Fiona Apple
Indie Pop

Fetch The Bolt Cutters
01. I Want You To Love Me
02. Shameika
03. Fetch The Bolt Cutters
04. Under The Table
05. Relay
06. Rack Of His
07. Newspaper
08. Ladies
09.Heavy Balloon
10. Cosmonauts
11. For Her
12. Drumset
13. On I Go
Chronique
Cela faisait huit ans que Fiona Apple n’avait pas sorti de disque et quand, en plein milieu du précédent confinement, Fetch The Bolt Cutters a déboulé d’un peu nulle part, je ne sais pas si beaucoup de gens attendaient ça comme l’événement majeur qu’il est en définitive. Exploration d’un disque-monde.
Quand I Want You To Love Me lance le programme avec sa rythmique cassée et ses notes de piano cristallines, le décor est planté : mélodie et étrangeté, beauté et complexité. Shameika continue sur cette lancée, à cheval entre une pop simpliste et quelque chose d’un peu ébréché, pouvant imploser à tout moment pour laisser la folie se répandre. Dans ce Labyrinthe, la voix de Fiona Apple pourra vous servir de fil d’Ariane, pour ne jamais perdre tout à fait de vue que l’important ici est tout ce qu’elle a à nous raconter, blessures et colères, combats et affirmation de soi. La recherche rythmique, les arrangements de percussions l’accompagnant comme une ombre.
Quand sa voix ouvre Ladies, on entre dans le pic d’intensité de l’album. Les textes, ici comme partout, sont une mise à nu : "Ruminations on the looming effect And the parallax view, and the figure And the form, and the revolving door that keeps Turning out more and more Good women like you Yet another woman, to whom I won't get through." Suivent Heavy Balloon, sa fausse rythmique R’n’B et sa véritable grâce mélodique, sorte de gospel faisant mouche instantanément. Et enfin Cosmonauts, morceau le plus immédiat de l'album, sorte de petit miracle d’émotion, qui monte gentiment jusqu’au refrain pour mieux nous éblouir de ses voix entremêlées.
Et si, sans le moindre tapage ou effet d’annonce, Fiona Apple venait ici de nous offrir le disque de pop expérimentale parfait, tout à la fois direct et accessible mais aussi, quand on prend le temps de s’y attarder, immensément profond, sombre et cathartique. L’exploit de sonner si évident tout en étant si tortueux et complexe, nous ramène aux grandes heures de Kate Bush, quand, dans les années 80, elle mariait comme personne expérimentation et exigence avec succès populaire. Et si on avait là, sans tambour ni trompette, sa plus digne héritière ? En tout cas, Fetch The Bolt Cutters est une réussite totale et un disque dans lequel il est passionnant de se perdre et d’apprendre à se retrouver.
Extraordinary Machine à la sauce Idler Wheel dans un film de Michel Gondry et ça donne un album assez improbable.