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Biographie
Extreme Noise Terror se forme en janvier 1985 à Ipswich (UK). Son premier concert lui permet de signer tout de suite avec Manic Ears Records chez qui est enregistré le premier disque, un split avec Chaos UK intitulé Radioactive. Peu après sa sortie, Pig Killer (batterie) est remplacé par Mick Harris que l'on retrouvera plus tard chez Napalm Death, Defecation ou Scorn. 1987 est une année charnière pour les Britanniques, le groupe est remarqué par John Peel qui les invite à son show à la BBC. C'est le début d'une grande relation entre le célèbre animateur et le groupe d'Ipswich, ce dernier devenant un habitué de ces prestations radio. Le résultat de la Peel Session voit le jour par Strange Fruit. Mais Extreme Noise Terror n'en a toujours pas terminé avec ses problèmes de batteur. Pour l'enregistrement de A Holocaust In Your Head, son premier album, la formation doit faire face au départ de Harris. C'est désormais Stick, ancien frappeur chez Doom, qui officie derrière les fûts et participe à la première tournée du groupe en Europe et au Japon. Une autre suivra quelques temps plus tard, ENT enregistrant même pour l'occasion un album intitulé Phonofobia. Lors d'un de ses concerts, le groupe attire l'attention de Bill Drummond, qui lui propose d'enregistrer une version de "3Am Eternal" de The KLF, et de jouer live en sa compagnie le jour de Noël à l'émission Top of the Pops. Toutefois, la BBC décide de ne pas diffuser l'enregistrement, provoquant l'ire de Drummond qui boycotte l'émission. Consolation, le titre sort en édition limitée et se voit consacré Single de la semaine par le NME et le Melody Maker. Les deux formations sont sollicitées pour se produire en live aux Brit Awards 92 et enregistrent même un album qui, malheureusement ne verra pas le jour. Extreme Noise Terror continue de tourner entre 1993 et 1994 mais doit affronter de sérieux problèmes de line up. Pig Killer fait son retour, un nouveau bassiste (Lee Barret, ancien de Disgust) et un autre guitariste, Ali, sont intégrés. Le groupe signe alors chez Earache sur lequel sort Retro-Bution en janvier 95, album regroupant de vieux enregistrements. S'ensuit une tournée européenne et nord-américaine après laquelle Was (Cradle of Filth) et Barney (Napalm Death) remplacent respectivement Pig Killer et Phil Vane (chant). Sous cette formation, ils enregistrent Damage 381 sous la direction de Colin Richardson. Mais, peu après, Barney retourne chez Napalm Death, provoquant la réintégration de Phil Vane. Après un hiatus de quelques années, Being&Nothing marque le retour du groupe, suivront différents splits dont un avec les Suédois de Driller Killer, puis c’est un nouvel album qui déboule en 2008 : Law of Retaliation, une compilation en 2009, Back To The Roots. En 2011 l’un des chanteur de la formation, Phil Vane décède à l’âge de 46 ans, Extreme Noise Terror décide néanmoins de continuer l’aventure, ils se produiront en France, au Motocultor Festival en août 2013. En toute fin d’année 2015 sort leur nouvel opus sobrement intitulé Extreme Noise Terror.
Chronique
Culte pour certains, anonyme pour d’autres, Extreme Noise Terror est un groupe qui, l’air de rien, existe depuis maintenant 30 ans. Les années sont passées mais les Britanniques sont encore là pour distiller leur Crust / Metal / Punk et possèdent surtout toujours cette rage envers l’autorité et le capitalisme qu’ils aiment violenter pendant leurs titres courts et intenses. Cette nouvelle réalisation, ENT ne l’a pas baptisé : c’est un album éponyme qu’envoient les gaillards pour hurler leur colère au monde entier.
La carrière des Anglais est bien plus complexe que leur musique, les changements de line-up furent aussi nombreux que les breaks, et nous n’avons jamais réellement su de quoi serait fait leur avenir. Cet opus débarque un peu à l’arrache, sans crier gare, mais ce n’est pas pour autant que nous allons bouder notre plaisir. 13 titres pour un peu de moins de 30 minutes qui décapent sèchement un auditeur qui sait tout de même à quoi s’attendre s’il connaît un minimum le groupe. Chez Extreme Noise Terror, on ne fait pas dans le détail, on va droit à l’essentiel : Après une petite intro qui ressemble à s’y méprendre à une mélodie de Burzum, le fameux Dunkelheit sur Filosofem, c’est l’avalanche avec Punk Rock Patrol. De la violence en veux-tu en voilà, riffing basique sur 2 notes, mélange de growls et hurlements, les présentations sont faites. Les titres s’enchainent rapidement, pas de temps mort, le but étant d’envoyer un maximum de décibels dans une rage qui ne se canalise pas, qui explose au visage. De temps à autre Extreme Noise Terror nuance tout de même un peu son Crust comme sur No One Is Innoncent avec un passage plus down-tempo, écrasant, mais c’est pour mieux repartir. Sheep In Wolf's Clothing, tout autant velléitaire que le reste de l’album, offre un petit lead de basse très sympa qui brise un peu le schéma dont la formation use et abuse un peu trop. La production est dans l’esprit, un peu crade sans pour autant être une vraie cacophonie, tous les instruments se distinguent parfaitement même pendant les nombreuses accélérations qui parfois tournent aux blasts. Un titre se démarque un peu plus du lot, Only In It For The Music Pt. 27, une reprise de Black Putrefaction, groupe de Death Grind obscure sur lequel il est très difficile de trouver des informations. Cependant ENT montre un autre visage avec un Grind qui sent la décomposition à plein nez.
On remarque immédiatement ce côté contestataire et anticapitaliste simplement en jetant un oeil aux noms des pistes : I Like Coca (Outo "I Like Cola"), An Endless Cycle Of Misery, Cash And Trash. Extreme Noise Terror se sert de sa musique pour véhiculer son message et sa haine d’une société qu’il ne trouve pas à son goût. Sans forcément adhérer aux idées du groupe on peut tout même leur reconnaître qu’en trente ans ils n’ont pas changé leur fusil d’épaule.
Cet album éponyme, c’est du Extreme Noise Terror dans le texte et la musique tout simplement, rien d’exceptionnel à signaler mais ça fait toujours du bien de prendre une baffe dans le genre, puis dans le style les titres sont tout de même de grande qualité. C’est très certainement sur scène qu’ils s’apprécieront le mieux et prendront une dimension plus importante.
A écouter : Tout et très fort
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