12 titres, 25 minutes, et un thème général parfaitement illustré par le nom de l'album (The Armies Of Bitterness) si on le couple à l'autre titre auquel il fait référence: The Grapes Of Wrath (Les raisins de la colère, livre de John Steinbeck). Presque un concept album si l'en est, dans lequel la colère et l'amertume sont distillés de façon constante. Quoi de plus normal, donc, pour Evolution So Far, que de s'illustrer dans un style punk/hardcore empli d'émotions (et d'humanité oserais-je dire)?
Mais colère et amertume envers quoi? Tout simplement envers le monde qui les entoure et les gens qui le peuplent. De la colonisation à la pollution (et plus généralement l'auto-destruction de la Planète Bleue amenée par la "civilisation"), en passant par la lubie guerrière, le racisme, l'homophobie, le fascisme et toute inhumanité en général, ESF passe en revue les maux du Monde.
Ajoutez à celà des phases mélodiques bien placées, et le quintet italien se présente un peu comme l'archétype du groupe punk/hardcore mélodique, à l'instar, inutile de le cacher plus longtemps, de Strike Anywhere.
Pourtant, chez ces (plus ou moins) jeunes gens de La Spezia, il subsiste des touches d'originalité, et notamment un chant (bien mis en avant) qui emprunte des lignes mélodiques parfois différentes de ce qu'on a l'habitude d'entendre, ainsi qu'un petit côté rock n' roll qui se manifeste de temps en temps (là aussi dans le chant mais surtout via quelques solos endiablés).
Aucun problème non plus au niveau de la puissance: servis par un son intéressant, à savoir agressif sans jamais être brouillon, Evolution So Far jouent vite et déversent leurs tripes, à l'image une fois de plus d'une voix qui oscille constamment entre claire et aussi criée que faire se peut (son côté rocailleux rajoute d'ailleurs une énorme dose de puissance et d'authenticité à l'ensemble).
Bref, sur le papier ESF est un groupe commun alliant la fougue du punk/hardcore à l'émotion des mélodies. Cependant, en prêtant une oreille attentive aux titres de l'opus, on se rend compte que les morceaux (d'une qualité constante) sont bien construits, ficelés, bien exécutés et même souvent plus 'originaux' que ceux des têtes de file du genre. Le mélange hargne/émotion fonctionne à merveille, parfois même avec un petit groove dynamique en bonus. Encore un grand groupe de la scène punk et hardcore européenne malheureusement trop méconnu...
A écouter : "Nothing But the Fall"; "Baghdad Recall"; "Aversion Therapy"; "How It Goes"...