Every Time I Die

Metalcore

États-Unis

Radical

2021
Type : Album (LP)
Labels : Epitaph Records
Tracklist
01. Dark Distance
02. Sly
03. Planet Shit
04. Post-Boredom
05. A Colossal Wreck
06. Desperate Pleasures
07. All This And War
08. Thing With Feathers
09. Hostile Architecture
10. AWOL
11. The Whip
12. White Void
13. Distress Rehearsal
14. sexsexsex
15. People Verses
16. We Go Together

Chronique

par Tang

Les cinq briscards de Buffalo en ont vu passer depuis les fondations de 1998, avec plus ou moins de réussite après un album d’amorce formidable d’énergie et de jouissives approximations. Malgré quelques passages à vide et des visuels parfois...originaux, Every Time I Die a toujours su proposer des disques sexy, à l’écriture irréprochable et variée, portés par les textes continuellement pertinents de Keith Buckley, aussi bien intimistes, personnels, que plus généralistes. En fait ETID est en phase avec chaque période traversée, tel une éponge le groupe a d’abord absorbé la vague de Hardcore chaotique initiée par Botch et Converge, exposant des titres accidentés, chargés de tripes. Puis le quintette a un peu lissé son propos à partir de Gutter Phenomenon suivi The Big Dirty, très « radio friendly » mais pas très convaincants pour celleux qui trouvaient que l’étalage de viscères leur seyait mieux, du verbe seoir.

New Junk Aesthetic marquait ainsi le retour partiel au sang, à la fureur, tout en ajustant les composantes plus accessibles pour que tout se fonde de manière plus naturelle, et ce fut le cas. Dès lors la troupe a clairement défini ses intentions et n’a de cesse de nous impressionner à chaque itération, maniant avec toujours plus de précision et de fougue une recette qui n’en finit plus de se garnir d’ingrédients savamment intégrés. Metalcore, Rock sudiste, Grunge, Heavy Metal, Thrash Metal sont aujourd’hui autant d’éléments parfaitement assimilés, notamment à travers les performances vocales de Buckley (y a un truc avec ce nom de famille décidément), vertigineuses de maîtrise. Choses confirmées sur le solide Low Teens, produit par le très fameux Will Putney qu’on ne vas plus s’emmerder à présenter, hein. La pandémie a ensuite mis son grain de sel, ce qui a permis au groupe d’étaler la sortie de ses singles entre 2020 et 2021 et de faire monter la sauce sur le long terme grâce à des titres ébouriffants, qu’on a de toute évidence poncé jusqu’à l’os. Le très justement nommé Radical, lui aussi produit par Putney, se dépose enfin, pas tout à fait délicatement, sur nos oreilles le 22 octobre dernier, et il sera très difficile de ne pas y entendre l’album le plus dense et abouti d’ETID, qui arrive encore à nous surprendre et à se maintenir au sommet d’une scène pourtant extrêmement riche en sensations renouvelées.

Les cinquante minutes de Radical nous baladent quelque part entre toutes les périodes et influences du groupe, des débuts « à l’arrache » aux élans Metalcore, en passant par le Rock et le Metal lourds ou les touches Grunge, tout y est magnifié, conservant néanmoins un socle Hardcore vital. On y retrouve une spontanéité presque juvénile associée au bagage technique de musiciens qui déroulent sans jamais faiblir, nulle part. On mesurera l’équilibre de l’ensemble après de multiples écoutes, mais le plaisir est aussi instantané, qu’il s’agisse de Dark Distance suivi du psychotique Sly qui nous prennent direct à revers en invoquant le début actualisé des années 2000 ou d’un We Go Together fédérateur, clôturant l’objet en apothéose. Entre les deux, zéro trou d’air, pas de place pour l’ennui, les corrections s’enchaînent avec souplesse et s’assimilent comme dans du beurre : Post-Boredom met à l’amende tous les clones Metalcore insipides, le monstrueux et sensiblement convergien Desperate Pleasures cause à notre âme et brutalise nos récepteurs jusqu’à activer nos glandes lacrymales de rage, la fausse tranquillité acoustique de Thing With Feathers, dans une veine Rock alternatif  proche des Smashing Pumpkins (en mieux), Buckley nous démontrant une fois de plus la remarquable élasticité de son organe, ou encore le débridé AWOL qu’on peut rapprocher d’At The Drive In dans sa structure.

A ce jeu on pourrait citer chacun des seize titres, qui contiennent tous leurs moments de bravoure, mais ce papier risquerait de se transformer en dissertation, ce qui est déjà un peu le cas, certes. Cela dit on peut se permettre de souligner la présence déterminée de Josh Scogin (ex-The Chariot, '68) sur le démentiel All This And War, d’admirer la basse énorme du limite Metal Prog White Void, comme les prouesses d’un batteur en état de grâce perpétuel, ou de guitares incroyablement volubiles, en mutation permanente, incluant le frénétique et nécessairement orgasmique sexsexsex, ultime définition du Hardcore n’ Roll (ou Rockin’ Hardcore) et le Crossover à tiroirs de Distress Rehearsal.

On l’aura bien pigé Every Time I Die a commis certainement ici son meilleur album. Chaque élément est à sa juste place, l’équilibre est à son paroxysme sans dénaturer une sauvagerie pleinement assumée, entrecoupée de beauté mélodique émotionnellement terrassante, le tout augmenté d’une qualité d’écriture unique dans le périmètre du noyau dur, au sens large. Radical est aussi une œuvre de notre époque sombre, narrant l’impact des évènements extérieurs sur nos mondes intérieurs, nos angoisses, nos addictions, nos culpabilisations, frustrations et impuissances. Un cri du cœur authentique, salvateur, fruit d'une mécanique humaine et collective désormais extraordinairement huilée, précise et spontanée.

17

A écouter : 1

Radicalement disponible via Bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.56
Avis 8
metgopsypeth123 December 7, 2021 11:37
Grosse claque, top de l'année assurément!
18 / 20