Un album qui aurait pu ne pas paraître et ç'eût été bien dommage, dans la lignée du précédent. Un plaisir à voir sur scène où ce petit bout de femme timide nous étonne en déployant toute son énergie à travers son piano et son chant.
Fiona Apple
Indie Pop

Extraordinary Machine
Chronique
La genèse de Extraordinary Machine a été pour le moins compliquée. Annoncé terminé en 2003, l'album est rejeté par l'exécutif de Sony Music qui juge son potentiel commercial insuffisant. Ce retard suscite l'impatience des fans, qui à l'initiative de l'un d'eux, se fédèrent pour faire pression sur la maison de disque via le mouvement FreeFiona (site ici). Par la suite, des fuites font apparaitre deux morceaux sur la toile, avant que fin 2004, l'album complet, produit comme le précédent When The Pawn par Jon Brion, ne se retrouve en téléchargement un peu partout. Avec un son au délicieux cachet intemporel, le disque est accueilli très favorablement par les fans hardcore, comme par une grande partie de la presse qui s'y intéresse, le NY Times le jugeant "innovant, brillant et expérimental" notamment. C'est alors qu'un coup de théâtre prend tout le monde par surprise. La chanteuse a réenregistré 9 chansons avec les producteurs Mike Elizondo (Dr Dre) et Brian Kehew, ainsi qu'un inédit, ne conservant "intactes" que deux chansons de la version bootleg de son 3ème album. C'est ce disque qui est ici chroniqué. Comme nous allons le voir, il a subi un lifting, et par bonheur conservé un charme certain, quoique s'appuyant sur des atours relativement différents. En tous les cas, les fans les plus endurcis n'ont pas fini de débattre de quelle Extraordinary Machine est la meilleure tout en se réjouissant de pouvoir entendre deux versions aussi réussies du même opus.
Extraordinary Machine version 2005 s'ouvre sur le morceau-titre, inchangé, petit bijou au rythme sautillant des cordes, fourmillant de trouvailles au gré de vents et de percussions légères, et nanti d'un délicieux refrain "Be kind to me or treat me mean I make the most of it I'm an extraordinary machine". Les morceaux suivants montrent tout le travail de réarrangement habile de ce nouvel opus. Le son du piano de Fiona Apple est ainsi à présent au centre de compositions plus cinglantes telles que Get Him Back et Better Version Of Me qui perdent en côté poppy et charmeur ce qu'elles gagnent en déchirure. Séparée en 2001 de son boyfriend P.T. Anderson, la jeune femme ne cache pas ses fêlures dans ses textes toujours aussi intimes, comme sur l'inédit Parting Gift, simplissime avec son duo piano voix, mais ô combien habité et amer comme ses paroles terribles d'amour bafoué, "you looked as sincere as a dog Just as sincere as a dog does, When it's the food on your lips with which it's in love". Le single Oh Sailor est toujours cette rengaine entêtante, mais bénéficie d'un mixage plus moderne, avec un sond plus rond et une fin très réussie qui fait la part belle à des choeurs en une jolie note d'harmonie. La surprise de cette première partie du disque, c'est Tymps, précédemment connue sous le nom de Used To Love Him, qui s'enrichit d'arrangements faits de boucles, batterie et guitares dessinant un paysage moderne, sans pour autant que la chanson perde son caractère.
La suite est particulièrement contrastée et d'une qualité qui renverra bien des jeunes chanteuses à leurs études, un exemple au hasard, Norah Jones. Window et Oh Well déploient une majesté nouvelle, avec l'apport de cuivres notamment, et promènent leurs sombres paroles désenchantées comme sur le refrain de la première "Better that I break the window Than him or her or me" et "What wasted unconditional love On somebody Who doesn't believe in this life" sur la seconde. Please, Please, Please prend une tonalité pop rock sans tomber dans la banalité et signe le manifeste de ce disque né dans la douleur avec les paroles du pont en forme de coups de griffes "Give me something familiar Somethin' similar To what we know already That will keep us steady Steady, steady Steady going nowhere" qui singent les maisons de disques et leurs "artistes" manquant d'imagination, tandis que Fiona parade avec ce petit "My method is uncertain It's a mess but it's working" empreint d'autodérision. Et comment lui donner tort à l'écoute de cette autre superbe chanson, Red, Red, Red, dépouillée de tout artifice, ralentie et assombrie. Déshabillée de ses cordes originelles, Not About Love l'est aussi, devenant ainsi plus agressive dans ses décrochages électrisés et ses ruptures de rythme plutôt réussies. Extraordinary Machine se conclue sur l'autre chanson demeurée intacte, l'entraînante Waltz et son tourbillon de notes de piano, de cordes en esquisses, mais aussi de superbes passages de cuivres qui invitent à la légèreté. "If you don't have a song To sing you're okay You know how to get along", on ne peut pas mieux résumer.
Finalement, cette version officielle de Extraordinary Machine joue moins sur les cordes et les sonorités étranges et délicieusement old-fashioned que sa devancière, mais parvient à surprendre par ses orientations contrastées. Point de mixture indigeste ici, mais un piano tantôt caressant, tantôt clinquant, des guitares légères ou incisives jouant sur des motifs musicaux bien plus que sur des riffs, et des arrangements à la modernité discrète, qui se consacrent surtout aux rythmes, moins fluides, plus en rupture. Ces choix gardent une vraie cohérence avec les paroles amères et pleines de déception et de colère rentrée de Fiona Apple, qui à 28 ans, et après bien des épreuves, fait ici étalage d'une belle maturité artistique.
Pour écouter deux titres de l'album, c'est là.
Les critiques des lecteurs
Un album qui aurait pu ne pas paraître et ç'eût été bien dommage, dans la lignée du précédent. Un plaisir à voir sur scène où ce petit bout de femme timide nous étonne en déployant toute son énergie à travers son piano et son chant.
Trop *in luvyluv* de fionaapple stoo
ET ben je l'aurai attendu cet album!!! et je suis bien content de ne pas avoir attendu pour rien! Fiona Apple nous a encore sorti un ptit bijou de derrière les fagots! toujours autant de charme dans sa voix, dans ses textes et surtout dans ses compositions, une artiste de génie qui n'en fini pas de m'étonner au fil de ses albums, une merveille! La grande Fiona Apple reste et restera mon artiste féminine préférée!!!
Album mainte fois reporté Extraordinary Machine est finalement sorti et c'est plutôt pas mal même si la version définitive n'a plus grand chose à voir avec celle que voulait sortir Fiona. Dans la veine du précédent avec les élément qui ont été lissé par la prod et qui faisaient toute la différence sur WTP. Un bon album.
En espérant que le prochain à quelque chose près aussi en retard que celui ci permettra à Fiona de nouveau de s'exprimer pleinement !