Biographie

Forbidden Site

Groupe grenoblois désormais séparé, Forbidden Site Sort sa 1ere démo, Renaissances Noires, en 1996. Il ne faudra pas longtemps à cette formation à l'imagerie aristocratique et dandy pour obtenir le statut de groupe culte, des la sortie de leur 1er album. Leur musique est difficile à définir, empruntant à de nombreuses scènes, metal, gothique, rock, pour aboutir à un résultat très personnel.

Grégory Cathérina et Arnault Destal officient désormais au sein du groupe Varsovie.

Chronique

17 / 20
6 commentaires (17.42/20).

Sturm Und Drang ( 1997 )

   Chroniquer un tel album pourrait être très simple. Je pourrais me contenter de lui coller un 18/20 et de résumer mon commentaire à ces deux mots évocateurs: "achetez-le!". Malheureusement, mon boulot de chroniqueur m'oblige à étayer légèrement ma description, pour tenter de convaincre les plus sceptiques d'entre vous.

    Forbidden site est un groupe à part dans le métal hexagonal, car il sépare la population en deux catégories: ceux qui adulent le groupe, maudissant le sort de leur avoir fait découvrir cette perle alors que le groupe est aujourd'hui séparé, et ceux qui naïvement, ignorent tout des grenoblois. (Quoi? j'ai oublié ceux qui n'aiment pas ce disque? hum... ils ne se sont jamais manifesté.. du moins je n'en connais encore aucun...).

Apres une démo très prometteuse mais étrangement passée inaperçue, les quatre génies de Forbidden Site décident de réenregistrer leur meilleurs morceaux, éclipser les moins bons et retravailler les autres, pour aboutir a une 1ere maquette de Sturm Und Drang en quelques mois seulement. Dès sa sortie, l'album devient culte.

Si Forbidden Site marque autant les esprits, c'est avant tout car ils ne se contentent pas de faire du métal. Arborant fièrement la fleur de lys, ils défendent une vision de la musique très artistique, et comme dans chacune de ses formes, l'art est fait pour s'élever (en opposition avec sa vision plus moderne, l'art comme moyen de distraction.). En découle une image délicieusement élitiste, presque hautaine, puisant ses sources dans un courrant littéraire allemand de la fin du XVIIIième siècle, le "sturm und drang" (ou "tempête & efforts" en français), prônant l'originalité et le refus des dogmes actuels.

Et de l'originalité, ils en ont à revendre! Tout au long des 14titres, on est balancés entre un dark-metal énergique, aux ballades acoustiques en passant par des pièces pour piano, chaque chanson ayant son ambiance particulière.

   "Ars Gallica" sert d'introduction à l'album. Les paroles sont tirées d'un poème de Victor Hugo, servit par une musique lyrique et épique, où les guitares font vite leur apparition, s'inspirant directement d'une comptine populaire ("La marche des rois", vous allez voir, vous allez reconnaître). Des coeurs féminins récitent des textes patriotiques, et bien que n'ayant jamais été animé d'un quelconque sentiment de fierté nationale, j'avoue ressentir une grande suffisance à l'écoute de ce titre gracieux.

   Les hostilités commencent réellement à partir du 2ième titre, dark-metal puissant où le travail instrumental est remarquable. La batterie et les guitares ont été mixées en avant, très nettement, avec une production particulièrement propre, avec en fond sonore des gémissements féminins plus que troublants (quoique le terme le plus approprié serait plus 'jouissances').

   A vrai dire, c'est la clarté du son qui m'a marqué aux 1ères écoutes. On est ici a des années lumières des productions raw black aux guitares ultra saturées et au son de batterie étouffé.

La richesse de chaque morceaux est soutenue par des vocaux alternés, tantôt criés, pouvant être rapprochés d'un chant black metal (on est tout de même loin de l'extrémisme vocal d'un Pest ou Dead), et d'autres chantés en voix claire, voire récités par moments. Romarik chante en trois langues, l'anglais, le latin et surtout le français, utilisé de manière très naturelle selon le groupe, refusant de se cloisonner dans une seule langues étrangère.

    Si la base musicale est résolument métal (allant du black pour "Dark Embrace", au relents doomesques pour "Aurelia"), le groupe ne se contente pas de si peu, et ouvre ses compositions à des horizons aussi divers qu'inspirés. L'utilisation de break lyrique, coeurs féminins ou poèmes classiques et récurrente ( "Et nox est facta" de Hugo y est récité d'une manière théâtrale et grandiloquente, si bien qu'on aurait du mal à y reconnaître l'auteur des Misérables...).

Décadence et richesse sembles les maitre-mots, et confèrent au disque une aura très torturée, proche par moment des travaux d'Untoten. Jamais la technique n'éclipse l'émotion, le groupe essayant 'juste' se faire passer des sentiments à la beauté noire et décadente 'n'est-ce pas la définition du gothisme?), transportant l'auditeur dans un monde à la fois épique et onirique. Les grenoblois ont délibérément choisis de ne pas éviter les clichés du genre, mais pas une fois ne tombent dans le ridicule ou le déjà vu, faisant rimer 'tombe' et 'ombre' avec une classe à en faire palir Peter Murphy lui-même.

Vampirisme, romantisme et sexe y sont bien sur très présents dans la plus pure tradition gothique, dans des orchestrations inspirées de musique classique, ne suivant jamais un seul chemin, préférant synthétiser toutes les influences musicales et artistiques chères au groupe, dans un idéal de cohésion plus qu'ambitieux.

Cependant, il serait faux de penser que ces français intellectualisent à outrance leur musique au détriment des émotions ou de la musicalité, car s'il y a bien une priorité dans leur travail, c'est l'excellence et le rendu global, cohésif et varié.

Forbidden Site marquera irrémédiablement son époque avec Sturm Und Drang, qui plaira autant aux métalleux 'traditionnels' qu'aux amateurs de musique gothique, recherchant l'évasion et la différence.

A écouter : Ars Gallica, Dark embrace
Forbidden Site

Style : Dark Metal
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Origine : France
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