Far

Emorock

États-Unis

At Night We Live

2010

Chronique

par Falbala

La déception est immense à la première écoute d'At Night We Live, aussi vaste qu'un horizon vide et froid. La deuxième écoute ne vaut pas mieux et je reste sceptique. Far est l'un des "dieux" de mon panthéon musical et Water And Solutions a tourné des centaines et des centaines de fois sur ma platine. Qu'est ce qui ne va pas sur ce nouvel album, qu'est ce qui ne colle pas, qui fait que j'ai l'impression d'écouter un quelconque groupe de rock, d'un bon niveau certes, mais loin d'être transcendant?
J'ai beau connaître Water And Solutions par coeur, j'ai besoin de l'écouter à nouveau pour m'assurer de ne pas avoir rêvé durant toutes ces années. A mon grand soulagement la magie opère comme elle a toujours opérée. Far, fragile et torturé ; chaque chanson comme une confidence ; des riffs et des mélodies graciles ; un sentiment maladif ; un chant magnifiquement frêle et touchant. Far, tendre et sensible, sans jamais se fourvoyer dans les pleurnicheries. Un album sur le fil du rasoir, d'une intensité rare, aux émotions profondes, simple et sincère, poignant comme peu d'oeuvres peuvent l'être.
At Night We Live, troisième écoute, quatrième écoute, cinquième écoute...toujours pas d'accroche et je décortique ce qui me met si mal à l'aise sur cette réalisation.
D'abord il y a cette production, trop lisse, cette surproduction qui rend l'album presque tapageur et qui retire à Far toute sa délicatesse, sa vulnérabilité, malgré un chant toujours aussi divin. Malheureusement, dans ce domaine aussi, l'adjonction trop fréquente d'effets entrave l'épanouissement des émotions. La puissance ne sied pas à Far, elle lui ôte son essence, son originalité, ce pourquoi ce groupe a tant pesé et marqué avec ses pluies d'incertitudes, ses souffles de passions torturées. Il y a dans At Night We Live une sorte de plénitude, de maturité dérangeante (où bien est-ce moi qui n'ai pas grandi?) mais également un manque d'inspiration notoire, car "When I Could See", l'un des titres les plus réussis de l'album n'est qu'une pâle copie de "Man Overboard". Far ressemble désormais à une multitude de groupes dont il a été l'influence première. On trouve quelques refrains catchy, des paroles toujours aussi bien écrites, quelques jolies mélodies, un Jonah au meilleur de sa forme, mais rien qui n'engendre de frissons, si ce n'est l'atmosphère particulière de "The Ghost That Kept On Haunting". Et l'écoute de Water And Solutions n'a fait, cette fois, que réveiller une triste nostalgie. Et je revois Jonah, sous les platanes et les étoiles, seul avec sa guitare, au bord du canal, chantant a capella un magnifique "Mother Mary" pour quelques fans qui étaient restés là. L'âme de Far était là, si proche...elle est si loin sur At Night We Live.

Il m'est agréable d'assister à la reconnaissance de Far, mais At Night We Live est si loin de l'excellence de Water And Solutions que je suis peinée que certains découvrent le groupe par ce biais.

10

Track-list : 01. Deafening ; 02. If You Cared Enough ; 03. When I Could See ; 04. Give Me A reason ; 05. Dear Enemy ; 06. Fight Song # 16,233,241 ; 07. At Night We Live ; 08. Burns ; 09. Better Surrender ; 10. Are You Sure? ; 11. The Ghost That Kept On Haunting ; 12. Pony.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12.25
Avis 2
Senti June 28, 2010 09:32
Quelle désillusion que ce nouvel album de Far. On retrouve tout ce qui faisait l'intérêt du groupe à l'origine de Water & Solutions mais uniquement en filigrane, aseptisé par une production horripilante qui rend le tout terriblement ennuyant. La sensibilité de Far ne fait plus partie du voyage, malgré un Jonah toujours dans le jus.
10 / 20
TonioPizza June 24, 2010 09:40
Far a mangé Coldplay. Bien digéré, cela donne la seconde chanson, If You Cared Enough, terriblement accrocheuse, et le morceau-titre très équilibré. Les éléments se mélangent moins bien par moments : Give Me A Reason, un peu trop évident, ou le final beaucoup trop long pour son propre bien. La production sert d'attelle au jeu de guitare, plus efficace et moins gras, et Far y perdra certainement des fans au passage. C'est pourtant un bon album du combo qui se renouvelle sur chaque album.
14 / 20