Biographie

Fear Falls Burning

Né en Belgique, Fear Falls Burning est l'initiative d'un seul homme bien décidé à apposer profondément  sa pierre à l'édifice des musiques atmosphériques lorgnant vers le drone (Sunn O))), Hyatari). Usant principalement de la guitare à travers distorsions et effets, Fear Falls Burning tente d'élever un mur sonore captivant sans laisser pour compte une harmonie reposant sur des atmosphères et des textures chaudes. Depuis 2005, Fear Falls Burning explore de façon boulimique de multiples sentiers à travers de nombreuses collaborations (Steve Von Till, Nadja ...) et prestations scéniques. Fin 2006, Fear Falls Burning signe chez Conspiracy Records.

14.5 / 20
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Frenzy Of The Absolute ( 2008 )

Fear Falls Burning n'est pas humain. Fear Falls Burning est une machine. En marche. Inépuisable. Creusant sans cesse les bas fonds des fréquences sonores. Inlassablement, dans sa tâche massive et itérative, quelques bras, acquis corps et âme, viennent lui apporter du souffle. Frenzy Of The Absolute accueille ainsi les percussionnistes Magnus Lindberg (Cult Of Luna), Tim Bertilsson (Switchblade), Dave Vanderplas (Rubbish Heap, Ontayso) et le guitariste Johannes Persson (Cult Of Luna) dans l'espoir d'atteindre les tréfonds des abysses.

Plus que jamais Dirk Serries suscite Patience & Attention. Deux vertus nécessaires à une perception sensorielle globale. Yeux clos, on évoquerait presque la naissance d'un 6ème sens débouchant sur une imagination démultipliée et une intuition aiguisée. Il n'en faut pas moins pour accéder au sésame des contrées brumeuses et inhospitalières de Frenzy Of The Absolute. Car, et ce n'est nullement un reproche, le drone ambient clinique et abyssal de Fear Falls Burning n’a strictement rien d’attirant ni d’impressionnant lors des premiers décollages.

Dirk Serries se refuse à céder aux facilités de la saturation permettant d'élever avec aisance les briques d'un mur acoustique. Vu et revu.
Dirk Serries préfère la distorsion temporelle par l'espacement croissant et/ou décroissant des temporisations. Vu et revu mais usité bien peu de fois à bon escient.
 
Ici, les textures se boursouflent par effet de réverbération et s'imprègnent d'un climat glacial et industriel incessamment soutenu par des bruits métalliques, acerbes et paranoïaques : bourdonnement, détonation, grincement, bruissement, murmure puis grondement.  Fear Falls Burning édifie un asile mental de plomb et d'acier sans échappatoire aucune. A petit feu, Frenzy Of The Absolute fait son œuvre, écaille l'émail des dents par son aridité acide, confine de manière obsessionnelle l'esprit en un point et fige le regard sur le néant. Fear Falls Burning érige un triptyque de presque une heure, épousant les parois d'un boyau menant aux entrailles d'une planète monochromatique, obscure et stérile. On termine noyé dans notre propre liquide lymphatique.

Exigeant, de par son aspect ralenti et itératif, Frenzy Of The Absolute est avant tout destiné aux initiés du genre. Le faible tirage (500 exemplaires en 2xLP déjà out of stock) chez Conspiracy Records en témoigne; reste la version digitale qui profite également du bel artwork signé Martina Verhoeven (photo) et Carl Clover (design).

A écouter : Si tu es amateur du genre
16 / 20
1 commentaire (14/20).
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Fear Falls Burning & Nadja ( 2006 )

Sur le papier, la rencontre entre Aidan Baker, Leah Buckareff (Nadja) et Fear Falls Burning a de quoi susciter, à l'instar de la récente collaboration entre Sunn O))) et Boris, un vif intérêt. Opérant chacun dans les brumeux travers du drone et des musiques atmosphériques, ces alchimistes sont diamétralement opposés dans leur façon d'édifier et de projeter leurs vagues sonores. Le drone doom de Nadja, digne héritier de Godflesh et Earth, mise sur une puissante saturation des guitares et sur des textures sombres et écrasantes. L'approche de Fear Falls Burning est plus fine, moins dense et se base sur des atmosphères aériennes, parfois même apaisantes tendant vers une certaine plénitude musicale. Fear Falls Burning & Nadja apparait donc comme une association manichéenne et houleuse tiraillant sans cesse l'esprit entre station en apesanteur et profondeur abyssale. Pour chacun, le risque de perdre son âme, éclipsée par celle d'autrui, est donc d'autant plus grand. Pourtant la réussite est pour ainsi dire totale. L'énergie issue de la fusion des deux "cellules" a donné naissance à une nouvelle entité caractérielle et indépendante conservant la force neurasthénique et rampante de Nadja autant que le souffle chaud et onirique de Fear Falls Burning.
Chacun des 4 morceaux de 15 minutes développe une ambiance propre et personnelle tout en réalisant le pas de transition vers les premières mesures du titre suivant. Il en ressort un bloc monolithique d'un seul tenant dont la couleur change au grès des tempêtes venteuses, des assauts acres et des vagues hypnotiques. L'expérience est réellement psychédélique et se laisser entrainer est comme présenter son âme à vif, en pâture au tourment. L'amalgame de guitares bourdonnantes et d'atmosphères lumineuses déployées en trame de fond fait tout l'intérêt et toute la richesse des compositions savamment dosées. Agressif et suintant de boue, le cerbère nous serre la gorge sans demi mesure mais sait aussi lâcher sa prise laissant place à une faible lueur d'espoir portée par des silences, des samples, des effets (pédales, reverbe) et une batterie discrète.
Très abouti, les 4 titres indissociables de cet album synergique repousse les limites que Nadja et Fear Falls Burning côtoyaient séparément. Majoritairement sombre et pourtant facile d'accès, il constitue une bonne entrée en matière pour quiconque voudrait s'immiscer dans le genre comme une véritable aventure pour les amateurs de drone façon Hyatari et Sunn O))) ou d’expérimentations "guitaristiques" à la manière d'Oren Ambarchi.

Nadja : Site - Page Label.

A écouter : D'un trait