Father John Misty
Indie Folk

I Love You Honeybear
1) I love you, honeybear
2) Chateau lobby #4 (in c for two virgins)
3) True affection
4) The night josh tillman came to our apt.
5) When you're smiling and astride me
6) Nothing good ever happens at the goddamn thirsty crow
7) Strange encounter
8) The ideal husband
9) Bored in the usa
10) Holy shit
11) I went to the store one day
Chronique
A l'image des sentiments qui ont porté sa conception, il y a une once de grandiloquence qui jaillit au premier contact avec I Love You, Honeybear. Peut-être les collages expiatoires hauts en couleur de sa pochette, ou le flot hyperbolique des lyrics, démesurés dans leur amour puis dans leur rejet, puis dans leur amour, à nouveau. Il y a tout ça dans le nouvel album de Josh Tillman. Tout ça et bien plus encore; la montagne cache un cœur gros comme ça.
Des aveux même de l'ancien Fleet Foxes, I Love You, Honeybear fonctionne comme une catharsis. Un exercice qui vire nécessairement, parfois, au narcissisme mais qui condense fort bien les affres de l'amour déviant où la confiance et le respect mutuel s'effacent devant la jalousie et la volonté de possession. Ecrit en vrac, composé, recomposé sous les émotions, le disque est un témoignage honnête des angoisses de Josh Tillman avec ce que cela sous-entend de déni, de véhémence et d'affabulations. Et si l'on insiste autant sur le fond de l'album, c'est pour mieux en souligner le soigneux travail du compositeur dans sa retranscription musicale qui fait de I Love You, Honeybear un patchwork de couleurs et de tonalités musicales, mélangeant Folk (la très jolie "Holy Shit"), Americana, Blues ou Electro sensuelle ("True Affection"). Qu'il aille chercher les cordes foisonnantes et les chœurs dramatiques ("I Love You, Honeybear"), les cuivres plus festifs façon Calexico ("Chateau Lobby #4 (In C for Two Virgins)") ou les ballades au ton plus confidentiel (superbe "Bored in the USA"), grâce à ses orchestrations millimétrées, Tillman va chaque fois creuser au plus profond de lui pour en faire émerger le plus sincère.
L'imagerie, l'univers même de Father John Misty, a toujours laissé entrevoir, ou franchement dévoilé, un côté religieux. En ce sens, I Love You, Honeybear est un disque plein d'âme, donnant l'impression d'être écrit par un repenti halluciné qui, dans le même temps qu'il concède la fatalité de ce qui lui arrive, l'aliénation totale à l'autre - voire s'y complaît ("When You're Smiling and Astride Me"), ne peut s'empêcher de se flageller et d'invoquer le Pardon suprême. C'est ainsi que le disque, en gardant son côté naïf, inhérent à toute croyance, et une simplicité d'accès qui plaira au plus grand nombre, se révèle sur le vif être l'oeuvre première d'une personne obnubilée et à l'imaginaire fertile.
Après avoir partagé sa dépression post-séparation sur Fear Fun, Tillman partage avec brio sa dépression de couple, mais en choisissant un angle radicalement différent, et avec cette lueur d'amour qui brille au fond de chacun des morceaux. I Love You, Honeybear en fait trop mais c'est sa marque de fabrique, dans les bons moments comme dans les autres.
Il n'y a pas grand chose de très neuf chez Father John Misty, pas mal de ballades assez Pop en somme mais les compos sont plutôt captivantes. Un joli contraste entre spleen et instrus lumineuses et surtout une voix dont je ne me lasse pas.