On sentait les gars de Buffalo sur une pente ascendante depuis quelques albums, engagée en particulier sur New Junk Aesthetic, après deux sorties en demi-teinte qui pointaient un certain manque d'inspiration. From Parts Unknown, livré il y a maintenant trois ans et produit par l'omnipotent Kurt Ballou, confirmait cette tendance qui alliait plutôt magistralement un retour aux fondamentaux et un caractère Rock n' roll (voire Hard FM) peaufiné, dosé, ouvrant le champ à quelques errements expérimentaux réussis. Mais les excités ricains n'en restent pas là pour ce qui constitue leur huitième long format, le pas si mal nommé Low Teens.
Poussant le bouchon d'une identité retrouvée, ce dernier né interpelle violemment par un rendu au moins aussi incisif que le précédent. Chose qui se vérifie dès ce grain de guitare lancinante à l'entame de Fear and Trembling, suppléé par une batterie bûcheronne, d'une basse plus présente qu'à l'accoutumée, bref un ensemble instrumental qui pète des genoux. Les titres défilent, s'incrustent au passage les parties de chant clair d'un Keith Buckley au sommet de ses capacités (Two Summers, The Coin Has A Say), qui alterne toujours à merveille avec des plans gueulards à se concasser la boite crânienne contre les murs. Notons à ce propos des textes très personnels, évoquant notamment la douleur face à la maladie de proches, ce qui se ressent assez nettement dans l'implication du vocaliste. De là découle toute la sève d'une écriture exemplaire, malmenée toutefois entre étalage de tripes et douceurs mélancoliques relatives, en permanence portée par une débauche d'énergie tout à fait remarquable, bien que décuplée sur scène.
Tandis que Religion of Speed puis 1977 donneront quelques accents Metal à la formule, le Rock sudiste demeure disséminé à travers le Hardcore proéminent de poutres telles que Just As Real But As Brightly Lit, Skin With Out Bones, Map Change qui flirte aussi avec l'Emo, ou It Remembers avec Brendan Urie de Panic! At the Disco en invité. On sera sans doute un peu moins euphoriques concernant Nothing Visible ; Ocean Empty aux faux airs Néo-Metal, où tout n'est pas à jeter aux orties du mauvais goût, quand même.
Avec Low Teens, Every Time I Die poursuit sa reconquête du pouvoir auprès des jeunes (et des moins jeunes) en mariant de manière toujours plus précise, évidente, la mélodie au chaos, sans laisser la fraîcheur renouvelée sur le carreau. Le taf de Will Putney (Body Count, Thy Art Is Murder) aux manettes n'a rien à envier à celui de son prédécesseur, participe de fait à la cohésion d'un album qui souffle dans les bronches autant qu'il émeut par la mélancolie qui le traverse.
Plus je l’écoute plus je l’aime. Le chant incroyable de Keith Buckley, la virtuosité des musiciens (quel batteur au passage!!) et les structures complexes des morceaux. Le son est bien entendu massif et la prod excellente.
Bref, un grand album d’un groupe majeur. Une référence.
Peut-être mon préféré dans leur discographie.