Albums du moment
Pochette Chiaroscuro
Pochette Outward Pochette Mutants
Chroniques
Pochette Bleed Out
Pochette The Weight Of The Mask
Pochette Perfect Saviors
Pochette A Dark Euphony Pochette 616

logo Far

Biographie

Far

L'histoire de Far débute en 1992 dans la ville de Sacramento. A l'instar de nombreuses formations, c'est pendant les "années lycée" que Jonah Matranga, Shaun Lopez, John Gutenberger et Chris Robyn décident de monter un groupe. Durant les deux années suivantes, Far écumera les salles de la région californienne afin de se forger une solide réputation. Ce sera chose faite, en compagnie notamment de leurs amis des Deftones ou de Will Haven, groupes émergeants eux aussi au cours de la même période. C'est en 1994 que sort leur premier album intitulé Quick, qui connaitra un succès confortable à l'échelle locale, arrivant même sur les bureaux d'Immortal Records. Bénéficiant désormais d'un appuie institutionnel, leur premier véritable album Tin Cans With Strings To You verra le jour en 1996. 

Mais ce n'est que deux ans plus tard avec Water And Solutions que le groupe obtiendra une reconnaissance de dimension internationale. L'album s'est pourtant conçu et enregistré dans la douleur, en raison des quatre personnalités fortes qui disposaient chacune d'une vision précise de la musique de Far. C'est ce qui aura eu finalement raison du groupe en 1999. Depuis lors, Jonah Matranga a obtenu la place qu'on lui connait au sein de la scène emo/rock avec les projets que sont OneLineDrawing, New End Original (en compagnie d'ex-Texas Is The Reason), ou plus récemment Gratitude. Mais il est également reconnu par ses pairs, en témoigne les nombreuses apparitions ou contributions opérées sur des titres de Deftones, ou encore Thursday. Shaun Lopez fondera de son côté The Revolution Smile, groupe de power pop que certains ont pu voir sur scène en France en première partie de Korn. Quant à Chris et John, ils formeront le groupe Milwaukee. Leurs succès respectifs seront hélas minimes en comparaison du talent de songwriter reconnu unanimement à Matranga.

Après un hiatus de douze ans, Far se reforme pour effectuer quelques concerts sous le pseudo de Hot Little Pony. Le groupe créé également une page Myspace avec la reprise du titre "Pony" de Ginuwine. Devant l'enthousiasme suscité par cette reformation, Far décide d'enregistrer un nouvel album puis signe chez Vagrant Records en mars 2009. At Night We Live, troisième album du groupe, produit par le guitariste Shaun Lopez, sort en mai 2010.
Jonah Matranga - Chant / Guitare
Shaun Lopez - Guitare
John Gutenberger - Basse
Chris Robyn - Batterie

10 / 20
2 commentaires (12.25/20).
logo amazon

At Night We Live ( 2010 )

La déception est immense à la première écoute d'At Night We Live, aussi vaste qu'un horizon vide et froid. La deuxième écoute ne vaut pas mieux et je reste sceptique. Far est l'un des "dieux" de mon panthéon musical et Water And Solutions a tourné des centaines et des centaines de fois sur ma platine. Qu'est ce qui ne va pas sur ce nouvel album, qu'est ce qui ne colle pas, qui fait que j'ai l'impression d'écouter un quelconque groupe de rock, d'un bon niveau certes, mais loin d'être transcendant?
J'ai beau connaître Water And Solutions par coeur, j'ai besoin de l'écouter à nouveau pour m'assurer de ne pas avoir rêvé durant toutes ces années. A mon grand soulagement la magie opère comme elle a toujours opérée. Far, fragile et torturé ; chaque chanson comme une confidence ; des riffs et des mélodies graciles ; un sentiment maladif ; un chant magnifiquement frêle et touchant. Far, tendre et sensible, sans jamais se fourvoyer dans les pleurnicheries. Un album sur le fil du rasoir, d'une intensité rare, aux émotions profondes, simple et sincère, poignant comme peu d'oeuvres peuvent l'être.
At Night We Live, troisième écoute, quatrième écoute, cinquième écoute...toujours pas d'accroche et je décortique ce qui me met si mal à l'aise sur cette réalisation.
D'abord il y a cette production, trop lisse, cette surproduction qui rend l'album presque tapageur et qui retire à Far toute sa délicatesse, sa vulnérabilité, malgré un chant toujours aussi divin. Malheureusement, dans ce domaine aussi, l'adjonction trop fréquente d'effets entrave l'épanouissement des émotions. La puissance ne sied pas à Far, elle lui ôte son essence, son originalité, ce pourquoi ce groupe a tant pesé et marqué avec ses pluies d'incertitudes, ses souffles de passions torturées. Il y a dans At Night We Live une sorte de plénitude, de maturité dérangeante (où bien est-ce moi qui n'ai pas grandi?) mais également un manque d'inspiration notoire, car "When I Could See", l'un des titres les plus réussis de l'album n'est qu'une pâle copie de "Man Overboard". Far ressemble désormais à une multitude de groupes dont il a été l'influence première. On trouve quelques refrains catchy, des paroles toujours aussi bien écrites, quelques jolies mélodies, un Jonah au meilleur de sa forme, mais rien qui n'engendre de frissons, si ce n'est l'atmosphère particulière de "The Ghost That Kept On Haunting". Et l'écoute de Water And Solutions n'a fait, cette fois, que réveiller une triste nostalgie. Et je revois Jonah, sous les platanes et les étoiles, seul avec sa guitare, au bord du canal, chantant a capella un magnifique "Mother Mary" pour quelques fans qui étaient restés là. L'âme de Far était là, si proche...elle est si loin sur At Night We Live.

