Fear Factory

Indus-metal

États-Unis

Aggression Continuum

2021
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Recode
02. Disruptor
03. Aggression Continuum
04. Purity
05. Fuel Injected Suicide Machine
06. Collapse
07. Manufactured Hope
08. Cognitive Dissonance
09. Monolith
10. End Of Line

Chronique

par Maxwell

Le dixième album de Fear Factory sort dans un contexte délétère, je veux dire par là encore plus que d’habitude venant de la part du groupe qui nous a déjà habitués à de sacrés dramas.  Il y a toujours eu un mésamour entre Dino Cazares et … le reste du groupe dont il ne reste plus que Burton C Bell depuis les départs de Raymond Herrera et Christian Olde Wolbers, partis fonder Arkaea avant de disparaitre dans le néant total. Aggression Continuum alors appelé Regenerate à l’époque a été enregistré en 2017 avec une batterie électronique pas à la hauteur du projet selon tous les protagonistes l’ayant entendu. Ils décident alors de réenregistrer ce qui ne va pas et au final la seule chose qui restera de la session 2017 est le chant. Alors dans des procédures judiciaires, en situation de faillite, et avec son label qui refuse de mettre une rallonge pour faire le mix et le master, le groupe se retrouve dans une situation compliquée. Dino Cazares lance alors une campagne de crowdfunding dans le but de récolter 25 000 $, alors que Burton C. Bell s’y opposait farouchement par idéologie. S’en suivent un rajout de synthés, un mix et un master, ainsi qu’une nouvelle campagne juridique entre les deux accompagnée de règlements de compte par réseaux sociaux interposés, les deux hommes ne s’adressant plus la parole depuis 2018. On connait aujourd’hui l’épilogue, Burton C. Bell quitte Fear Factory en 2020 pour se consacrer à Ascension of the Watchers (qui a déjà plus de succès que n’en a jamais eu Arkaea). Pour boucler la boucle, et ayant les droits de diffusion déjà tacitement concédés en 2017 lors de l’enregistrement du chant, ultime pied de nez pour Dino Cazares qui décide de sortir l’album avec Burton malgré tout. On n’est plus à ça près pour maintenant. Impossible de dire si Aggression Continuum sera le dernier album de Fear Factory ou non, ce sera en tout cas le dernier d’une époque.

Après une intro comme ac, que dire musicalement de ce dixième opus ? Alors, clairement c’est loin d’être le pire de la discographie. Oui, Transgression et Digimortal, je vous regarde avec insistance. Les guitares sont un peu plus basses au niveau de l accordage que d’habitude, ce qui est logique et va avec son époque, le synthé varie beaucoup selon les morceaux et est particulier mais on y reviendra. Pour le reste, c’est du Fear Factory, aucun doute à avoir là-dessus, les mêmes riffs, la même atmosphère d’usine, la même batterie, (au passage, chapeau a Mike Heller d’avoir réussi à se hisser au niveau de Raymond Herrera et Gene Hoglan, excusez du peu) les mêmes samples d’usine sur les couplets qui viennent remplacer la caisse claire, la double pédale en dessin rythmique sur les coups de médiator, et bien évidemment les mêmes envolées lyriques et rageuses au chant.  Le groupe s’est recentré sur ce qu’il sait faire et ne s’aventure pas à tenter la carte de l’innovation. Bien au contraire, mettez au défi vos amis, prenez des morceaux  d’Aggression Continuum au hasard et demandez-leur sur quel album on les retrouve. Ne vous étonnez pas si on vous répond Archetype ou Mechanize.

Mais on ne va pas cracher dans la soupe, personnellement je préfère entendre un énième morceau de Fear Factory plutôt qu’une de leurs nombreuses tentatives ratées. Il faut peut-être y voir la volonté de clore un chapitre sur une bonne note. Après tout, pour un groupe qui fait de la musique industrielle, retrouver toujours le même produit en fin de chaine, ça fait partie du jeu non ? Peut-être même, pour aller plus loin dans le projet, un jour on aura des I.A qui composeront automatiquement des albums de Fear Factory. S’il y a des programmeurs qui nous lisent, proposez le projet à Dino Cazares, pour peu que ça lui rapporte un petit quelque chose il ne dira surement pas non.

