En 2007, A Caress Of The Void marque le retour d’Evoken au premier plan, avec le statut pas forcément évident à gérer de seigneur de la scène Doom Death Metal acquis grâce notamment au monumental Antithesis Of Light, sorti il y a moins de trois ans.
D’entrée le ton est donné : le colossal morceau titre ouvre l’album de manière magistrale où tout l’esprit de l’album est canalisé : Evoken possède toujours sa touche inimitable, son identité musicale toujours aussi marquée que le groupe n’a eu de cesse d’affiner depuis Shades Of Night Descending. Le son est toujours aussi énorme, les guitares et les claviers itératifs sont reconnaissables au premier coup d’oreille (A Caress Of The Void donc, Of Purest Absolution, Astray In Eternal Night, Orogeny...), le growl est toujours aussi surpuissant, la production est encore une fois absolument parfaite… Mais plus que tout, il y a toujours cette fameuse ambiance vraiment indicible, tellement particulière dont seul le groupe a le secret, comme l’écho d’une dimension ineffable où règnent des divinités aux noms imprononçables pour nous les humains… Pour faire simple, imaginer n’importe quel groupe de Doom Death Metal avec une véritable âme, et vous comprendrez. Ainsi on a beau évoluer en terrain connu, se dire que tout de même, Evoken ne se renouvelle pas énormément d’un album l’autre, que les pistes suivent plus ou moins toutes le même schéma, rien n’y fait, la magie noire opère toujours et de quelle façon.
Monolithique et hypnotique, tels sont les mots qui viennent le plus souvent en tête à l’écoute de ce disque. Evoken semble atteindre ici l’apogée de son œuvre musicale, tant ce disque ne souffre d’aucune faiblesse. On reste en effet pantois face à une telle maîtrise de tous les composants qui forment la véritable essence du Doom Death Metal avec un album qui ballade l’auditeur entre désespoir, terreur et haine noire. L’alternance entre passages atmosphériques (Mare Erythraeum) et ambiances plombées typiquement downtempo (Descend The Lifeless Womb) fonctionne à merveille, si bien qu’on se croirait au cœur d’un voyage, une "procession au crépuscule" dont l’intensité irait crescendo jusqu’au monumental Suffer A Martyr’s Trial (Procession At Dusk) de presque un quart d’heure, point culminant et pièce maitresse de l’album qui laisse ensuite la place à Orogeny, double d’A Caress Of The Void, comme si l’on était prisonnier d’un cycle infini... Mais souhaitons-nous vraiment en sortir ?
Toujours est-il que celui qui y parvient ressort meurtri, lessivé, broyé, perdu… mais également grandi d’une aventure aussi furieusement intense, comme un véritable effet cathartique en somme. Mais vous l’aurez compris, il est vraiment difficile de formuler quelque chose qui tienne un tant soit peu la route à propos de cet album axé avant tout sur le ressenti. Chacun y trouvera ce qu’il est venu chercher, ou peut-être pas, car la musique d’Evoken a toujours ce petit quelque chose d’inaccessible, ce caractère éthéré a jamais insaisissable, cet instant de perfection aussi éphémère qu’une caresse du néant...
Ainsi Evoken signe une nouvelle fois une œuvre qui fera date, et ce A Caress Of The Void redonne ses lettres de noblesse à un genre gangrené par des clones de plus en plus nombreux et médiocres. Avec ce disque, voici une nouvelle étape d’une discographie sans faille, Evoken confirme son statut de monarque inébranlable et semble bien parti pour entrer dans la légende.