Fange

Sludge / Noise

France

Purge

2016
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Cour Martiale 
02. Mâchefer 
03. Roy-Vermine 
04. Étouffoir 
05. De Guerre Lasse 
06. Girone Della Merda

Chronique

par Pentacle

Fange c'est un peu devenu la dream team du Grand Ouest. Avec les récents changements de line-up, Benjamin (Huata) s'est entouré du batteur Boris (Aeris, L'Effet Défée, Le Dead Projet) a.k.a le mec capable de jouer avec talent à peu près n'importe quel style de musique, et du chanteur Matthias a.k.a ruineur de gorge chez Calvaiire. Autant dire que ce nouveau jet purulent était salement attendu.

Nouvel album donc. Purge qu'il se nomme. Ca va, on reste sur un champs lexical connu. Mais Fange version 2016, c'est aussi une autre manière de sonner, pas radicalement différente de Poisse - on imagine mal les mecs se mettre au Pop Punk - mais une évolution de leur Sludge bouffé et régurgité façon Death suédois / D-Beat. On ne va pas se mentir, c'est pas beaucoup plus malin qu'avant avec un paquet de riffs boucherie, d’écrasement de toms et d'éructations nauséeuses, mais on (res)sent cette envie d'ouvrir à fond les vannes de la crasse et de la bestialité pour se démarquer du tout venant Sludge. On est presque dans l'inhumain à chaque niveau, tant sur la voix de Goliath gavée d'un mélange smecta / gravier, sur l'accordage de caniveau, que dans les rythmiques qui donnent envie de jouer au crash test ta boite crânienne vs. la cloison. Forcément la production monstrueuse, littéralement, étouffée et viciée, comme si les mecs avaient enregistrés avec un sac en plastique sur la tête, ferait passer le dernier Cult Leader pour un disque accessible.

Purge, c'est comme si tu te retrouvais face à Eyehategod qui aurait copulé avec Entombed pour accoucher d'une saloperie difforme, tout boyaux dehors. Cour Martiale en est une de ses pustules, gros glaviot de haine faisandée, suintant de lourdeur débilisante, comme si on avait laissé le truc macérer bien trop longtemps dans le bayou. On y trouve toujours des dissonances (Machefer) qui viennent polluer les pistes, d'avantages orientées vers les larsens que sur les expérimentations et machines de Poisse, mais pas beaucoup plus rassurantes. C'est surtout ce gros côté Rock 'n Roll qui se dégage de l'album comme sur Roy-Vermine par exemple, dans la seconde moitié de Cour Martiale ou dans la dernière charge hyper énervée de Girone Della Merda. Mais celui de riffs pétés, de grognements et de pulsations viscérales, celui qui renifle d'avantage le poivrot beurré à la 8.6 que le jeunot propret qui joue des reprises d'AC/DC dans sa chambre. Dans la forme ralentie, ça donne De Guerre Lasse, sorte de Ramesses tout aussi noir et perfide ou Etouffoir et son final obsédant.

Avec Purge, Fange apporte son idée d'un disque de Sludge. Avec une base commune de lourdeur / méchanceté / saleté, le groupe y traîne son jusqu’au-boutisme, sa passion et ses influences pour en livrer quelque chose de fort et de personnel. Et finalement bien plus intelligent qu'il n'y parait.

15

En écoute intégrale sur bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16
Avis 1