Au niveau de l’histoire développée par cet ultime opus, après la mise à jour qu’a apporté Genexus avec son transhumanisme, un schisme s’est produit comme en témoignent les toutes premières paroles de l’album : « The world we know has suffered from the system we once knew. Our values were twisted and defiled by the machine but resistance is growing stronger » et l’album tournera autour de questionnements sur l’ordre établi, l’opposition homme et machine, comment se définissent-ils ? Peut être également un parallèle en filigrane entre ce qu’il se passe au sein du groupe et le développement de leur histoire ; l’allié d’hier qui devient l’ennemi d’aujourd’hui, ne plus faire les mêmes erreurs. L’album s’achève d’ailleurs sur End of Line et sur ces paroles : “I must not fear. Fear is the mind killer. When the fear is gone only I remain”. Prophétique n’est-ce pas ?

Le point d’interrogation que fait se poser Agression Continuum concerne le synthé. Comme évoqué dans l’introduction, le processus d’élaboration de l’album a été quelque peu chaotique, et c’est le synthé qui semble en témoigner. Je n’ai aucune idée de combien de personnes ont mis leurs mains sur un clavier pour cet album mais il doit y en avoir quelques unes tant d’un morceau à l’autre l’instrument est totalement différent dans sa démarche. Parfois on est sur de l’harmonie, parfois du sample, encore une autre fois sur de la mélodie, ou de l’accompagnement, et autant cet instrument peut apporter un plus sur des riffs, autant parfois il peut gâcher carrément le morceau. Sur Recode par exemple, on se serait bien passé des nappes mièvres venant altérer la teneur du morceau. Qui plus est lorsqu’il s’agit du premier titre et qu’il faut faire monter la tension.

Ça aurait été facile de jeter le bébé avec l’eau du bain sur cet album, mais malgré un manque total d’originalité, il demeurera le clou de la collaboration entre Dino et Burton. Y en aura-t-il un prochain ? Difficile à dire, peut être que le sieur Cazares recontactera Tommy Vext, son ancien comparse de Divine Heresy avec qui il s’était également battu pour enregistrer le Fear Factory n° 11, après tout, "les cons ça ose tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait."

15

Les critiques des lecteurs

Moyenne 13.33
Avis 6
Werewolf January 31, 2022 19:56
Ce n'est pas le meilleur album de FF sans doute au vu du caractère chaotique qu'a pu être le process d'ecriture (Burton a définitivement claqué la porte en 2021 mais a quand même posé tous ses vocaux sur les compos).



Cela reste un album de vraiment bonne facture, quelques morceaux moyens dans la deuxième partie de l'album mais les synthés sont bien trouvés et innovation (oui oui), on a un morceau de fin qui n'est pas une longue ballade comme c'était souvent le cas (sauf peut être sur leur meilleur album selon moi dans les années 2010 The Industrialist). On a droit à un vrai morceau long, plutôt sombre qui augure on espère un futur album de (meilleure) qualité.
15 / 20
OlafLemme July 15, 2021 08:47
Pas un "grand" album, mais pour moi le meilleur FF depuis Archetype. Les riffs sont simples mais vraiment efficaces, le synthé apporte parfois un côté épique, parfois un côté kitch (mais dans le bon sens du terme), et outre la "modernité" du son et des rythmes, l’ambiance musicale de l'ensemble me rappelle plus Demanufacture que leurs derniers albums (par ex. Purity, perso en l'écoutant j'entends Replica). Alors oui, on pourrais presque dire qu'ils se parodient eux-mêmes, qu'il y a 0 originalité et 0 prise de risque, mais c'est justement pas ce que j'attends de ce groupe. J'ai l'impression de retrouver le FF que j'ai perdu depuis bieeeeeeen longtemps, et ça c'est cool. Dommage que ce soit également l'album de la rupture, qui semble cette fois bien définitive.
16 / 20
Rocka July 4, 2021 10:54
Pas un mauvais album, mais on sent bien qu'il s'agit d'un album "fan service" pour faire survivre Cazares en attendant, peut etre, la suite. Il n'y a absolument aucune originalité, ni dans le son, ni dans les paroles.

Mechanize était un nouveau retour, The Industrialist inversait intelligemment le rapport moral homme/machine. Genexus était déjà "leger" avec son transhumanisme et Agression suit la même route.

Ca reste sympa, au dessus de beaucoup d'autres groupes. Mais ca n'existe que pour faire patienter et ca s'entend.
13 / 20
comatose42 June 18, 2021 07:33
Franchement pas ouf. Je noterai qu'à part "Fuel Injected Suicide Machine", aucun morceau ne m'a vraiment marqué. Le chant de Burton est particulièrement désagréable sur cet opus et le groupe ne propose rien de plus que du pur Fear Factory sans aucune prise de risque et ça dure depuis Mechanize sorti en 2010...
8 / 20