Il m'est agréable d'assister à la reconnaissance de Far, mais At Night We Live est si loin de l'excellence de Water And Solutions que je suis peinée que certains découvrent le groupe par ce biais.

Track-list : 01. Deafening ; 02. If You Cared Enough ; 03. When I Could See ; 04. Give Me A reason ; 05. Dear Enemy ; 06. Fight Song # 16,233,241 ; 07. At Night We Live ; 08. Burns ; 09. Better Surrender ; 10. Are You Sure? ; 11. The Ghost That Kept On Haunting ; 12. Pony.

A écouter : The Ghost That Kept On Haunting, When I Could See, At Night We Live
16.5 / 20
6 commentaires (17.92/20).
logo amazon

Water & Solutions ( 1998 )

  Après le discret Tin Cans With Strings To You, Far remettait le couvert en cette année 1998 pour ce qui allait alimenter les nombreux articles et discussions de l'époque. Associés injustement à la vague néo métal émergeante en raison des relations amicales entretenues avec les Deftones, mais aussi de sa signature sur Immortal Records (label de Korn et d'Incubus), la musique de Far correspond plutôt à ce que certains définissent par le terme nouvellement crée d'émo à ce moment-là. Le quatuor de Sacramento semble pourtant détaché de tout cela, même embarrassé de cette futile bataille d'étiquettes. Peut-être savaient-ils déjà que ce serait le dernier album du groupe ? Vraisemblablement. Il convient néanmoins de se pencher dès à présent sur ce qui a été probablement l'un des éléments déclencheurs de la scène émo contemporaine, mais également le point de départ de la carrière de son leader.

  Pour bien cerner cet album, il faut préalablement envisager Far comme une formation à multiples facettes stylistiques. Cela peut paraître effrayant de prime abord, mais ce serait méconnaître la facilité déconcertante avec laquelle jongle le groupe. Il y a tout d’abord un aspect "deftonien" indéniable (Burry White, Wear It So Well), même si l’on emploie le terme de passages heavy du bout des lèvres. Il se dégage de ces pistes des sonorités aux confluents du métal, accompagnées de la voix si caractéristique de Matranga. Puis certains titres dévoilent un côté nettement plus rock (Really Here, I Like It, Nestle), facilement attribuable au chanteur/guitariste avec le recul dont on dispose sur ses œuvres. Il en résulte des morceaux plus sereins, dans lesquels les guitares se mettent au service d'un chant plus affirmé et confiant, sans qu’elles perdent pour autant en intensité. A l'image du Chokebore des débuts, ils vont aborder par la suite un registre proche du post-grunge, en témoigne le splendide In 2 Again. De plus, Far revendique ouvertement l'héritage de ses aînés. Ainsi, on ne s'étonnera  pas de retrouver Quicksand cités dans leurs influences à l'écoute de Man Overboard. Ce sont les guitares translucides et le son parasité du titre Another Way Out qui dévoilent un côté indie auquel on ne s'attend guère à l'écoute de Water & Solutions. Il n'en constitue pas moins un moment fort de l'album, alliant un chant frêle et schizophrène à une succession de petites notes, dans l'optique de nous conduire au bout du compte vers un riff hypnotique et distordu.

  Mais Far peut également s'appuyer sur de véritables hits, conjuguant mélodies alambiquées, guitares imparables, et rythmique plombée. Ce sera le cas notamment sur la chanson titre Water & Solutions, la tornade Mother Mary, ou encore le punkisant The System. Ces titres reflètent exactement l'état d'esprit dans lequel se trouvent les quatre de Sacramento, à savoir une plus grande aisance dans leurs compositions. On sent en effet beaucoup moins cet aspect décousu de Tin Cans With Strings To You, au profit d'une plus grande cohérence. Ce sens de la structure dernièrement acquis va s’exprimer jusqu’au terme de l’album, dans le sens où Waiting For Sunday adopte un ton sensiblement optimiste et délicat. Il occupe de fait une place de choix par cette sensation d’ouverture qui en émane, ce qui est le propre d'une conclusion réussie.

  Water & Solutions mérite donc amplement la réputation qu'on lui a attribuée. Ceci s'explique notamment par l'aisance avec laquelle Far change de styles, mais aussi d'ambiances. Cet album cyclothymique d'un titre à l'autre dispose également d'un autre atout en la personne de Jonah Matranga. Son timbre si particulier sait se faire touchant sans pour autant tomber dans le plaintif, et se superpose habilement sans masquer les autres instruments. Un groupe que l'on regrette donc, qui aura peut être été légèrement en avance sur son temps, mais qui laisse au final un album incontournable pour peu que l'on s'intéresse aux différentes étapes historiques du genre.

Télécharger : Mother Mary, Nestle, Man Overboard.

A écouter : Mother Mary, Water & Solutions, Another Way Out