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Biographie
Baptiste Gautier-Lorenzo (Batterie - Brain Pyramid), Benjamin Moreau (Guitare - Huata) et Jean-Baptiste Lévêque (Chant / Noise - Zalhietzli) fondent le trio de Sludge / Noise Fange du côté de Rennes fin 2013. Un premier album, Poisse, sort début 2014 via Basement Apes Industries, Lost Pilgrims Records, Ulterior Records, Gheea Music, Zugzwang Productions et Cold Dark Matter Records. Boris Louvet (Aeris, Le Dead Projet) remplace Baptiste en 2015 à la batterie alors que Matthias Jungbluth (Calvaiire) arrive en temps que second chanteur à la fin d'année. Leur second album, Purge, sort en 2016 chez Throatruiner Records et Lost Pilgrims Records.
Fange c'est un peu devenu la dream team du Grand Ouest. Avec les récents changements de line-up, Benjamin (Huata) s'est entouré du batteur Boris (Aeris, L'Effet Défée, Le Dead Projet) a.k.a le mec capable de jouer avec talent à peu près n'importe quel style de musique, et du chanteur Matthias a.k.a ruineur de gorge chez Calvaiire. Autant dire que ce nouveau jet purulent était salement attendu.
Nouvel album donc. Purge qu'il se nomme. Ca va, on reste sur un champs lexical connu. Mais Fange version 2016, c'est aussi une autre manière de sonner, pas radicalement différente de Poisse - on imagine mal les mecs se mettre au Pop Punk - mais une évolution de leur Sludge bouffé et régurgité façon Death suédois / D-Beat. On ne va pas se mentir, c'est pas beaucoup plus malin qu'avant avec un paquet de riffs boucherie, d’écrasement de toms et d'éructations nauséeuses, mais on (res)sent cette envie d'ouvrir à fond les vannes de la crasse et de la bestialité pour se démarquer du tout venant Sludge. On est presque dans l'inhumain à chaque niveau, tant sur la voix de Goliath gavée d'un mélange smecta / gravier, sur l'accordage de caniveau, que dans les rythmiques qui donnent envie de jouer au crash test ta boite crânienne vs. la cloison. Forcément la production monstrueuse, littéralement, étouffée et viciée, comme si les mecs avaient enregistrés avec un sac en plastique sur la tête, ferait passer le dernier Cult Leader pour un disque accessible.
Purge, c'est comme si tu te retrouvais face à Eyehategod qui aurait copulé avec Entombed pour accoucher d'une saloperie difforme, tout boyaux dehors. Cour Martiale en est une de ses pustules, gros glaviot de haine faisandée, suintant de lourdeur débilisante, comme si on avait laissé le truc macérer bien trop longtemps dans le bayou. On y trouve toujours des dissonances (Machefer) qui viennent polluer les pistes, d'avantages orientées vers les larsens que sur les expérimentations et machines de Poisse, mais pas beaucoup plus rassurantes. C'est surtout ce gros côté Rock 'n Roll qui se dégage de l'album comme sur Roy-Vermine par exemple, dans la seconde moitié de Cour Martiale ou dans la dernière charge hyper énervée de Girone Della Merda. Mais celui de riffs pétés, de grognements et de pulsations viscérales, celui qui renifle d'avantage le poivrot beurré à la 8.6 que le jeunot propret qui joue des reprises d'AC/DC dans sa chambre. Dans la forme ralentie, ça donne De Guerre Lasse, sorte de Ramesses tout aussi noir et perfide ou Etouffoir et son final obsédant.
Avec Purge, Fange apporte son idée d'un disque de Sludge. Avec une base commune de lourdeur / méchanceté / saleté, le groupe y traîne son jusqu’au-boutisme, sa passion et ses influences pour en livrer quelque chose de fort et de personnel. Et finalement bien plus intelligent qu'il n'y parait.
Enfanté par un trio issus des groupes Huata, Brain Pyramid et Zalhietzli qui n'en est pas à ses premiers acouphènes, Poisse sonne exactement comme ce que à quoi l'on pouvait s'attendre venant de leur part et d'un nom pareil.
Un larsens en guise d'ouverture, une lourdeur qui enterre les amplis sous un amas de crasse, les coups incessants pleuvent de tous les côtés sous couvert d'un croassement funèbre. « Sous les sabots et les socs, La terre bave du plomb. Plus rien ne perce le sol. » Y-a t'il vraiment besoin d'en expliquer d'avantage? Comment te dire que la traversée se fera en milieu hostile et que qu'elle s'apparentera plus à un viol auditif quasi permanent dans les graves comme dans les pulsions noise à deux doigts de te rendre fou. Chercher une porte de sortie dans ce bloc de saleté impénétrable et vicieuse semble bien vain et ce n'est pas la fausse pistes des riffs Stoner (Grêle Molle, Lucifour) qui te donneras une impression d'échappatoire. Poisse(ux) et incurable comme une maladie en phase terminale, Fange émiette petit à petit tes espoirs (Cloches Fendues) lacère tout ce qui se trouve à portée dans des accélérations Hardcore carnassières (Amoniac).
Deux choses sont vraiment intéressantes à noter chez Fange. Déjà parce qu'il y a ce son caverneux, sans compromis, surchargé d'une saleté repoussante, mais très bien mixé pour permettre aux instruments d'imposer pleinement leur brutalité gluante que se soit dans les rythmiques bovines, les cordes décrépies, les attaques sourdes des larsens ou même dans cette voix annonciatrice de mauvais augure, qui vomi plus qu'elle ne chante. On y trouve également cette intention de mêler Sludge et Noise comme une seule et même entité, comme un seul but d'un bruit dégueulasse et suintant le malaise, détaché de toute humanité. En résulte ce Poisse, ténébreux, froid et angoissant dont le titre Suaire à la charge finale apocalyptique de lenteur et d'enfouissement colossal est un bon exemple du rendu sonore.
En somme, les amateurs d'Indian, Herder ou Rorcal accepteront bien de se faire flageller la tête basse pendant cette demi-heure de violence et de tension continue. Les âmes sensibles passeront, comme d'habitude, sans problème leur chemin.
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