Après la débâcle Minimum Serious et l'essai timide de leurs compères de Side Issue, c'est au tour des sudistes de Fickle de s'adonner au pop punk chanté en français. Sur une bonne moitié de ID, le (désormais) quintet franchit le pas (en avant selon certains, en arrière pour d'autres) et s'ouvre à son tour à la critique acerbe tout en s'ouvrant des portes.
Ce qui est certain, c'est qu'au niveau de la composition et de l'exécution, Fickle a pris beaucoup d'assurance et a effacé les approximations encore présentes sur Hopeless Utopians. Ce qui est moins sûr, c'est que le groupe ait définitivement trouvé sa voie; car si sur cet album le fil directeur est définitivement pop punk, au final on y chante aussi bien en français qu'en anglais (parfois les deux dans un même titre), on trouve une ou deux plages plus punk rock ("Au nom du progrès", "Secret Garden"), des passages plus musclés à grosse voix inspirés d'Avenged Sevenfold ("Pseudo", piste cachée), ou bien encore "Demain", une balade façon nouveau rock français (oserais-je la comparaison à Kyo?), sans compter la dernière piste, acoustique bien entendu.
Vous l'aurez compris ce disque parfois un peu décousu ne plaira pas à tout le monde, et soyons honnêtes, il ravira à n'en pas douter bien plus les auditeurs de Ouï FM ou Le Mouv' que ceux de PunkRadioCast. Ce constat fait, il reste à poser qu'il y a un travail évident derrière cet ID, et en évitant de balancer toujours la même sauce, Fickle s'en sort avec les honneurs dans son genre.
Certes, les sempiternels refrains ultra-accrocheurs (voire fédérateurs) sont bien précédés des petits breaks calmes et doublement popisants ("The Change to Come", "Best Friendz", "Virginia"...) et Fickle ne s'écarte jamais trop des chemins déjà tracés, mais nombre de morceaux se révèlent être sacrément bien ficelés après quelques écoutes, et les moins récalcitrants se prendront peut être au jeu du chant de refrain à tue-tête tant le sens de la mélodie est développé chez les Aixois.
Autre point fort, les spécificités de la langue française chantée (rythme, accentuation) sont habilement prises en compte (chose qui pose généralement problème dans ce style tant influencé par les groupes américains), et les rimes constantes renforcent bien les mélodies. En revanche, ‘Ez’ ne parvient pas vraiment à se défaire de cette intonation à tendance maniérée, si typique des musiques pop et rock françaises, et qui peut être si agaçante. Les sujets abordés ne sont pas franchement novateurs mais ils ont le mérite de ne rabâcher la thématique plage-prout-filles sur aucun des 12 titres, ou presque.
ID est l'album typique autour duquel une prise de parti s’opère: les inconditionnels du easy listening seront immédiatement conquis et cautionneront sans trop se poser de questions, tandis que les durs à cuire s'en donneront à coeur joie dans la surenchère du lynchage en public après 20 secondes d'écoute. Bilan mitigé pour ma part, car au final même si Fickle fait preuve de talent (bien plus que ses compatriotes évoluant dans le même registre) et d'un sens de la mélodie indéniable (encore faut il accepter de se laisser prendre au jeu), l'écoute globale se trouve entachée par ce côté souvent trop poussif et ce chant en français certes travaillé, mais aussi souvent trop affecté. Le bon dosage se situerait-il pour le quintet au niveau des morceaux les moins pop, ceux se rapprochant le plus du punk rock? Cela ne fait aucun doute pour moi.
Ecouter des extraits de "Secret Garden" et "Au nom du progrès" + "Plus le Temps" sur la page Myspace.
A écouter : "Secret Garden" ; "The Change to Come" ; "Au nom du progrès"