Comme certains le savent, et le reprochent souvent, quand on en vient à parler de Fairyland, l’allusion à Rhapsody n’est jamais loin. D’ailleurs, le groupe ne se cache pas de la forte influence des maîtres Italiens sur eux et ça se confirme dès l’intro. Bruits d’orage, mélodie féerique, voix grave et discours solennel, chorale puis déboulement du premier morceau sur une mélodie hyper accrocheuse au synthé. Si la cover ne laissait que peu de doute, cette fois c’est certain, on baigne bien dans le kitch et le cliché.
Et c’est parti pour une chevauchée d’une heure à dos de dragon (en papier mâché diront les mauvaises langues…). La dominance et l’omniprésence des claviers créent une sensation de grandeur à couper le souffle et l’efficacité des mélodies s’en échappant fait qu’il n’est pas difficile de se laisser prendre au jeu. Les lignes de chant participent également à l’envoûtement. Les prouesses d’Elisa Martin (ex-vocaliste de Dark Moor) sont parfaitement adaptées à la musique de Fairyland et sont constamment supportées par de puissants chœurs guerriers, renforçant encore plus l’aspect épique du tableau. Profitez-en car la demoiselle ne fait plus partie du projet depuis un moment, ce coffre et ce grain si plaisant font donc partie des fortes particularités de ce premier opus.
Les cordent restent dans un registre speed mélodique de qualité avec bien évidement, à la clé, de jubilants solis. On atteint notamment des sommets lors des épiques duels guitare/synthé. Pompeux aboieront certains, virtuosité clameront d’autres… La batterie elle aussi reste plutôt conventionnelle mais de toute façon on ne lui en demande pas des tonnes vu le style pratiqué, elle se contente de marteler rigoureusement en rythme et de maintenir la double pédale comme il se doit.
Au milieu de cette furieuse mêlé speed sympho viennent se caser quelques moments de répit. « Rebirth », la ballade de l’album, vous fera vous envoler quelques minutes dans le ciel étoilé d’Osyrhia, un moment magique où les arrangements sur les voix prennent toute leur ampleur. On note également un interlude instrumental dans le genre « repos du guerrier » précédant juste la phase finale de l’album, un long morceau titre clôturant l’aventure d’une façon des plus admirable! Finir l’album par un gros pavé… oui, encore Rhapsody ! Mais d’un côté, avec un tel concept, opter pour une structure d’album « conventionnelle » est sûrement le meilleurs choix à faire.
Au final vous l’aurez compris, pas grand-chose à jeter pour les amateurs de metal symphonique bon public. En même temps, difficile de ne pas succomber face à la beauté de cette fresque ! Après faut-il ne pas être trop hermétique aux claviers un peu cheaps et encore, il existe bien plus « too much » dans le genre. Ceux qui ne connaissent pas encore Fairyland et qui s’attendent à une pale copie française de Rhapsody, il est temps de vous rattraper. Phil Giordana possède bien sa patte, son génie, rien n’est honteusement pompé et d’ailleurs l’orientation un peu plus mid-tempo et variée (je n’ose pas le terme « prog ») du second opus nous prouve bien que ce n’est pas le genre à stagner dans son registre. Géniteur de deux joyaux, il n’y a plus qu’à espérer que la troisième pièce maîtresse sera celle d’une reconnaissance à la hauteur du maître !
A écouter : A dos de dragon.