante que constitue la première moitié du disque.

Le monde de Forest Swords, éclatant à la lumière sur le morceau de clôture, "Friend, You Will Never Learn" en forme de synthèse libératrice de Engravings, est un monde luxuriant, riches en sonorités et en rythmiques. Paradoxalement, son univers est à la fois profondément marqué par son époque via la présence de textures on ne peut plus actuelles, mais se moque des conventions établies en biaisant leur utilisation pour se les approprier totalement. En abordant chaque morceau indépendamment, on en vient à se retrouver hors du temps.

Constamment là où on ne l'attend pas, ce disque généreux offre volontiers un plaisir désincarné une fois approprié. Revêche à l'écoute, il demande néanmoins une exploration poussée, solitaire et soignée. Un mec avec autant de talent que Matthew Barnes mérite bien ça, qu'importe ce qu'on en dit autour de vous.

A écouter : Comme un incontournable
Forest Swords

Style : Electro/Ambient/Hip-hop
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Origine : Royaume-Uni
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