Culte pour certains, anonyme pour d’autres, Extreme Noise Terror est un groupe qui, l’air de rien, existe depuis maintenant 30 ans. Les années sont passées mais les Britanniques sont encore là pour distiller leur Crust / Metal / Punk et possèdent surtout toujours cette rage envers l’autorité et le capitalisme qu’ils aiment violenter pendant leurs titres courts et intenses. Cette nouvelle réalisation, ENT ne l’a pas baptisé : c’est un album éponyme qu’envoient les gaillards pour hurler leur colère au monde entier.
La carrière des Anglais est bien plus complexe que leur musique, les changements de line-up furent aussi nombreux que les breaks, et nous n’avons jamais réellement su de quoi serait fait leur avenir. Cet opus débarque un peu à l’arrache, sans crier gare, mais ce n’est pas pour autant que nous allons bouder notre plaisir. 13 titres pour un peu de moins de 30 minutes qui décapent sèchement un auditeur qui sait tout de même à quoi s’attendre s’il connaît un minimum le groupe.
Chez Extreme Noise Terror, on ne fait pas dans le détail, on va droit à l’essentiel : Après une petite intro qui ressemble à s’y méprendre à une mélodie de Burzum, le fameux Dunkelheit sur Filosofem, c’est l’avalanche avec Punk Rock Patrol. De la violence en veux-tu en voilà, riffing basique sur 2 notes, mélange de growls et hurlements, les présentations sont faites. Les titres s’enchainent rapidement, pas de temps mort, le but étant d’envoyer un maximum de décibels dans une rage qui ne se canalise pas, qui explose au visage. De temps à autre Extreme Noise Terror nuance tout de même un peu son Crust comme sur No One Is Innoncent avec un passage plus down-tempo, écrasant, mais c’est pour mieux repartir. Sheep In Wolf's Clothing, tout autant velléitaire que le reste de l’album, offre un petit lead de basse très sympa qui brise un peu le schéma dont la formation use et abuse un peu trop. La production est dans l’esprit, un peu crade sans pour autant être une vraie cacophonie, tous les instruments se distinguent parfaitement même pendant les nombreuses accélérations qui parfois tournent aux blasts. Un titre se démarque un peu plus du lot, Only In It For The Music Pt. 27, une reprise de Black Putrefaction, groupe de Death Grind obscure sur lequel il est très difficile de trouver des informations. Cependant ENT montre un autre visage avec un Grind qui sent la décomposition à plein nez.
On remarque immédiatement ce côté contestataire et anticapitaliste simplement en jetant un oeil aux noms des pistes : I Like Coca (Outo "I Like Cola"), An Endless Cycle Of Misery, Cash And Trash. Extreme Noise Terror se sert de sa musique pour véhiculer son message et sa haine d’une société qu’il ne trouve pas à son goût. Sans forcément adhérer aux idées du groupe on peut tout même leur reconnaître qu’en trente ans ils n’ont pas changé leur fusil d’épaule.
Cet album éponyme, c’est du Extreme Noise Terror dans le texte et la musique tout simplement, rien d’exceptionnel à signaler mais ça fait toujours du bien de prendre une baffe dans le genre, puis dans le style les titres sont tout de même de grande qualité. C’est très certainement sur scène qu’ils s’apprécieront le mieux et prendront une dimension plus importante.
A écouter : Tout et très fort